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Tunisie : le chef d'Ennahdha entendu par un juge d'instruction antiterroriste
Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien "Ennahdha", quittant son domicile pour se rendre dans les bureaux du procureur chargé de la lutte contre le terrorisme, dans la capitale Tunis, le 20 septembre 2022.. (Photo par Fethi BELAID / AFP)
Le chef du parti tunisien islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, a comparu mercredi devant un juge d'instruction antiterroriste en lien avec l'envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak, une affaire qualifiée de politiquement motivée par son mouvement.
M. Ghannouchi, 81 ans, a été entendu par un juge du pôle judiciaire antiterroriste après avoir été interrogé toute la nuit de mardi à mercredi par les enquêteurs d'une unité de police spécialisée dans les crimes terroristes.
Le juge d'instruction, qui doit décider de l'inculpation ou non de M. Ghannouchi dans cette affaire, a fixé une nouvelle audition au 28 novembre, a indiqué à l'AFP son avocat, Samir Dilou.
"Les questions étaient infondées et les accusations manquent de preuves", a déclaré M. Ghannouchi à sa sortie du tribunal, dénonçant une tentative du pouvoir d'"éliminer un adversaire politique".
L'ancien Premier ministre Ali Laarayedh, vice-président d'Ennahdha, a été également auditionné mercredi par le pôle judiciaire antiterroriste après avoir été interrogé lundi dans le cadre de cette affaire par les enquêteurs qui avaient décidé de le maintenir en détention.
Dans cette affaire dite de "l'expédition de jihadistes", qui fut au cœur du débat politique pendant des années, et qui a refait surface ces dernières semaines en Tunisie, plusieurs responsables d'Ennahdha et des politiciens proche de mouvement sont poursuivis.
Le président tunisien Kais Saied, dont Ennahdha est la bête noire, a considérablement renforcé sa tutelle sur la Justice après s'être arrogé les pleins pouvoirs en 2021.
Après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, des milliers de Tunisiens avaient rejoint les rangs d'organisations jihadistes, notamment le groupe Etat islamique (EI), en Irak, en Syrie et en Libye.
Le parti Ennahdha, pilier des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011, est soupçonné par ses détracteurs et une partie de la classe politique d'avoir facilité le départ de ces jihadistes vers les zones de conflit, ce que le mouvement dément catégoriquement.
Ennahdha ne cesse de dénoncer des accusations "fabriquées" et accuse le pouvoir de chercher à détourner l'opinion publique des "préoccupations économiques et sociales et de la dégradation des conditions de vie".
M. Ghannouchi, qui dirigeait le Parlement dissous par M. Saied en juillet 2021, avait déjà été interrogé en juillet dans le cadre d'une enquête pour des soupçons de corruption et blanchiment d'argent liés à des transferts depuis l'étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.