Syrie: Assad dénonce une tentative de ''redessiner'' la carte régionale après l'assaut rebelle

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Une photo diffusée par le ministère irakien de la Défense montre du matériel militaire irakien transporté vers la frontière syrienne, le 2 décembre 2024. Le 30 novembre, le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani a déclaré au président syrien Bachar al-Assad que la sécurité de son pays était essentielle à la stabilité de l'ensemble de la région. (Photo : via / AFP)

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Le président syrien Bachar al-Assad a dénoncé lundi une tentative de "redessiner" la carte du Moyen-Orient, après une offensive fulgurante des rebelles qui ont réussi à prendre de vastes régions du nord de la Syrie aux forces gouvernementales.

Pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, le régime Assad a perdu le contrôle d'Alep, la deuxième ville du pays, un revers cinglant infligé par une coalition qui a profite des incursions israéliennes en territoire syrien pour mettre en difficulté le régime en palce. Cette coalition inclure le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham (HTS), un autre nom d’Al Qaïda devenu fréquentable pour l’Occident, et des factions rebelles syriennes dont certaines appuyées par la Turquie.

En riposte, des avions syriens et russes ont mené de nouvelles frappes sur des secteurs tenus par ces groupes dans la province d'Idleb (nord-ouest), tuant 11 civils dont cinq enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Attaque programmée qui n’attendait que l’opportunbité offerte par la cessez-le-feu au Liban, elle a été déclenchée le 27 novembre. Le HTS et rebelles, présents dans la province d'Idleb, ont lancé une offensive , s'emparant de dizaines de localités ainsi que de la ville septentrionale d'Alep à l'exception de ses quartiers nord habités par des Kurdes. Les observateurs que l’Irak est le prochain terrain des combats dans l’agenda des puissances dans la région. Pour parer à cette éventualité Bagdad a aligné d’importantes forces militaire aux frontières avec la Syrie. 

M. Assad a cherché à obtenir le soutien de ses alliés face à l'assaut qui a fait plus de 457 morts, en majorité des combattants mais incluant aussi plus de 72 civils, selon l'Observatoire, une ONG disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, le président syrien a déclaré que "l'escalade terroriste" visait à "tenter de morceler la région, d'effriter ses Etats et de redessiner la carte de la région conformément aux intérêts et aux objectifs de l'Amérique et de l'Occident".

Multitude d'acteurs 

Les violences des derniers jours, les premières de cette ampleur depuis 2020, font craindre une reprise des hostilités à grande échelle dans un pays morcelé en plusieurs zones d'influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

La Turquie, frontalière de la Syrie, ainsi que l'Iran, la Russie et les Etats-Unis ont une présence militaire en Syrie, tandis que l’aviation israélienne, sous un prétexte ou un autre,n s’y autorise des « ballades de santé »..

C'est grâce à l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah que le régime Assad avait réussi en 2011 à inverser le cours de la guerre et faire reculer les rebelles fortement soutenus par Washington et la France, en reprenant une grande partie du territoire et en 2016 la totalité d'Alep, deuxième ville de Syrie.

Accaparée aujourd'hui par sa guerre contre l'Ukraine, la Russie, qui dispose de plusieurs bases en Syrie, a dit vouloir aider M. Assad et ses forces à "repousser" les rebelles.

L'Iran a lui réitéré son soutien "ferme" au régime Assad, et son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, a rencontré les responsables turcs à Ankara après un entretien avec M. Assad.

Dans la ville d'Alep, des images de l'AFPTV ont montré des jihadistes armés patrouillant dans les rues d'Alep à bord de véhicules militaires ou à pied. Certains ont incendié un drapeau syrien ou un portrait de M. Assad, d'autres ont brandi le drapeau de la révolution.

Les rebelles ont atteint la citadelle historique d'Alep et pris des bâtiments gouvernementaux, des prisons et l'aéroport international d'Alep "sans rencontrer de résistance significative", selon l'OSDH.

Dans un communiqué conjoint, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont appelé dimanche à la "désescalade" en Syrie, soulignant l'urgence d'une "solution politique".

Les Etats-Unis, qui disposent eux aussi de soldats au sol dans le nord de la Syrie, soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes, qui ont combattu le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.

Front Kurdes/rebelles 

Les FDS oeuvrent pour évacuer "en toute sécurité" des civils kurdes de secteurs de la province d'Alep, notamment la ville de Tal-Rifaat, vers leurs "zones sûres dans le nord du pays", où elles ont instauré une administration autonome, a déclaré leur chef Mazloum Abdi.

Dimanche, des groupes rebelles proturcs ont annoncé avoir pris aux forces kurdes Tal Rifaat proche de la frontière turque, où selon l'Observatoire environ 200.000 Kurdes syriens sont encerclés.

Avant l'offensive de HTS et des rebelles, qui contrôlent une partie de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié, le nord-ouest de la Syrie bénéficiait d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu instauré en 2020, sous le parrainage d'Ankara et de Moscou. (Quid avec AFP)

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