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Sénégal : Tension persistante et16 morts déjà
Un policier tire avec un lance-pierre sur des manifestants à Dakar, le 1er juin 2023, lors d'une manifestation. Un tribunal sénégalais a condamné jeudi le chef de l'opposition Ousmane Sonko, candidat à l'élection présidentielle de 2024, à deux ans de prison pour "corruption de la jeunesse", mais l'a acquitté des accusations de viol et de menaces de mort. (Photo JOHN WESSELS / AFP)
Une nouvelle personne est morte samedi dans des troubles à Dakar, portant à 16 le nombre de décès depuis la condamnation jeudi de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko à deux ans de prison, selon le ministère de l'Intérieur, qui avance une "nette baisse des points de tension et des arrestations". Mais on ne connait pas le nombre des blessés.
En revanche, ‘’environ 500 arrestations" ont été menées depuis le début du mouvement contestataire, précise le ministre. Certains parmi eux appartiennent à des formations politiques mais la majorité n'ont pas d'appartenance partisane, a-t-il ajouté.
Des manifestations spontanées ont suivi jeudi la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la "débauche" une jeune femme de moins de 21 ans.
Cette décision le rend pour l'heure inéligible. M. Sonko, populaire auprès des jeunes, crie depuis le début de l'affaire à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement.
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Samedi soir, des heurts ont éclaté dans plusieurs points de la capitale, de sa banlieue et dans le sud du pays, mais, à en croire l’AFP, agence de presse officielle de la France, de bien moindre intensité que lors des deux premiers jours de contestation qui ont fait 15 morts officiellement.
Selon le journal français Le Monde, dès la condamnation jeudi de l’opposant, ‘’dans les allées de l’université de Dakar, la désolation [a remplacé] le brouhaha et le fourmillement habituels. « Des voitures de l’université à certains bâtiments, tout a brûlé », indique Sahite Gaye, directeur de la communication de l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD). « Les sapeurs-pompiers sont même revenus aujourd’hui pour éteindre un feu au service d’archives de la faculté de médecine », ajoute-t-il. Vendredi 2 juin, la fumée qui s’échappait encore de certains véhicules calcinés témoignait de la violence des événements dont la plus grande université du Sénégal avait été le théâtre la veille.
Depuis, la tension s’est déplacée. Vendredi, après la prière, de nouveaux heurts ont éclaté dans certains quartiers de Dakar comme Dalifort, Grand Yoff et dans la banlieue de la capitale. Mais jeudi, c’est à l’université que les affrontements parmi les plus durs ont eu lieu, entre forces de l’ordre et partisans de l’opposant Ousmane Sonko, un leader politique particulièrement populaire parmi les jeunes.
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Les réseaux sociaux, comme WhatsApp, Facebook et Twitter, sont toujours coupés par le gouvernement mais le ministre de l'Intérieur a laissé entendre samedi soir qu'ils seraient rétablis quand la situation serait calmée admettant par-là que le haute tension persiste dans le pays.
Les appels à la retenue et au dialogue se sont multipliés ces deux derniers jours, de la part de plusieurs pays, d'organisations internationales et de personnalités sénégalaises, tels que le chanteur Youssou N'Dour ou le footballeur Sadio Mané.
Le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), a déploré les pertes de vies humaines à la suite des violences survenues depuis jeudi à Dakar, Ziguinchor et dans d'autres localités du Sénégal, en appelant "au calme et et à la plus grande retenue".
"L'UNOWAS condamne toutes formes de violence et présente ses condoléances aux familles des victimes, au peuple et au gouvernement du Sénégal", souligne un communiqué de ce Bureau.
Elle appelle "au calme et à la plus grande retenue, et exhorte les Sénégalais à prendre les mesures nécessaires pour éviter davantage de violences, et sauvegarder la paix et la cohésion sociale", ajoute le communiqué.
Mais les camps d'Ousmane Sonko et de Macky Sall se renvoient la responsabilité des violences et des morts.
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Dans un communiqué dimanche, le Pastef, parti de M. Sonko, condamne "la répression meurtrières des forces de défense et de sécurité" et accuse le pouvoir d'utiliser "des milices privés" pour "mater" les populations civiles. Il donne un bilan de 19 morts parmi les manifestants.
Il exhorte les Sénégalais "à se défendre par tous les moyens et à riposter".
Le gouvernement dénonce pour sa part les "actes de vandalisme et de banditisme", œuvre des partisans de M.Sonko soutenus par des "forces occultes", "des étrangers" venus "déstabiliser le pays" et le "plonger dans le chaos". (Quid avec MAP et AFP)