Les Sénégalais ont voté pour élire leurs députés, un test important pour le président

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Des électeurs faisantt la queue devant un bureau de vote sous une pluie battante à Ziguinchor, le 31 juillet 2022. Les électeurs sénégalais se rendent aux urnes dimanche pour des élections législatives dont l'opposition espère qu'elles forceront une coalition avec le président Macky Sall et freineront les ambitions qu'il pourrait avoir pour un troisième mandat. (Photo de Muhamadou BITTAYE / AFP)

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Les Sénégalais ont voté dimanche dans le calme pour élire leurs députés dans un scrutin que l'opposition veut mettre à profit pour imposer une cohabitation au président Macky Sall, qui espère, lui, conserver une large majorité.

Ces législatives font figure de test après les élections locales de mars, remportées par l'opposition dans de grandes villes de ce pays d'Afrique de l'Ouest réputé pour sa stabilité, comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thiès (ouest).

Les élections législatives, à un seul tour, visent à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral largement contrôlé par le camp présidentiel.

Macky Sall a promis de nommer un Premier ministre - poste qu'il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 - au sein de la formation victorieuse des élections.

Les bureaux de vote ont ouvert à partir de 8h00 (GMT et locales) et ont progressivement commencé à fermer à 18h00, comme dans un centre de vote de Grand-Médine, un quartier populaire de Dakar. Le dépouillement a aussitôt commencé dans ce centre qui compte 16 bureaux de vote, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Quelque sept millions de Sénégalais étaient appelés pour ce scrutin qui s'est déroulé sans incidents majeurs, dont la participation était de 22% au niveau national à 13H00 (locales et GMT), selon le ministère de l'Intérieur.

La presse locale a fait état d'une remontée du taux de participation dans l'après-midi dans certaines zones.

A Scat Urbam, en banlieue proche de Dakar, beaucoup moins d'électeurs qu'à l'accoutumée ont attendu dans la matinée pour voter. Idem dans le quartier de Grand Médine. Même constat à Ziguinchor, capitale de la Casamance, dans le sud du pays, selon des journalistes de l'AFP.

- Observateurs -

"Je souhaite (...) qu'il n'y ait pas de disputes. C'est comme au football. Il faut un vainqueur et un vaincu", a déclaré Lamine Sylva, un peintre de 60 ans marié et père de famille.

"J'espère que la future Assemblée sera formée de députés du pouvoir et d'une forte représentation de l'opposition pour des débats contradictoires. C'est ce qui fait avancer la démocratie", a dit à l'AFP El Yahya Sall, militaire à la retraite.

La Commission nationale électorale autonome (Cena), qui supervise le vote, a déployé quelque 22.000 observateurs. Des experts de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de la Francophonie sont également présents.

Les députés sont élus selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.

Huit coalitions sont en lice pour ces élections dont celles de la majorité et "Yewwi Askan Wi" (Libérer le Peuple en langue wolof), la principale coalition de l'opposition, formée autour d'Ousmane Sonko, arrivée troisième de la présidentielle de 2019.

Celle-ci s'est alliée à la coalition "Wallu Sénégal" (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l'ex-président Abdoulaye Wade. La moins bien placée dans un département s'engage à soutenir l'autre pour "imposer une cohabitation gouvernementale".

Le scrutin se déroule dans un contexte de hausse des prix, conséquence notamment de la guerre en Ukraine, argument utilisé par l'opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d'infrastructures.

"Est-ce que la priorité des Sénégalais c’est de construire de beaux stades, de nouvelles autoroutes alors que les gens ne mangent pas à leur faim ?", a déclaré M. Sonko après avoir voté à Ziguinchor. Il a appelé les électeurs à voter en nombre "pour équilibrer les pouvoirs".

- Troisième mandat ? -

L'opposition veut aussi contraindre M. Sall - qui a voté dans la matinée à Fatick, à 150 km au sud-est de Dakar - à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions à 19 mois de la présidentielle.

"Si Macky Sall les perd (les législatives), il ne parlera plus de 3e mandat", a assuré M. Sonko.

La pré-campagne avait été marquée par de violentes manifestations qui avaient fait au moins trois morts en raison de l'invalidation par le Conseil constitutionnel, des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par M. Sonko.

Plusieurs figures de l'opposition, parmi lesquelles Ousmane Sonko, ont été contraintes de renoncer à participer aux élections, dénonçant un stratagème du président Macky Sall pour écarter ses adversaires.

Le 29 juin, l'opposition avait finalement calmé le jeu en acceptant de participer au scrutin, qu'elle menaçait jusqu'alors d'empêcher.

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