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La Guerre des Civilisations n’aura pas lieu ! Adieu Humanité ! Par Abdelahad Idrissi Kaitouni
Ces images que l’Occident refuse de voir. Une femme palestinienne blessée de la famille Baraka est entourée de ses enfants à leur arrivée à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite des frappes aériennes israéliennes qui ont touché leur bâtiment, le 13 novembre 2023. Dans le guerre d’Israël contre les Palestiniens près de 12 000 personnes, dont quelque 5 mille enfants, ont été tués. Photo de Mahmud HAMS / AFP)
Quand la souffrance de l’être humain n’émeut plus, cela veut dire que le dernier lien avec l’humanité est rompu. C’est ce qui arrive aujourd’hui à l’Occident qui, dans un déni total de toute empathie, signe avec tambours et trompettes son divorce définitif avec cette humanité qu’il brandissait naguère comme étendard de ses valeurs.
Il assiste avec une délectation non contenue à la sauvagerie de la riposte israélienne. La plupart des Occidentaux n’arrivent même plus à cacher leur joie en comptabilisant quotidiennement les centaines de morts palestiniens. À croire qu’ils assouvissent goulûment un appétit longtemps, trop longtemps refoulé.
Le monde entier constate, médusé, qu’au-delà de l’intense émotion suscitée par le sursaut palestinien du 7 octobre, c’est la haine irrépressible de l’Arabe et du Musulman qui a fini par avoir raison de toute idée en rapport avec la notion d’humanité.
Comment qualifier le fait d’achever les blessés et les malades ? Les blessés et malades allaient de toutes manières mourir de leur belle mort, car les hôpitaux n’ont ni médicaments, ni électricité pour assurer le minimum de soins. Mais pas question pour Israël de leur laisser une mort digne, alors il va bombarder les hôpitaux pour les écraser comme des mouches.
Se contenter d’ôter la vie d’un Arabo-musulman pour l’Occidental est d’une indulgence coupable. Il faut donc plus ! Même la mort la plus effroyable d’un Palestinien ne sera pas suffisante pour les Israéliens pour assouvir la soif de vengeance. Aussi faut-il peut-être aller chercher jusqu’à l’âme des morts pour sa damnation. Et encore, on ne sera pas quitte !
La guerre des civilisations n’aura donc pas lieu. Elle est largement dépassée ! Dans sa croisade hors norme, l’Occident ne laisse plus d’espace pour un acte civilisé. Nos congénères occidentaux, en abandonnant le vernis d’humanité dont ils se paraient jusque-là, nous livrent une guerre d’extermination qui ne prend sens qu’avec les carnages paroxysmiques. Ici les mots restent faibles, trop faibles pour refléter l’inimaginable ressentiment à l’égard de l’Islam.
À titre d’exemple, 40% des morts à Gaza sont des enfants de moins de 12 ans. Un enfant, c’est une promesse d’avenir. Alors une fois pour toutes il faut signifier aux Palestiniens qu’ils n’ont pas d’avenir. Un enfant peut être juste un sourire susceptible de soulager la peine des adultes, alors Israël a décidé de l’éteindre à tout jamais. Cette expression qui illumine furtivement les visages sera désormais bannie de celui des enfants palestiniens. À la place, Israël leur servira autant de larmes qu’ils seront capables de verser. Mais pas de sang, car les corps seront plutôt carbonisés au phosphore blanc !
Dans leur messianisme, certains intellectuels occidentaux vont jusqu’à se féliciter de cette carbonisation systématique des corps, car le sang des morts pourrait, semble-t-il irriguer une terre qui gardera la mémoire des populations éradiquées. Cela va donc au-delà du simple nettoyage ethnique qui vise en général à substituer une population par une autre.
Ce n’est plus une question d’espace ou de territoires pour les sionistes et leurs affidés, mais l’existence même de l’Arabe et du Musulman qui pose problème. Maintenant c’est tout l’Occident qui a essentialisé l’Islam, ce qui explique cette belle unanimité face au Musulman, incarnation suprême de l’ennemi.
Le monde subit aujourd’hui un implacable diktat médiatique qui a fini par balayer jusqu’au millième d’once d’humanité chez les gens. L’unanimisme ainsi imposé par le terrorisme intellectuel ambiant, a fini à son tour par submerger des pans entiers des opinions occidentales, y compris celles de personnes censées être plutôt…sensées.
Je suis conscient de l’amalgame que je fais en parlant de l’Occident comme s’il s’agissait d’un bloc monolithique. Cette unanimité qui représente la principale munition pour Tsahal, connaît quelques ratés ici et là. C’est l’œuvre de personnages qui, non seulement ont gardé leur lucidité, leur bon sens et toute leur humanité, mais qui de plus, font preuve d’un courage exceptionnel frisant souvent la témérité.
Pour ne parler que de la France que je connais un peu mieux, je me contenterai de citer quelques noms marquants comme Dominique De Villepin, Jean-Luc Mélanchon, ou encore Edwy Plenel. Pour braver le lynchage médiatique que la Doxa aurait voulu leur réserver, ils ont accepté de tirer à boulets rouges sur le Hamas, le traitant d’organisation terroriste. Une concession absolument nécessaire pour être tolérés et relayés par quelques médias. Ils n’avaient pas d’autres moyens pour se rendre audibles. Dans le sphère des intellectuels et de la recherche, Etienne Balibar, Sonia Dayan-Herzbrun, Jean-Marc Lévy-Leblond, Michael Löwy et Edgar Morin n’ont pas sacrifier à cette concession et ont publié dans Le Monde.fr du 9 octobre 2023 une tribune où ils décrivent le drame pas ses noms tragiques.
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Ces ultimes rescapés de la France des Lumières souffrent à l’idée qu’ils n’aient pu crier à la face du monde que le Hamas est d’abord une organisation de résistance à l’occupation. Toute autre perception de la qualité de ses combattants sera un déni de justice et une prime à l’ignominie de l’oppression qui perdure depuis trois quart de siècle.
La brutalité du coup de force du Hamas du 7 octobre ne fait pas de lui une organisation terroriste. Il ne s’est pas livré à des actes extrêmes par penchant pour la violence, le meurtre, ou je ne sais quelle autre raison, mais parce qu’il en a été contraint et forcé par l’impitoyable asphyxie que vivent les Gazaouis. Un acte ne peut être réputé terroriste que si délibérément on opte pour la violence alors qu’il existe des alternatives non-violentes.
Ce n’est guère le cas d’Israël qui lui, opte délibérément pour la dévastation et le meurtre, alors qu’il lui suffit de souscrire du bout des lèvres à la solution à deux États pour assurer à ses ressortissants une paix durable. Mais grâce au soutien inconditionnel de l’Occident qui lui confère une impunité sans limites, les Israéliens se sont convertis massivement à l’idéologie suprémaciste qui bloque toute aspiration à la paix.
Je devine la déception de nombre de mes lecteurs habitués de ma part à un langage plus volontaire, parfois même combatif. J’ai versé dans un ton incantatoire car plus d’une fois, je me suis transporté par la pensée à Gaza pour deviner les chances de survie de populations vivant déjà l’extrême précarité. J’étais impuissant à construire le moindre schéma qui permette d’échapper au fatidique.
Cela n’a pas été sans altérer le ton de mon langage habituel. Mes incantations participent involontairement à la vague de déprime ambiante que la mise à mort de l’humanité par l’Occident a suscité dans le monde !
Abdelahad Idrissi Kaitouni
Bouznika le 1er novembre 2023