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L’extrémiste de droite Le Pen continue de diviser la France même après sa mort
Des centaines de personnes rassemblées pour participer à l'apéritif géant « Le Pen est mort ! » organisé dans le centre de Paris, le 7 janvier 2025, quelques heures après la mort de l'homme politique français d'extrême droite Jean-Marie Le Pen. (Photo Dimitar Dilkoff/AFP)
Le cofondateur du principal mouvement d'extrême droite français de l'après-guerre, Jean-Marie Le Pen, a continué à diviser le pays même après sa mort, avec le gouvernement dénonçant les célébrations qui ont eu lieu dans certaines villes françaises après l'annonce de son décès.
Le Pen, cofondateur du Front National (FN), est décédé mardi à l'âge de 96 ans, laissant un héritage que la présidence française a déclaré que "l'histoire jugerait". La droite a salué sa contribution à la politique, tandis que la gauche a applaudi les manifestations, le qualifiant de "fasciste" ouvertement raciste et antisémite.
Dans les heures qui ont suivi sa mort, des centaines de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes françaises pour célébrer son décès, chantant, tirant des feux d'artifice et trinquant au champagne.
Des opposants jubilants se sont rassemblés sur la place de la République, au centre de Paris, pour ce qu'ils ont appelé un "apéro géant", brandissant des pancartes avec des slogans tels que "le sale raciste est mort" et "une belle journée".
"Rien, absolument rien ne justifie de danser sur un cadavre. La mort d’un homme, même s’il est un adversaire politique, devrait inspirer seulement retenue et dignité", a écrit le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur X (anciennement Twitter).
"Ces scènes de jubilation sont tout simplement honteuses", a-t-il ajouté.
Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, a déclaré sur Europe 1 : "La lutte politique est pour les vivants, nous devons continuer avec eux, mais respecter les morts. C'est une question de dignité."
Un "ennemi de la République"
La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a affirmé que les "morts" avaient droit au "respect", bien que Le Pen ait tenu des propos "complètement inacceptables" et agi de manière parfois "inacceptable".
Dans la ville de Lyon, au sud-est, sept personnes ont été arrêtées après des incendies de poubelles et des jets de projectiles contre la police lors d'un rassemblement organisé par l'extrême gauche et auquel ont participé des centaines de personnes.
À Paris, la police a arrêté trois personnes lors du rassemblement qui a réuni des centaines de manifestants.
Mathilde Panot, cheffe de file des députés de La France Insoumise (LFI), a déclaré que les manifestations reflétaient "l'esprit de Charlie".
L'extrémiste de droite était un "ennemi de la République", a déclaré Panot à RTL.
"Ne pas sombrer dans l'aveuglement"
Le député socialiste Jérôme Guedj a confié à Public Sénat qu'il trouvait "faux de se réjouir de la mort d'un homme, mais également faux d'embellir sa carrière".
Dans un hommage publié sur X, le Premier ministre François Bayrou a décrit Le Pen comme un "combattant" et une "figure de la vie politique française", un commentaire qui a indigné la gauche et au-delà de la gauche.
"Jean-Marie Le Pen n’était pas simplement 'une figure de la vie politique française', comme l’a dit François Bayrou. Le respect pour les défunts ne doit pas conduire à un aveuglement sur sa carrière", a déclaré Manon Aubry, cheffe des eurodéputés LFI, le qualifiant de "raciste et antisémite notoire".
Funérailles familiales
Des funérailles familiales pour Le Pen auront lieu samedi dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer, en Bretagne.
Sa fille Marine Le Pen, qui a repris le flambeau politique, a cherché à distancier le mouvement de l'héritage de son père, renommant le parti Rassemblement National (RN) et l'excluant dans le cadre d'un processus de "dédiabolisation" pour le rendre électoralement acceptable.
Dans sa première réaction publique, Marine Le Pen a qualifié son père de "guerrier", ajoutant que "beaucoup" de personnes étaient en deuil.
Marine Le Pen revenait d’une visite à Mayotte, ravagée par un cyclone, lorsque la nouvelle de la mort de son père est tombée.
Le vice-président du RN, Louis Aliot, a confirmé que Marine Le Pen avait appris la nouvelle par des journalistes lors d'une escale à Nairobi. "Nous étions dans l'avion à Nairobi, où nous avons fait une escale technique", et c’est dans la capitale kenyane "que des journalistes présents sur le vol nous ont informés de son décès", a-t-il raconté. (Quid avec AFP)