International
Netanyahu demande au Congrès américain de l’aider à hâter l’extermination des Palestiniens
La représentante américaine Rashida Tlaib, démocrate du Michigan, proteste pendant le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une réunion conjointe du Congrès au Capitole américain, le 24 juillet 2024, à Washington, DC. (Photo by SAUL LOEB / AFP)
Dans un discours enflammé et haineux, Benjamin Netanyahu a appelé mercredi les Etats-Unis et Israël à "rester unis" face à ce qu’il appelle « la menace du Hamas et de l'Iran », défendant avec hargne la guerre menée dans la bande de Gaza et condamnant ceux qui manifestent contre.
La "victoire" d'Israël sera aussi celle des Etats-Unis, a lancé le Premier ministre israélien devant un « Congrès américain divisé » selon l’AFP, après plus de neuf mois de guerre dans la bande de Gaza.
"Pour que les forces de la civilisation triomphent, l'Amérique et Israël doivent rester unis", a-t-il dit depuis l'hémicycle de la Chambre des représentants, sous les applaudissements nourris d'élus républicains.
"Au Moyen-Orient, l'axe de la terreur de l'Iran défie les Etats-Unis, Israël et nos amis arabes. Il ne s'agit pas d'un choc de civilisations, mais d'un choc entre la barbarie et la civilisation", a ajouté M. Netanyahu sans vergogne.
Le dirigeant de l’extrême-droite israélien a été ovationné des dizaines de fois par le camp républicain alors que seulement quelque 60 élus démocrates dont l'ancienne "speaker" Nancy Pelosi, ont boycotté son discours.
Ils condamnent sa conduite de la guerre qui s'est traduite par des dizaines de milliers de morts palestiniens -- 39.145 selon un dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza -- et une catastrophe humanitaire.
Au dehors, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le Capitole pour protester contre la venue de M. Netanyahu, qualifié de criminel de guerre par plusieurs pancartes. Une bannière étoilée américaine a été brûlée.
"J'ai un message pour ces manifestants: (...) vous êtes officiellement devenus les idiots utiles de l'Iran", a déclaré M. Netanyahu avec la même arrogance au Congrès.
Hommage à Trump
Profitant de cette tribune, le dirigeant a exhorté les Etats-Unis à continuer à livrer à Israël de l'aide militaire afin d'"accélérer la fin de la guerre", en d’autres termes de hâter l’extermination des Palestiniens. Washington a suspendu une toute petite partie de son aide - des bombes d'un certain calibre - sans pour autant cesser son soutien.
"Nos ennemis sont vos ennemis et notre victoire sera votre victoire", a déclaré Benjamin Netanyahu au moment où certains le soupçonnent de traîner des pieds pour conclure un cessez-le-feu. Il a affirmé que son pays ferait "tout le nécessaire" pour "rétablir la sécurité" à sa frontière nord avec le Liban.
C'est la quatrième fois - un record pour un dirigeant étranger - que M. Netanyahu s'adresse ainsi au Congrès, un honneur généralement réservé aux dirigeants en visite d'Etat.
Jeudi, il rencontrera le président Biden, avec lequel il entretient des relations compliquées. La vice-présidente Kamala Harris, désormais candidate démocrate à la Maison Blanche, avait avancé un déplacement déjà prévu pour justifier son absence, largement commentée. Mais elle s'entretiendra séparément avec lui jeudi.
M. Netanyahu se rendra ensuite vendredi en Floride, à l'invitation de Donald Trump qu'il a longuement remercié dans son discours. Les deux hommes disent s'entendre à merveille.
"Administration civile" à Gaza
La visite du Premier ministre israélien, arrivé lundi à Washington, provoque des remous en pleine effervescence politique aux Etats-Unis avec le retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche.
Les Etats-Unis sont le premier allié et principal soutien militaire d'Israël sans lequel l’Etat hébreu ne tiendrait pas.
Mais l'administration Biden s'est agacée ces derniers mois des conséquences de la riposte israélienne à l'attaque menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, insistant sur la protection des civils et l'entrée de l'aide humanitaire.
M. Netanyahu a par ailleurs évoqué la période d'après-guerre à Gaza, prétendant qu'Israël ne souhaitait pas "réoccuper" le territoire palestinien. Il a plaidé la "démilitarisation et la déradicalisation" de la bande de Gaza, avec l'appui d'une "administration civile dirigée par des Palestiniens qui ne cherchent pas à détruire Israël".
Mais "dans un avenir proche, nous devrons y maintenir un contrôle de sécurité prépondérant afin d'empêcher la résurgence de la violence et de faire en sorte que Gaza ne constitue plus jamais une menace pour Israël".
Mais aucun mot sur un Etat palestinien auquel il est farouchement opposé. (Quid avec AFP)