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Juifs et Musulmans de France, qui sont les pyromanes – 1/5 : La fin d’un cycle et d’un mythe – Par Driss Ajbali
L’Heure des Pros sur Cnew, la distillerie du venin
Depuis, le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas sur sol israélien jusque-là considéré comme sanctuarisé, les Musulmans de France mais aussi du Maghreb assistent, chez une partie de la classe politique française, à un défoulement et une libération de la parole sans précédent. Avec des dérapages inouïs, comme ce fut le cas avec le (faux) gentil Enrico Macias qui a appelé à « dégommer » Jean-Luc Mélenchon. Certaines chaines d’info en continu devenues incontinentes développent une ligne plus radicale et plus excessive que la chaine israélienne I24NEWS. Dans un long article que nous publions en cinq parties, Driss Ajbali, essayiste et chroniqueur historique de Quid qui observe, comme un entomologiste, la société française, depuis une trentaine d’année nous livre son analyse de ce qu’il a qualifié de délirium tremens.
Avec la sécurité, le péril démographique constitue l’une des obsessions de l’État d’Israël. En 2005, le désengagement et le démantèlement de toutes les colonies de la bande de Gaza n’était-il pas décidé par Ariel Sharon mû qu’il fut, par des considérations démographiques : Il s’agissait de ne surtout pas mêler, dans les frontières d’Israël, des populations palestiniennes, avec des femmes aux ventres féconds, qui, à terme, pourrait finir par mettre à mal une majorité juive. Pour rappel, c’est au même moment, que fut envisagée la construction d’une « barrière de sécurité ».
L’intrusion du Hamas dans le territoire israélien, le 7 octobre, a donné à voir, dans l’horreur et parfois l’ignoble, la fin d’un cycle qui n’en finira pas de faire son lot de victimes, essentiellement parmi les civils, les femmes et les enfants d’un côté comme d’un autre. Par Ricochet, et c’est le pire, on aura assisté à l’effondrement de l’un des plus puissants et entretenus mythes : l'invincibilité israélienne. C’est de Gaza, cette prison à ciel ouvert, léguée par Sharon qu’est venue la fureur. Un dangereux camouflet pour un Benyamin Netanyahou aux manettes. Lui, le plus coriace des va-t’en guerre.
Depuis le 7 octobre, la France a le cœur qui bat au rythme Israélien. Et c’est normal. En dehors d’Israël, et après les USA avec près de 5,7 millions juifs, la France héberge la deuxième communauté juive dans le monde et la première d’Europe. Du coup, ce qui se passe au Proche-Orient est vécu de manière douloureuse et incandescente.
Autant le souci démographique est légitime dans le cas d’Israël, autant on est en droit de s’interroger pourquoi cette même obsession démographique taraude une partie de l’intelligentsia de France, la juive tout particulièrement. Une obsession a fini par contaminer de puissants intellectuels, chrétiens soient-ils ou agnostiques comme Renaud Camus, Michel Onfray, Pascal Bruckner ou Éric Naulleau. Le grand remplacement provient directement de cette obsession. C’est Éric Zemmour qui a le mieux formulé cette hantise. En 2018, il écrira dans Destin français « Il y a trois choses importantes en Histoire. Premièrement, le nombre. Deuxièmement, le nombre. Troisièmement le nombre ».
En France, on assiste depuis le 7 octobre, funeste pour tous les juifs du monde, à un déchainement rare et presque inédit. Une libération de la parole dans une partie de la classe politique tétanisée dont une figure comme Phillipe de Villiers incarne et l’excès et la radicalité. Il y aussi comme un défoulement dans le champ médiatique, particulièrement sur les chaines d’info en continu comme CNEW devenue, pour le coup, une distillerie de venin. Sans limites jusqu’à parfois verser dans l’innommable. Même la chaine israélienne I 24News est plus modérée que certains médias presque sionisés de l’hexagone. Certes, il y aussi des victimes françaises, 30 morts ainsi que des otages détenus par le Hamas. Certes la menace terroriste y est pour beaucoup dans le partage de cette douleur et ce chagrin. Depuis 2012, la France a payé un lourd tribut au terrorisme. Et le massacre de la rave party dans le désert israélien, causant des centaines de morts, a ravivé le souvenir du Bataclan. Il y a aussi et surtout l’abject assassinat, le 13 octobre, du professeur Dominique Bernard coïncidant avec la date, du non moins abject meurtre de Samuel Patty il y a trois ans. Mais tout de même.
Ce qui est à l’œuvre, ce qui est déterminant dans le cas français, à la différence de la plupart des pays européens et même des pays nord-américains, c’est, force est de le constater, le facteur démographique. Celui-ci joue, à plein régime, son rôle fantasmagorique de menace existentielle avec tout ce que cela recèle comme spectre de guerre civile. Et pour cause.
Les Juifs et les Musulmans de France constituent, chacun à sa façon, les deux premières communautés d’Europe sur un même territoire. Les six cent mille juifs de France vivent dans un pays qui, en 50 ans, a vu sa communauté musulmane se gonfler pour atteindre aujourd’hui 10% de la population française. La communauté musulmane aujoud’hui, c’est dix fois le volume de la communauté juive.
Est-ce pour autant une raison pour les médias de céder à l’hystérie médiatique que chacun aura constatée. Un ami, grand journaliste aimait dire que la télé, surtout d’info en continu, est comme une cheminée qui en permanence réclame, pour demeurer incandescente, des bûches. Ainsi, comme pour le Covid nous nous sommes farcis les médecins, les experts et autres charlatans. En automne 2021, Éric Zemmour a littéralement trusté les écrans français avant d’être balayé, médiatiquement et électoralement, par l’Ukraine dont plus personne ne parle aujourd’hui au grand dam de Volodymyr Zelensky et au grand bonheur Vladimir Poutine. Les punaises de lit, cette sale bestiole dont plus personne ne parle depuis le 7 octobre, est la dernière victime du Proche-Orient. Depuis ce samedi, funeste pour les uns, glorieux pour les autres, la France est comme frappé par un puissant délirium tremens. Dans le pays de Descartes et de Voltaire, on ne s’empêche plus, pour paraphraser l’auteur de la Peste pour qui ‘’Un homme ça s’empêche’’.
Camus, reviens, ils sont devenus fous.