International
Nouvelles frappes russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes
Des pompiers ukrainiens travaillent sur un bâtiment détruit après une attaque de drones à Kiev le 17 octobre 2022, en pleine invasion russe de l'Ukraine. Les responsables ukrainiens ont déclaré le 17 octobre 2022 que la capitale Kiev avait été frappée à quatre reprises lors d'une attaque russe tôt le matin avec des drones iraniens qui ont endommagé un immeuble résidentiel et visé la gare centrale. (Photo de Yasuyoshi CHIBA / AFP)
De nouvelles frappes russes ont touché mardi des infrastructures énergétiques dans plusieurs villes d'Ukraine, dont la capitale Kiev, au lendemain d'une vague d'attaques similaires menées notamment à l'aide de drones-suicides.
Alors que l'hiver approche, "depuis le 10 octobre, 30% des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des pannes massives dans tout le pays", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Twitter, s’obstinant dans son refus de négocier avec son homologue russe Vladimir Poutine.
"La situation est critique maintenant dans tout le pays, car nos régions sont dépendantes les unes des autres", a déclaré un responsable de la présidence, Kyrylo Timochenko, à la télévision, jugeant "nécessaire que tout le pays se prépare à ce qu'il puisse y avoir des pannes d'électricité, d'eau et de chauffage".
Vers 10H00 GMT, ces attaques avaient fait au moins un mort à Mykolaïv (sud) et deux à Kiev, selon les autorités, et touché des dizaines de villes et villages du pays. Des pannes d'électricité étaient signalées dans la capitale et d'autres régions.
Lundi déjà, des frappes russes, à l'aide notamment de drones kamikazes, avaient fait au moins neuf morts, dont cinq à Kiev, et provoqué des coupures de courant dans trois régions.
Et une semaine auparavant, le 10 octobre, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois, probablement en réaction à l’offensive ukrainienne fortement soutenu par l’encadrement, le renseignement l’armement et la logistique occidentaux, ont touché également les infrastructures énergétiques, faisant au moins 19 morts et 105 blessés. Les alliés occidentaux de Kiev avaient alors promis plus de systèmes de défense antiaérienne, dont certains ont déjà été livrés.
‘’Drones iraniens’’
L'opérateur ukrainien Energoatom a par ailleurs accusé mardi l'armée russe d'avoir "enlevé" deux cadres de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), la plus grande d'Europe, qu'elle occupe depuis mars. La centrale est régulièrement victime de bombardements et de coupures de courant depuis l'invasion russe le 24 février, faisant craindre une catastrophe nucléaire.
"Sur les dernières 24 heures, l'ennemi a lancé 10 attaques de missiles et 58 attaques aériennes, et effectué jusqu'à 60 tirs de lance-roquettes multiples", a résumé mardi matin l'état-major ukrainien.
A en croire ce dernier , l'armée russe aurait eu recours à 43 drones "Shahed-136 de fabrication iranienne", dont "38’’ auraient ‘’été abattus par des soldats ukrainiens", et revendiqué "22 frappes" menées lundi par l'aviation ukrainienne.
"Nous n'avons pas de telles informations", a répliqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la question d'un journaliste sur l'utilisation de drones iraniens par Moscou en Ukraine. "De la technologie russe est utilisée, avec des noms russes", a-t-il ajouté.
Kiev a demandé lundi à l'UE d'imposer davantage de sanctions à l'Iran, estimant que "l'Iran est responsable du meurtre d'Ukrainiens". Téhéran a réitéré ses dénégations : "L'Iran n'a exporté d'armes vers aucune des parties en guerre", a affirmé Nasser Kanani, le porte-parole de sa diplomatie.
Washington a menacé de sanctionner les entreprises ou Etats collaborant au programme de drones de l'Iran après les attaques de lundi.
"Terroriser et tuer"
Les Russes "continuent de faire ce qu'ils font le mieux - terroriser et tuer des civils. A Mykolaïv, l'ennemi a détruit un immeuble d'habitation avec des missiles C-300. Une personne a été tuée", a dénoncé Volodymyr Zelensky.
Selon les autorités locales, la victime était un homme de 55 ans retrouvé dans les décombres de l'immeuble après une frappe nocturne.
A Kiev, l'opérateur DTEK a rapporté un mort et six blessés et des "interruptions" dans l'approvisionnement en électricité et en eau pour les habitants de la rive gauche de la capitale. "Les ingénieurs déploient tous les efforts nécessaires pour rétablir l'approvisionnement", a-t-il indiqué sur Facebook.
"Il y a eu trois frappes sur des installations électriques" dans l'est de Kiev, a indiqué Kyrylo Tymochenko, un proche conseiller de la présidence ukrainienne, dans un message posté sur un réseau social.
Le maire de la ville, Vitali Klitschko, a appelé les habitants à économiser l'eau et l'électricité.
A Dnipro, "les Russes ont frappé une infrastructure énergétique (...) avec deux missiles. Il y a un incendie et de graves dégâts", a indiqué le chef de l'administration militaire régionale, Valentyn Reznichenko, évoquant coupures de courant et d'eau à travers la région.
A Kharkiv, "l'ennemi a lancé huit missiles sur la ville depuis la ville russe de Belgorod", selon le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, qui n'a pas signalé de victime.
D'autres bombardements ont touché la ville de Jytomyr, située à l'ouest de Kiev, selon M. Tymochenko. L'eau et l'électricité y étaient coupées, a précisé le maire Serguiï Soukhomline.
Lundi, les bombardements russes avaient déjà touché Kiev, les environs de Kharkiv et Soumy (nord-est), de Donetsk (est), de Dnipropetrovsk (centre-est) ou de Kherson et Mykolaïv (sud).
"Haute précision"
L'armée russe, qui va envoyer jusqu'à 9.000 soldats et quelque 170 chars au Bélarus, un allié de Moscou frontalier de l'Ukraine, s'était félicitée lundi d'avoir atteint toutes ses cibles, avec "des armes de haute précision".
Les Russes "attaquent des infrastructures essentielles (...) Les choses dont les gens ont besoin dans leur vie quotidienne et qui ne sont pas des cibles militaires", a estimé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. "C'est un signe de désespoir de la part de la Russie".
L'armée russe est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est la zone de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre aux Ukrainiens depuis l'été.
Cependant, malgré ce contexte, 108 femmes, en grande partie des militaires, ont pu être libérées à la faveur d'un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, selon la présidence ukrainienne.
En Russie même, l’armée ukrainienne a bombardé deux villages dans la région frontalière de Koursk, Tiotkino et Popovo-Lejatchi, provoquant des coupures d’électricité, ont affirmé mardi les autorités russes. Dans la région de Belgorod, également frontalière de l’Ukraine, les tirs ukrainiens ont frappé une gare ferroviaire, provoquant des dégâts et faisant un blessé, selon le gouverneur Viatcheslav Beglov.
La veille, non loin de là, 13 personnes avaient été tuées et 19 blessées à la suite de la chute d'un avion militaire russe qui a provoqué un gigantesque incendie à Ieïsk (sud-ouest). L'avion s'est écrasé dans un immeuble résidentiel où habitaient 600 personnes de cette ville de 90.000 habitants située en face de la ville ukrainienne de Marioupol, dévastée par un siège des forces russes au début du conflit.
Les enquêteurs russes ont dit mardi privilégier la piste d'un "défaut technique" sur l'avion. (AFP)