Plus que la Syrie, l’Algérie réunit toutes les conditions de son exclusion de la Ligue arabe - Par Taieb Dekkar

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Le pouvoir militaire en Algérie avait pour sa part assassiné plus de 200.000 Algériens, chiffre officiel qu’il y’a lieu de prendre avec beaucoup de réserve, en plus de 40.000 disparus dont le sort reste inconnu à ce jour

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La ligue des Etats arabes, ainsi que désignée par ses fondateurs, serait-elle fondée juridiquement à expulser ou geler l’adhésion de l’Algérie, pour violation des principes fondamentaux énoncés dans sa Charte ? 

Le régime de Bachar Al Assad, au pouvoir pendant 25 ans, est responsable de la mort de 500.000 Syriens, depuis 2011, date du déclenchement du printemps arabe, mouvement spontané et libre de contestation des dictatures militaires arabes, comme la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Yémen et l’Algérie. Six millions de Syriens avaient fui leurs pays, à cause de la guerre civile déclenchée dans le pays, où plusieurs factions opposées s’entretuaient ou combattaient le régime pour le contrôle du pouvoir central à Damas. 

200.000 Algériens assassinés

 La Syrie a été provisoirement suspendue en 2011 de la Ligue des Etats arabes, à cause du génocide perpétré par le régime contre des populations syriennes, qui ont été victimes dans plusieurs situations, d’attaques chimiques, selon les témoignages d’organisations internationales spécialisées. Le pouvoir militaire en Algérie avait pour sa part assassiné plus de 200.000 Algériens, chiffre officiel qu’il y’a lieu de prendre avec beaucoup de réserve, en plus de 40.000 disparus dont le sort reste inconnu à ce jour. La guerre menée contre une frange de la population, qui avait remporté haut la main des élections (décembre 1991) organisées par le pouvoir et jugées par lui de transparentes et honnêtes, avait aussi, comme en Syrie, poussé des centaines de milliers, plus de deux millions de personnes, à abandonner leurs foyers pour s’installer dans les périphéries des grandes villes, pour fuir la guerre civile, pendant dix ans. 

Plus grave, sur le plan éthique, la ligue des États arabes avait envoyé une mission d’observateurs en Algérie, pour suivre ces élections et attester de leur bon déroulement. La suspension du deuxième tour des élections devait constituer théoriquement et logiquement pour la ligue des États arabes, un acte injustifié de rupture d’un processus démocratique conduit jusqu’alors dans des conditions transparentes, honnêtes et crédibles. L’interruption du processus électoral était en elle-même un acte condamnable, qui justifiait, à lui seul, la suspension de l’Algérie de la ligue arabe.

 L’Algérie et la Syrie ont perpétré des crimes contre l’humanité de même ampleur, mais seule la Syrie avait provoqué une riposte arabe « robuste », portant sur son expulsion de la ligue arabe, pour des motifs pourtant identiques.

Algérie, l’héritière du dépeçage colonial

Sur un autre plan, l’Algérie, comme la Syrie, viole un principe fondamental de la Charte de la ligue des Etats arabes. L’Algérie héberge et abrite sur son territoire, finance et arme un mouvement terroriste, qui revendique une portion du territoire d’un pays voisin, membre de la ligue des Etats arabes et autorise des agressions militaires depuis son territoire contre un pays « frère ». L’Algérie abrite «une république arabe sahraouie » que ne reconnait aucun pays arabe et qui n’est pas membre, de surcroit, de La ligue des Etats arabes. L’Algérie vient de reconnaitre un autre mouvement de libération, qui plaide pour la mise en place d’une autre république dans le nord du pays, dans le Rif. 

 Donc, l’Algérie, qui est membre de la ligue arabe, offre tous ses moyens diplomatiques, militaires, financiers et médiatiques à deux soi-disant «républiques» au Royaume du Maroc, l’une au sud, la deuxième au nord du pays, qui n’existent réellement que dans l’imaginaire de la junte militaire algérienne et de quelques diplomates naufragés de ce même pays « frère ».

Soixante-dix ans après l’indépendance du Maroc, qui a fait l’objet d’un dépeçage de son territoire entre plusieurs puissances coloniales, au début du 20eme siècle, presque un siècle après l’occupation de l’Algérie, nous voilà devant un nouveau projet de morcellement du Maroc en plusieurs «républiques»,  concocté  cette fois-ci par nos «frères», comme leurs « ancêtres »  français, espagnols et autres. 

La ligue des Etats arabes continuera-t-elle à se comporter passivement face à ces violations permanentes de sa Charte par l’Algérie ? 

Cette Charte « interdit à tout Etat membre de recourir à la force pour le règlement des conflits pouvant surgir entre Etats membres » (Article 5).  Dans le cas d’espèce, l’Algérie abrite sur son sol un groupe terroriste, qu’elle autorise à commettre des agressions contre le Royaume depuis son territoire.  Selon la même Charte adoptée en 1945, «Tout Etat membre s’engage » aussi  «à respecter le régime de gouvernement établi dans les autres Etats membres » (Article 8). Tout Etat membre s’engage aussi « à s’abstenir de toute action tendant au changement de ce régime» (Article 8).  Dans son article 18, il est aussi indiqué que le Conseil de la ligue arabe « peut exclure tout membre qui n’a pas rempli les engagements de cette Charte », dispositif sur la base duquel la Syrie avait été suspendue de la Ligue arabe, à la majorité des pays membres. 

A la lumière du dispositif de cette Charte, il est clairement établi que le régime militaire d’Alger, comme ceux de Syrie et de la Libye de Khaddafi notamment, violaient gravement la Charte, dans ses fondements essentiels. L’Algérie, outre qu’elle multiplie la création de républiques chimériques, appelées à demeurer sur son territoire, a depuis toujours engagé des opérations subversives et des campagnes médiatiques sans interruption pour le changement de régime au Maroc, un régime qui n’est pas né qu’en 1962 comme en Algérie.