Royaume-Uni : Entre ''grooming gangs'' et attaques de Musk, un début d’année difficile pour Starmer - Par Abdelghani AOUIFIA

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Pendant des décennies, des gangs organisés ont exploité des centaines d’enfants au Royaume-Uni, sous le regard passif des autorités. Le scandale, désormais connu sous le nom de grooming gangs, révèle que la police, les services sociaux et la justice, ont été réticents à protéger les victimes face à ces crimes

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Par Abdelghani AOUIFIA – Bureau de MAP à Londres

Londres - Elon Musk, le magnat américain et membre de la future administration américaine, s’est invité dans la scène politique britannique en ce début d’année, animant les débats dans un pays où le gouvernement est confronté à une tâche titanesque pour relancer une économie en berne.

Tel un invité indésirable, l’homme d’affaires d’origine sud-africaine et propriétaire de la plateforme X, a ponctué les fêtes de fin d’année 2024, avec des messages sur l’ancien Tweeter à l’adresse du Premier ministre travailliste, Keir Starmer, appelant, entre autres, à la libération d’un agitateur d’extrême droite actuellement incarcéré pour violation d’une décision de la justice qui lui interdisait de répéter des propos diffamatoires envers un réfugié syrien.

Musk et « Grooming gangs »

L’appel n’est qu’une salve d’une série d’attaques contre le gouvernement britannique, qui se retrousse les manches pour lancer, en grande pompe, des projets stratégiques notamment le sauvetage du NHS, le service de santé public si cher aux Britanniques, afin de relancer un mandat marqué par des hauts et des bas depuis le retour du labour au pouvoir suite aux élections législatives de l’été dernier.

Dans la foulée, Musk a repoussé aux devants de la scène politique britannique le débat sur les « Grooming gangs », une affaire d’abus et d’exploitation de jeunes filles qui a marqué le Royaume-Uni ces dernières années.

L’affaire a dominé les débats mercredi à l’occasion de l’hebdomadaire séance de questions orales à la chambre des Communes, chambre basse du parlement de Westminster, où Starmer s’est engagé dans des échanges virulents avec la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch.

Le parti conservateur en perte de vitesse depuis sa défaite cuisante lors des dernières législatives, voulait saisir l’occasion pour reconstruire sa popularité, en surfant sur la vague provoquée par Musk, commentent les analystes de la presse londonienne.

Un appel a ainsi été lancé par les Tories pour une enquête nationale sur l’affaire d’abus qui avait défrayé la chronique en Grande-Bretagne.

Mais l’offensive conservatrice a été vite avortée suite à un vote mercredi soir aux Communes, où les travaillistes possèdent une majorité confortable. Le débat, soulignent les analystes, n’est que la partie visible d’une guerre que le parti au pouvoir mène contre l’extrême droite qui semble monter en puissance dans le pays, tirant parti d’un certain nombre de maux sociaux dont la hausse de l’immigration.

L’extrême droite à l’œuvre et à l’affût

Une analyse réalisée par la chaine d’informations en continu, Sky News, a montré que des comptes de l’extrême droite sur X ont amplifié le débat sur l’affaire des abus.

Les discussions sur ce genre d’affaires « sont souvent un cri de ralliement pour les réseaux d’extrême droite », explique un porte-parole de l’institut britannique du dialogue stratégique, cité par Sky.

Au summum du débat sur l’affaire des abus, le Premier ministre britannique n’a pas hésité à qualifier la campagne de « poison de l’extrême droite » qui infecte la scène politique.

« La direction du parti conservateur et les députés de Reform (extrême droite), qui marchent au rythme d’Elon Musk, exploitent clairement le traumatisme des victimes à leurs propres fins politiques », a regretté, pour sa part, Nadia Whittome, députée travailliste.

Au milieu du débat, le gouvernement britannique a annoncé, mercredi, le gel des actifs d’un groupe d’extrême droite, « Blood and Honour », un développement qui traduit, d’après les commentateurs, le clash qui s’accentue en terre britannique avec l’extrême droite.

Ce réseau international fondé en 1987, est soupçonné, selon le gouvernement, « d’être impliqué dans des activités terroristes ».

« Tous les actifs et ressources économiques au Royaume-Uni détenus ou contrôlés ou appartenant à Blood and Honour doivent maintenant être gelés », a dit le gouvernement britannique dans un communiqué.

Selon le communiqué, il existe « de bonnes raisons » de penser que ce groupe cherche à « recruter des personnes » et met « des fonds à disposition pour les besoins de ses activités terroristes ».

Le Premier ministre travailliste n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme, depuis l’été dernier, face à la montée de l’extrême droite.

Lors d’un déplacement en août dernier à Paris, il a manifesté son inquiétude. « Je pense qu’il est très important que nous ayons un débat sur la manière d’y faire face. Personnellement, je pense que la voie à suivre consiste à fournir des résultats, à montrer qu’il existe des réponses démocratiques progressistes aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés », avait dit Starmer.

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