Le Canada cesse l’exportation d'armes vers Israël, plus du tiers des sénateurs américains démocrates appellent à une Etat palestinien

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Le 20 mars 2024, un parent pleure les corps d'enfants tués lors d'une frappe aérienne israélienne sur un bâtiment, à l'hôpital Al-Najjar de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dns la guerre d’extermination des Palestiniens par Israël. (Photo par SAID KHATIB / AFP)

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Le Canada va cesser d'envoyer des armes vers Israël a annoncé mardi une source gouvernementale après un vote non contraignant la veille des députés pour cesser le transfert d'armes à Israël actuellement en guerre d’extermination des Palestiniens.

"Nous sommes dans une situation où la réalité sur le terrain ne nous permet plus" d'exporter des armes, a déclaré cette source à l'AFP.

Le Parlement canadien avait adopté lundi une motion non contraignante en faveur d'un "cessez-le-feu immédiat" et demandant au gouvernement de "cesser l'approbation et le transfert" d'armes à "destination d'Israël".

"Depuis le 7 octobre, nous n'avons approuvé que des permis pour des marchandises non létales. Et compte tenu de l'évolution rapide de la situation sur le terrain, nous n'avons approuvé aucun permis depuis le 8 janvier", avait indiqué la cheffe de la diplomatie canadienne Mélanie Joly, qui s'était rendue la semaine dernière au Moyen-Orient.

Les licences de vente d'armées accordées par le Canada depuis le début du conflit, il y a cinq mois concernaient uniquement l'exportation d'équipements non létaux, comme des "outils de communication", a indiqué la source gouvernementale.

Tout en affirmant « le droit d'Israël à se défendre », le Premier ministre canadien Justin Trudeau a adopté une position de plus en plus critique à l'égard de l'opération militaire menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

D'après Radio-Canada, Ottawa a exporté plus de 21 millions de dollars canadiens de matériel militaire vers Israël en 2022 et 26 millions en 2021, plaçant ainsi Israël parmi les 10 principales destinations des exportations d'armes canadiennes.

Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a qualifié de "malheureuse" la décision canadienne qui "sape le droit d'Israël de se défendre". "L'histoire jugera durement cette décision du gouvernement canadien", a-t-il fanfaronné dans un bref communiqué.

Aux Etats-Unis, le sénateur indépendant Bernie Sanders a lui salué sux X (ex-Twitter) la décision du Canada. "Compte tenu de la catastrophe humanitaire à Gaza, notamment de la famine généralisée et croissante, les Etats-Unis ne devraient pas fournir un sou de plus à la machine de guerre de Netanyahu", le chef du gouvernement israélien, a-t-il commenté.

La question de la livraison d'armes à Israël a déclenché des poursuites judiciaires dans plusieurs pays dans le monde.

Au Canada, une coalition d'avocats et de citoyens d'origine palestinienne a déposé début mars une plainte contre le gouvernement pour suspendre les exportations d'armes vers Israël, en l'accusant de violer le droit international mais aussi son droit interne. 

Appel de sénateurs américains démocrates pour un Etat palestinien

Plus du tiers des membres démocrates du Sénat américain ont appelé mercredi le président Joe Biden à pousser davantage à la création d'un Etat palestinien, au moment où Washington semble afficher de plus en plus son impatience vis-à-vis de son proche partenaire israélien.

Cette initiative intervient quelques jours après le discours surprise du chef des sénateurs démocrates au Sénat, Chuck Schumer, appelant à de nouvelles élections en Israël et critiquant ouvertement le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour sa gestion de la guerre contre les Palestiniens.

La crise au Moyen-Orient "a atteint un point critique" qui demande à ce que les Etats-Unis fassent plus que seulement "faciliter" les discussions entre Israéliens et Palestiniens, écrivent dans une lettre ouverte les 19 sénateurs menés par Tom Carper, partenaire politique de Joe Biden depuis des années.

"Nous demandons ainsi à l'administration Biden de rapidement mettre en place et rendre public un plan solide détaillant les mesures nécessaires" à la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, ajoutent-ils.

Mais cet Etat devrait, selon eux, être "non militaire", reconnaître Israël et rejeter le Hamas, le mouvement palestinien islamiste qui a mené l'attaque du 7 octobre. La guerre d’extermination des Palestiniens par Israël qui a provoqué un désastre humanitaire, faisant jusqu'à présent près de 32.000 morts à Gaza, dont 13.000 enfants et autant de femmes, et près de 80.000 blessés.

L'impact du carnage sur les civils, notamment une famine rampante, gêne l'administration Biden, premier et principal soutien d'Israël, sans lequel Tel-Aviv n’aurait pas mené cette guerre. 

Si Joe Biden et son chef de la diplomatie Antony Blinken disent soutenir la "solution à deux Etats", leurs propos en sont restés à des déclarations d'intention.

Et Benjamin Netanyahu, à la tête d'un gouvernement comptant plusieurs ministres d'extrême droite, s'y oppose catégoriquement. (Quid avec AFP)