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Quand l'Afrique s'éveillera… - Par Dr Samir Belahsen
Si éveil il y aurait, il devrait se baser sur et permettre de maintenir ce que l’Afrique a de plus précieux : Sa paisibilité naturelle et Sa sagesse ancestrale.
En paraphrasant Alain Peyrefitte, qui écrivait en (1973), «Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera», une citation qu’on prête à Napoléon Bonaparte, Abdeslam Seddiki osait en 2018 : «Quand l’Afrique s’éveillera, le monde tremblera». Il commentait le rapport que venait de publier l’Institut Royales des Etudes Stratégiques (IRES), intitulé «Pour un développement autonome de l’Afrique» (Rapport stratégique 2018).
Mais ce débat a commencé plutôt
En 1999, déjà, David Junior abordait, sous le titre « quand l’Afrique s’éveillera », la problématique de la démocratie et du développement sous l'angle du conflit d'intérêts. Il partait en croisade contre l'afro-pessimisme ambiant en préconisant une voie africaine de développement, seule capable de juguler le conflit universel d'intérêts. Il évoquait dès lors, et déjà, les dérapages et les méfaits de la démocratie occidentale telle qu'elle a été imposée en Afrique. Il avait sur l'actualité africaine de l’époque un regard vigilant empreint de géopolitique, de philosophie et de sociologie.
Le congolais Hervé Mahicka, sous le titre « l’Afrique, une promesse - Comment l’Afrique s’éveillera », en 2018, partait du constat que l’Afrique était riche en ressources mais ses habitants étaient pauvres. L’opposant politique congolais en exil, proposait une économie politique du développement de l’Afrique subsaharienne appuyée sur deux secteurs essentiels : l’agriculture et l’apprentissage. Pour lui, la clé de l’industrialisation elle-même réside dans la hausse de la production agricole. Les conditions ont trait à la formation des ressources humaines, à l’accès au crédit, à la technologie et au protectionnisme. L’objectif étant la sortie de l’économie de rente basée sur les produits miniers.
Il indiquait que la valorisation et la transformation de l’économie informelle réveillerait les secteurs étouffés par la bureaucratie. Il pointait la détérioration de l’échange entre le continent et les anciennes puissances coloniales, le rôle plus que contesté des institutions financières internationales. Dans le comment, il appelait à plus d’intégration régionale, interrégionale et continentale.
L’Afrique gagnerait-elle à tirer quelques leçons de l’exemple chinois ?
La Chine a pu déjouer deux pièges qui bloquent l’éveil et le décollage de l’Afrique. Le premier est celui de la «rente mémorielle», le second est celui de l’industrie du ressentiment selon YORO DIA.
Le Parti communiste Chinois a su faire de l’humiliation par les Occidentaux avec les traités inégaux, et le Japon lors de la deuxième guerre mondiale, le moteur pour renforcer l’orgueil national, mobiliser les énergies individuelles et collectives et faire de la bataille du développement une cause nationale.
C’est ce qu’on peut appeler une propagande productive.
En Afrique, dans certains pays plus que d’autres, la rente mémorielle est utilisée plus pour justifier les échecs des élites 60 ans après les indépendances. Des récits nationaux se sont bâtis sur les lamentations.
Aujourd’hui, 22 Aout 2023, l’Afrique reçoit un sommet important BRICS- Afrique. L’Afrique y assiste en rangs, pour le moins, dispersés.
L’Union Africaine vient d’annoncer la suspension du Niger de tous ses organes tout en appelant à une solution diplomatique. Des pays de la CEDEAO préparent une guerre non autorisée par le conseil de sécurité contre le Niger pour déloger l’armée et replacer le président déchu Mohamed Bazoum. Elle vient de rejeter une proposition de la junte au pouvoir au Niger prévoyant une période de transition de trois ans pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Le vice-ministre Russe de la défense est arrivée mardi en Libye sur invitation du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est du pays.
Ce qui se met ainsi en place, n’augure rien de bon.
Dans un précédent article, je n’avais pas caché mon inquiétude de voir toute la région déstabilisée pour une longue période. Une nouvelle guerre d’Ukraine en plein centre de l’Afrique, c’est le cauchemar…
Quelques chefs d’État mal élus font les va-t’en guerre sous la pression mal éclairée d’une puissance étrangère qui finira par plier bagage bien avant le rétablissement de la démocratie.
Comme d’habitude… Ce qui se concocte pour le continent dans les pénombres malsaines des chancelleries n’a pour synonyme de la dévastation.
C’est dire que l’éveil n’est pas seulement requis en urgence, mais il est la condition sine qua non pour que plus personne ne puisse prétendre encore que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire. Et si éveil il y aurait, il devrait se baser sur et permettre de maintenir ce que l’Afrique a de plus précieux :
Sa paisibilité naturelle et Sa sagesse ancestrale.