Liban: Aoun quitte le palais présidentiel, la crise politique risque de s'aggraver

5437685854_d630fceaff_b-

Le président libanais sortant Michel Aoun salue ses partisans depuis une voiture alors qu'il quitte le palais présidentiel de Babda à la fin de son mandat, à l'est de la capitale Beyrouth, le 30 octobre 2022. Déjà ébranlé par trois années d'effondrement économique, le Liban est confronté à la perspective d'une aggravation de sa crise multiforme à l'expiration du mandat du président Michel Aoun. (Photo de l'AFP)

1
Partager :

 

Le chef de l'Etat libanais Michel Aoun a quitté dimanche le palais présidentiel de Baabda sur les hauteurs de Beyrouth, à la veille de l'expiration de son mandat sans successeur désigné, acclamé par des milliers de partisans venus l'escorter jusqu'à son domicile.

Dans un discours, il a annoncé avoir signé un décret acceptant la démission du gouvernement, ce qui risque d'aggraver l'impasse politique dans le pays en plein effondrement économique.

Le Premier ministre Najib Mikati avait démissionné à l'issue des législatives du printemps dernier et avait été de nouveau choisi par les députés pour former un gouvernement.

"Ce matin, j'ai signé le décret considérant le gouvernement démissionnaire", a annoncé le président.

La décision du chef de l'Etat, un chrétien maronite selon le partage de pouvoir communautaire dans le pays, intervient dans le cadre de son bras de fer avec le Premier ministre, un musulman sunnite, qui empêche la formation d'un nouveau gouvernement.

Mais selon les experts, sa décision n'aura pas de véritable impact sur l'action du gouvernement de M. Mikati, chargé d'expédier les affaires courantes.

Le mandat de six ans de Michel Aoun s'achève lundi sans que les députés soient parvenus à élire son successeur en raison de leurs divergences politiques.

Des milliers de fidèles du chef de l'Etat, fondateur du Courant patriotique libre (CPL), allié au Hezbollah pro-iranien, avaient afflué au palais présidentiel à Baabda.

"Nous sommes venus escorter le président à la fin de son mandat, pour lui dire que nous sommes avec lui et que nous poursuivrons la lutte à ses côtés", a affirmé Joumana Nahed, une institutrice.

Le Parlement s'est déjà réuni à quatre reprises depuis un mois en vain, ni le camp du Hezbollah musulman chiite, le puissant mouvement armé qui domine la vie politique au Liban, ni celui de ses opposants ne disposant d'une claire majorité pour imposer un candidat.

Brandissant des portraits du président Aoun, 87 ans, habillés pour beaucoup en orange, la couleur du CPL, des dizaines de partisans de l'ancien commandant en chef de l'armée, qu'ils surnomment "général", ont passé la nuit dans des tentes aux abords du palais présidentiel.

Parmi eux, Nabil Rahbani, 59, souligne qu'il a déjà campé aux abords du palais présidentiel une première fois "entre 1989 et 1990, avant que l'aviation syrienne déloge le général du palais de Baabda".

A la fin de la guerre civile, des milliers de partisans de Michel Aoun, alors chef d'un gouvernement de militaires et qui refusait de remettre le pouvoir à un président élu, avaient campé aux abords du palais pour le soutenir, avant qu'il en soit délogé par une opération militaire syrienne en octobre 1990 .

Le mandat de Michel Aoun a été marqué par l'effondrement économique, une explosion qui a ravagé Beyrouth et un soulèvement populaire inédit. (AFP)