Quand Israël décuple à l’infini la loi de Talion – Par Mohamed Chraibi

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Des enfants palestiniens après une attaque israélienne, le 23 octobre 2023, attendent par terre à l'hôpital de Rafah, au sud de la bande de Gaza. Des crimes comme ceux commis sous nos yeux aujourd’hui à Gaza ont été commis sous le regard des combattants du 7 octobre alors qu’ils étaient enfants, à différents stades de leur développement psychique. (Photo AFP)

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« Après tant d'années que le cou de l'occupé étouffait sous votre talon de fer, et qu'il a tout à coup levé les yeux vers vous, quel regard pensiez-vous y lire ?» (Les mains sales. J.P. Sartre)

"Si une blessure s'ensuit, tu donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, contusion pour contusion." (Torah, Exode 21:23-25, dite la loi de Talion)

On peut se demander si la sauvagerie des actions du Hamas et du Jihad islamique du 7 octobre 2023 peut justifier celles des bombardements de la bande de Gaza qui se déroulent sous nos yeux depuis lors avec plus de 10 000 morts et davantage de blessés dont l’écrasante majorité des femmes et des enfants. 

Ma réponse est un « Non » catégorique et je le dis à un moment où, pour avoir droit à la parole, dans certains médias, on est sommé de commencer par « dénoncer l’abjecte ignominie des actes commis par les terroristes du Hamas… », dans une surenchère ridicule aux images les plus épouvantables. Oubliant ou ignorant, sans doute, ce quatrain qu’ils entonnent avec ferveur aux grandes occasions : 

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras

Égorger vos fils, vos compagnes ! 

Pour ma part, je vois à l’origine du comportement inhumain (sans « ») des combattants palestiniens les cruautés commises par Israël sur les Palestiniens depuis plus de 40 ans. Les attaquants du 7 octobre 2023 sont, pour la plupart, des jeunes nés autour de l’année 2000. Or depuis le retrait des Israéliens de Gaza, en 2005, ce minuscule territoire a subi plus de 10 assauts meurtriers de l’armée israélienne au cours desquels celle-ci a commis des atrocités contre sa population.  Des crimes comme ceux commis sous nos yeux aujourd’hui à Gaza ont été commis sous le regard des combattants du 7 octobre alors qu’ils étaient enfants,  à différents stades de leur développement psychique. 

Pour rappel : Les occidentaux (et d’autres à travers le monde) s’alarment, ces derniers temps, des traumatismes infligés à leurs enfants par d’autres enfants. À juste titre, quand on sait que des adolescents attentent à leurs vies suite à des brimades répétées, soit directement dans les cours d’écoles soit à travers les réseaux sociaux. Mais Il n’y a pas que les traumatismes psychiques causés par la violence subie, il y aussi ceux résultant de la violence infligée ou dont on a été témoin. Sait-on, par exemple, que 15% des vétérans américains déployés en Iraq souffrent de troubles post-traumatiques conduisant à l’addiction aux drogues dures, à l’alcoolisme et parfois au suicide? 

Ce rappel donne une idée de l'ampleur des dégâts sur les cerveaux des enfants de Gaza causés par les scènes de cruauté vécues "live". Aucun des soldats américains qui se sont livrés à des actes de barbarie sur des civils en Iraq et au Vietnam (rappelons-nous l’image de la petite vietnamienne nue courant éperdument, seule, après l'attaque au napalm de son village). Ni aucun des soldats israéliens qui massacrent les enfants de Gaza et leurs parents sous leurs yeux, n’avait subi, enfant, les mêmes scènes d'horreur que les combattants du Hamas et du Jihad. Ces enfants ont été déshumanisés et les Israéliens le savent pour les traiter aujourd’hui d’animaux humains. Insulte odieuse mais, remise dans son contexte elle devient simple constat. Animaux humains, peut-être, mais qui les a créés ?

Justifier les atrocités commises par Israël en ce moment à Gaza par celles commises en Israël le 7 octobre aux mains des jeunes combattants palestiniens est un non-sens flagrant. 

Avec 400 morts par jour à Gaza (sans compter les blessés dont la plupart sont condamnés faute de moyens pour les soigner), si les israéliens s’en tiennent à la loi du Talion inscrite dans leur Torah il y a trois semaines qu’ils auraient dû arrêter leurs massacres. Non, ils veulent « éradiquer le Hamas ». Or rien ne permet de faire le tri entre les combattants et la population civile. Je doute qu’il y ait une seule famille de Gaza qui n’ait un fils dans les rangs du Hamas ou du Jihad islamique. Les israéliens n’ont qu’un moyen d’éradiquer le Hamas : exterminer non seulement la population de Gaza mais tous les Palestiniens. Le Hamas et le Jihad sont présents en Cisjordanie et dans la diaspora, notamment dans les camps de réfugiés au Liban, en Jordanie et ailleurs. Le projet des israéliens est par définition un génocide analogue à celui que les nazis avaient méthodiquement planifié pour leurs ascendants. 

Le projet israélien échouera comme a échoué la « solution finale » avant lui. Quelle que soit l’ampleur des massacres, quelques enfants survivront qui reprendront le combat avec plus de ferveur et de bestialité (n’ayons pas peur des mots quand ils sont utilisés dans leur contexte) que leurs aînés. Israël aveuglé par sa haine et son désir de vengeance ne se rend pas compte qu’il prépare aujourd’hui, les combattants de demain. 

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