Le Hamas dit qu'il ne cédera pas aux menaces d'une reprise de la guerre à Gaza

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Un graffiti représentant la reconstruction de Gaza, sur une section de la barrière de séparation israélienne, à Bethléem en Cisjordanie occupée, le 12 février 2025.. (Photo par HAZEM BADER / AFP)

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Le Hamas et son allié du Jihad islamique ont affirmé mercredi qu'ils ne céderaient pas aux menaces américaines et israéliennes d'une reprise de la guerre dans la bande de Gaza s'ils ne libéraient pas des otages samedi, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu.

"Nous n'accepterons pas le langage des menaces américaines et israéliennes", a dit le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, alors que les médiateurs qataris et égyptiens mènent des négociations pour tenter de sauver la trêve.

"Israël doit mettre en œuvre intégralement l'accord de cessez-le-feu" pour débloquer la libération d'otages samedi, a déclaré M. Qassem.

La branche armée du Jihad islamique a elle fait dépendre le sort des détenus "des actions" du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, "pour le meilleur et pour le pire".

Après cinq échanges détenus israéliens et de prisonniers palestiniens, l'accord entré en vigueur le 19 janvier après plus de 15 mois de guerre, pour une première phase de six semaines, est en pleines turbulences.

Selon ses termes, 33 détenus à Gaza doivent être libérés d'ici début mars, contre 1.900 Palestiniens détenus par Israël.

Mais accusant Israël d'une série de violations, dont le blocage de l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, le Hamas a menacé lundi de ne pas procéder aux libérations prévues samedi.

Israël et les Etats-Unis l'ont sommé en retour de respecter ses engagements, sous peine d'une reprise des hostilités.

La tension est encore montée après que le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, attendu cette semaine au Moyen-Orient, a déclaré qu'"Israël ne peut pas permettre (...) au Hamas d'utiliser le cessez-le-feu pour reconstruire ses forces".

Des médiateurs du Qatar et d'Egypte "sont en contact avec la partie américaine" et "travaillent intensément pour résoudre la crise", a indiqué mercredi une source palestinienne sous couvert de l'anonymat.

Le Hamas a annoncé l'arrivée d'une délégation au Caire pour tenter de mettre fin à la crise. Les médiateurs sont engagés avec Israël et le Hamas pour résoudre la question, selon un diplomate au fait des négociations.

"L'enfer" 

L'armée israélienne a entretemps envoyé des renforts supplémentaires autour de la bande de Gaza, dévastée par la guerre génocidaire d’Israël. 

Mercredi, l'armée a dit avoir mené un raid aérien contre deux personnes qui auraient tenté de récupérer un drone à Gaza, sans préciser leur sort.

Les pourparlers pour préparer la deuxième phase de l'accord de trêve n'ont toujours pas commencé contrairement au calendrier prévu, ce que le Hamas a imputé à une "obstruction continue" d'Israël pour le "saboter".

Jusque là, 16 détenus israéliens et 765 prisonniers palestiniens ont été libérés dans le cadre de la première phase de l'accord. La deuxième phase est censée permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre.

Sur 251 détenus du Hamas, 73 sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 35 mortes, selon l'armée israélienne.

Principal allié d'Israël, Donald Trump a promis "l'enfer" au Hamas s'il ne relâchait pas "tous les otages" retenus à Gaza avant samedi "à 12 heures".

"Si le Hamas ne libère pas nos otages d'ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin" et l'armée "reprendra des combats intenses jusqu'à ce que le Hamas soit définitivement battu", a ensuite averti Benjamin Netanyahu, sans préciser s'il parlait de tous les otages ou du seul groupe censé être libéré lors du sixième échange.

"Inacceptable" 

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a de son côté jugé mercredi "inacceptable pour le monde arabe" le projet de Donald Trump de placer Gaza sous contrôle américain pour reconstruire le territoire et de déplacer ses 2,4 millions d'habitants notamment vers l'Egypte et la Jordanie.

Après des entretiens avec M. Trump à Washington, le roi Abdallah II de Jordanie a réitéré mardi sa "ferme opposition" à tout déplacement des Palestiniens.

Ce rejet a également été réaffirmé par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, attendu prochainement à la Maison Blanche.

Le Hamas a salué mercredi les positions d'Amman et du Caire, ainsi que la perspective "d'un plan arabe pour reconstruire Gaza sans déplacer ses habitants".

Israël "n'a pas été en mesure de nous pousser hors de ce pays, et Trump n'y parviendra pas non plus", a affirmé Ismaïl Shehada, un habitant de Gaza-ville, pour qui "les menaces" du président américain sont "irréalistes".

La troisième et dernière phase de l'accord de cessez-le-feu doit être consacrée à la reconstruction de Gaza, un gigantesque chantier estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien,, selon un décompte de l'AFP, et la guerre d’extermination des Palestiniens menée par l’armée israélienne menée a fait au moins 48.219 morts, en majorité des civils, dont les deux tiers sont des enfants et des femmes, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

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