L'Académie des Oscars présente timidement des excuses pour son manque de soutien envers un réalisateur palestinien

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Le réalisateur palestinien et lauréat de l'Oscar pour le documentaire « No Other Land » Hamdan Ballal (C) parle à sa famille et visiteurs qui s'occupent de lui, après que des colons israéliens l'ont attaqué chez lui, e 26 mars 2025. (Photo HAZEM BADER / AFP)

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Face à la pression de plus de 700 de ses membres, l’Académie des Oscars a présenté des excuses publiques à Hamdan Ballal, réalisateur palestinien oscarisé et récemment agressé par des colons puis incarcéré en Cisjordanie. Son arrestation, survenue après le sacre de son documentaire No Other Land, a suscité une onde d’indignation au sein du monde du cinéma, révélant les tensions entre art, engagement et silence institutionnel.

Los Angeles - L'Académie des Oscars s'est publiquement excusée vendredi, après avoir été dénoncée par des centaines de professionnels d'Hollywood pour son manque de soutien envers un réalisateur palestinien récemment violenté par des colons israéliens et arrêté par l'armée israélienne.

Après avoir reçu l'Oscar du meilleur documentaire début mars pour "No Other Land", un long-métrage sur la colonisation en Cisjordanie, Hamdan Ballal a été attaqué par des colons israéliens en début de semaine, selon une ONG locale.

Il a ensuite été placé en détention par les autorités israéliennes, avant d'être libéré mardi.

Contrairement à de nombreuses instances de l'industrie cinématographique mondiale, qui ont immédiatement dénoncé son traitement, l'Académie des Oscars est d'abord restée silencieuse. Elle a ensuite publié un communiqué mercredi où elle condamnait la violence contre les artistes, sans mentionner spécifiquement M. Ballal.

Après une réunion de crise, elle a envoyé une lettre à ses membres pour rectifier sa position vendredi soir.

Noyant le cas Bilal, dans un fatras de considérations générales, l’Académie a déclaré : "L'Académie condamne toute violence de ce type, où que ce soit dans le monde. Nous abhorrons la suppression de la liberté d'expression, quelles que soient les circonstances", précise sa direction. Elle s’est ensuite affirmé : ‘’Nous nous excusons sincèrement auprès de M. Ballal et de tous les artistes qui ne se sont pas sentis soutenus par notre précédente déclaration", indique-t-elle dans ce courrier.

La réaction initiale de l'institution avait provoqué la polémique à Hollywood. Plus de 700 membres de l'Académie, parmi lesquels Joaquin Phoenix, Penelope Cruz et Richard Gere, ont signé une lettre dénonçant son attitude trop timorée.

"Il est indéfendable qu'une organisation récompense un film la première semaine de mars, puis ne défende pas ses réalisateurs quelques semaines plus tard", estimaient-ils, en condamnant "l'agression brutale et la détention illégale" de M. Ballal.

Pour eux, la direction de l'Académie était "loin d'être à la hauteur des sentiments qu'appelle ce moment".

"No Other Land" chronique le déplacement forcé de Palestiniens par les troupes israéliennes et les colons à Masafer Yatta, une région de Cisjordanie qu'Israël a déclarée zone militaire restreinte dans les années 1980.

Malgré son Oscar, le documentaire eu du mal à trouver un distributeur aux États-Unis.

Les autorités israéliennes ont prétendu que M. Ballal avait été emprisonné pour "avoir lancé des pierres".

Après sa libération, le réalisateur a rappelé avoir été pris pour cible à cause de son documentaire. Il a expliqué  avoir été attaqué par des colons tandis que des soldats pointaient leurs armes sur lui.

"J'ai cru vivre mes derniers instants à cause de la violence des coups. (...) Je pense que c'était parce que j'ai gagné l'Oscar", a-t-il déclaré mercredi dans le village de Soussiya, dans le sud de la Cisjordanie.

Pendant sa détention, les soldats mentionnaient son nom et le mot "Oscar" lors des changements de garde, a-t-il raconté.

Son collègue israélien, Yuval Abraham, qui a co-réalisé le film avec lui, dénonçait depuis plusieurs jours le manque de soutien de l'Académie des Oscars. (Quid avec AFP)

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