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Les doutes grandissent sur le plan Biden de trêve à Gaza alors qu’Israël poursuit son plan génocidaire
Une jeune fille palestinienne transporte des récipients contenant de l'eau dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 3 juin 2024. (Photo Omar Al Qatta / AFP)
Les doutes se sont accrus lundi quant au projet de cessez-le-feu à Gaza et d'accord de libération des détenus présenté par le président américain Joe Biden, alors que la guerre fait rage depuis le troisième jour depuis son discours à la Maison Blanche.
Biden a présenté vendredi ce qu’il a qualifié de plan israélien en trois phases qui mettrait fin à la guerre sanglante d’Israël, libérerait tous les détenus israéliens et conduirait à la reconstruction du territoire palestinien dévasté sans le Hamas au pouvoir.
Cependant, le bureau de Netanyahu a rapidement souligné qu'Israël poursuivrait la guerre déclenchée jusqu'à ce que tous ses « objectifs soient atteints », dont la finalité à demi avouée est de vider Gaza de ses Palestiniens.
Les médias israéliens se demandent dans quelle mesure le discours de Biden et certains détails cruciaux ont été coordonnés avec l'équipe de Netanyahu, notamment la durée de la trêve et le nombre des détenus qui seront libérés à quel moment.
Le Hamas a déclaré vendredi qu'il considérait "positivement" les grandes lignes de Biden, mais n'a depuis fait aucun commentaire officiel sur les négociations bloquées, tandis que les médiateurs Qatar, Egypte et Etats-Unis n'ont annoncé aucun nouveau cycle de négociations.
Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a cité lundi Netanyahu disant que le plan présenté par Biden n'était que « partiel » et que, selon le plan, les combats ne s'arrêteraient que temporairement « dans le but de rendre les otages », ce qui le moyen sûr de ne donner aucune suite au plan Biden.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré dimanche que "nous nous attendons à ce que si le Hamas accepte la proposition... Israël dise oui".
Et le secrétaire d'État américain Antony Blinken a « félicité » Israël pour ce plan lors d'un appel téléphonique avec le membre du cabinet de guerre Benny Gantz et le ministre de la Défense Yoav Gallant, a indiqué le département d'État.
Mais pour l’instant, les bombardements et les pilonnages terrestres ne montrent aucun signe de ralentissement dans la guerre à Gaza qui entre bientôt dans son neuvième mois et qui a dévasté le territoire côtier de 2,4 millions d’habitants.
Lundi, l'armée israélienne a déclaré qu'au cours de la journée écoulée, ses forces avaient frappé « plus de 50 cibles dans la bande de Gaza ».
Les hôpitaux de Gaza ont fait état d'au moins 19 personnes tuées lors de frappes nocturnes.
Et Netanyahu a souligné dans un message vidéo que « nous avons fait de grands efforts pour les ramener (les détenus israéliens), mais au cours de cet effort, nous avons gardé à l'esprit les objectifs de la guerre, principalement l'élimination du Hamas, qui sur le terrain se traduit par. L’extermination des Palestiniens.
"Nous insistons pour accomplir ces deux tâches. Cela fait partie du plan", a-t-il déclaré.
Le massacre se poursuit
Les bombardements et l'invasion terrestre opérés pat Israël ont tué au moins 36 479 personnes, dont plus de 30.000 enfants et femmes à Gaza. Mais ces chiffres restent partiels et ne rendent pas compte de l’ampleur véritable des massacres. Aujourd’hui que la parole commence à se libérer, des experts considèrent, en appliquant des techniques faibles de projections, le véritable nombre des tués dépasse les cent mille, sachant que les chiffres déclarés par Hamas ne tiennent compte que des morts identifiés, alors qu’au moins 12. 000 disparus sont déclarés et que les morts sous le décombres n’ont pas encore été recensés.
Environ 55 pour cent de toutes les structures de la bande de Gaza ont été détruites, endommagées ou potentiellement endommagées depuis le début de la guerre, selon l'agence d'analyse par satellite des Nations Unies.
De violents combats ont fait particulièrement rage dans la région de Rafah, à l'extrême sud de Gaza, près de la frontière égyptienne, où la plupart des civils ont de nouveau été déplacés, selon les agences de l'ONU.
Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont été signalés à Rafah, principalement dans le quartier de Tal al-Sultan, ainsi que dans la ville de Gaza, au nord du territoire, ont indiqué des témoins à l'AFP.
L'armée israélienne prétend que ses troupes menaient des « opérations ciblées dans la région de Rafah », où elles auraient « localisé des infrastructures terroristes et de grandes quantités d'armes ».
L'hôpital européen de Gaza a déclaré que 10 personnes avaient été tuées et plusieurs blessées lors d'une frappe aérienne israélienne contre une maison près de la principale ville du sud, Khan Yunis.
Et six personnes ont été tuées lors d'une frappe contre une maison familiale dans le camp de réfugiés central de Bureij, selon l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa.
Le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmud Bassal, a déclaré à Jabalia que ses équipes avaient "récupéré plus de 360 martyrs" ces dernières semaines et qu'"il y avait encore des familles sous les décombres".
Scénarios d'après-guerre
Netanyahu – un vétéran belliciste à la tête d’un fragile gouvernement de coalition d’extrême droite – est soumis à une intense pression intérieure de plusieurs côtés.
Les proches et les partisans des détenus israéliens ont organisé des manifestations massives pour exiger qu'il conclue un accord de trêve, mais les alliés de la coalition d'extrême droite du Premier ministre menacent de renverser le gouvernement s'il le fait.
Selon Biden, l'offre en trois étapes d'Israël commencerait par une phase de six semaines qui verrait les forces israéliennes se retirer de toutes les zones peuplées de Gaza et un premier échange d'otages et de prisonniers.
Les deux parties négocieraient ensuite un cessez-le-feu durable, la trêve se poursuivant tant que les pourparlers se poursuivraient, a déclaré Biden, ajoutant qu'il était « temps que cette guerre prenne fin ».
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, dirigeants de partis d'extrême droite, ont prévenu qu'ils quitteraient le gouvernement s'il approuvait la proposition de trêve.
Gallant, qui a critiqué Netanyahu pour l'absence de plan d'après-guerre pour Gaza, a déclaré dimanche qu'Israël « évaluait une alternative de gouvernement » au Hamas pour diriger le territoire après la fin de la guerre.
L'ONU et d'autres agences humanitaires mettent en garde depuis des mois contre la famine dans le territoire assiégé.
Dans un hôpital de Deir al-Balah, Amira al-Taweel, 33 ans, a déclaré à l'AFP que son fils fragile, souffrant de malnutrition, "a besoin de soins et de lait, mais il n'y en a pas à Gaza". (Quid avec AFP)