Le Point de vue d’Ahmed Charaï : Un mépris de l’histoire

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Macron en Chine - Ce sont les Américains qui ont imposé De Gaulle, chef d’une France vaincue, à la table des grands, puis ont fait de la France un membre permanent du Conseil de sécurité et l’ont aidée à acquérir la bombe atomique. Vouloir passer au-dessus de l’histoire, sur des questions stratégiques est tout simplement puéril.

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Les récentes déclarations du Président Français en Chine ont froissé tous ses alliés sans que Pékin ne lui cède le moindre biscuit. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, Emmanuel Macron essaye de jouer solo et va de revers en revers. Il avait irrité Kiev en disant « il ne faut pas humilier la Russie » oubliant que c’est Moscou l’agresseur.

Et depuis quelque temps il s’obstine à croire que Pékin peut jouer les intermédiaires, alors qu’elle soutient Poutine et n’a pas hésité à organiser des manœuvres militaires conjointes avec la Russie en pleine guerre.

Derrière l’entêtement d’Emmanuel Macron, il y a une illusion et surtout un mépris ou peut-être même une méconnaissance de l’histoire.

L’illusion c’est de croire qu’il a, à titre personnel, rendez-vous avec l’histoire, qu’il guidera l’Europe vers une position centrale, en dehors de l’influence américaine. C’est une illusion parce qu’aucun pays d’importance au sein de l’Union Européenne n’est attiré par cette perspective. L'Allemagne, stratégiquement et dans un consensus total, ne conçoit sa défense que sous le paratonnerre américain. C’est pour cela que l’idée d’une chimérique défense européenne n’a jamais reçu l’aval de la diplomatie allemande.

Quand le Président Français parle d’indépendance vis-à-vis des USA, il fait sourire, j’imagine, les fonctionnaires de Bruxelles. La pandémie a prouvé que l’Europe était dépendante pour son industrie et même ses médicaments de... la Chine et des vaccins, un ratage français, produits aux…USA. Sur ce plan-là, celui du déséquilibre effroyable de la balance commerciale, Xi Jinping n’a pas fait la moindre allusion lors de la visite d’État. Comme la Chine s’est juste cantonnée à affirmer sa « préférence pour la négociation en Ukraine » mettant à égalité les protagonistes, on peut en conclure que c’était une visite pour rien, et qu’elle a juste permis à Macron de s’éloigner dans une sorte de cure des bruits des manifestants dans son pays et de leur concert de casseroles .

Le pire c’est que dans cette affaire, Macron oublie l’histoire. Les cimetières des Boys, tombés pour libérer l’Europe du joug nazi, sont pourtant là pour lui rappeler des réalités immuables. Sans l’engagement américain, la démocratie n’aurait pas triomphé sur le vieux continent en 1945, et l’héroïsme des nations russes et britanniques n’aurait pas suffi à vaincre la machine de guerre nazie. Si les Britanniques sont les alliés les plus fidèles des USA, c’est en raison aussi de cette histoire.

Ce sont les Américains qui ont imposé De Gaulle, chef d’une France vaincue, à la table des grands, puis ont fait de la France un membre permanent du Conseil de sécurité et l’ont aidée à acquérir la bombe atomique. Vouloir passer au-dessus de l’histoire, sur des questions stratégiques est tout simplement puéril.

Le monde libre, sous le leadership incontesté des USA, sait que le danger vient plus de la Chine que de la Russie. Ce danger s’étend sans bruit à l’ensemble de la planète. Quelle que soit l’administration en poste à Washington, contenir ce danger et son corollaire, l’alliance des régimes dictatoriaux, sera la priorité. Les jérémiades du Président Français ne s’élèvent pas au niveau de cette vision stratégique.

La visite de Macron à Pékin rappelle, les tambours en moins, celle de Daladier et Chamberlain à Munich.

Le Britannique Neville Chamberlain était convaincu d'avoir bien agi et croyait inconsciemment avoir rapporté la paix «avec son petit bout de papier» comme dira Churchill . Le Français Edouard Daladier, quant à lui, était beaucoup moins assuré.

Ils sont rentrés chez eux, conscients ou inconscients qu'ils venaient de sceller le destin d'une génération.

Le jugement de l’histoire a été implacable.