Un gouvernement français de. ‘’morts vivants’’

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François Bayrou a déclaré qu'il espérait nommer un gouvernement « au cours du week-end », « en tout cas avant Noël », et qu'un budget serait adopté « à la mi-février »…. (Photo Valentine CHAPUIS / AFP)

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Il espérait un gouvernement d'ouverture, mais le nouveau Premier ministre français François Bayrou a échoué à recruter des profils marqués à gauche, se contentant d'ex-personnalités ayant exercé sous la présidence du socialiste François Hollande.

Chantre du dépassement en politique, le centriste de 73 ans souhaitait que son gouvernement comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, pour modifier le centre de gravité de son gouvernement par rapport à celui de son prédécesseur, le conservateur Michel Barnier, renversé le 4 décembre par des députés de la gauche et de l'extrême droite.

M. Bayrou est le sixième chef du gouvernement depuis la première élection de M. Macron en 2017 et le quatrième depuis le début de l'année, une instabilité que n'avait pas connue la France depuis des décennies.

Il doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par M. Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (gauche / centre-droit et droite / extrême droite) dont aucun ne dispose de la majorité absolue.

A gauche, il visait notamment les socialistes, qui défendaient l'idée d'un "pacte de non censure", tout en refusant d'entrer dans un gouvernement dirigé par une personnalité extérieure à la gauche, arrivée en tête des législatives de juillet.

"Morts vivants" 

Faute d'avoir réussi à débaucher quelques socialistes - ceux qui ont été approchés ont tous décliné -, le centriste s'est rabattu sur des transfuges, d'ex-ministres de François Hollande sortis des radars et tous hostiles à l'alliance du Parti socialiste (PS) avec la gauche radicale au sein du Nouveau Front populaire (NFP).

Du "recyclage" et "une provocation", ont dénoncé les socialistes. Pour leur premier secrétaire Olivier Faure, "on attendait la nuit de Noël, on a eu celle des morts vivants".

La veille, il avait dénoncé un "gouvernement de droite extrême", faisant peu de cas des trois ex-socialistes débauchés.

Principal point d'agacement pour le PS: l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, honni dans sa famille d'origine pour des positions jugées droitières, notamment sur l'immigration. Il avait de plus décidé de soutenir Emmanuel Macron en 2017 après avoir perdu la primaire organisée par le PS.

Manuel Valls, nommé aux Outre-mer, est "la figure de celui qui a trahi la gauche", a estimé la porte-parole du PS Dieynaba Diop.

M. Bayrou, qui s'est dit "persuadé" de ne pas être censuré après son discours de politique générale le 14 janvier, a en revanche décrit "un ancien Premier ministre de gauche", "naturellement en conflit avec la gauche" sur certains sujets, et une personnalité "un peu kamikaze" qui "accepte de prendre des risques".

Parmi les autres figures issues de la gauche, l'ex-ministre du Travail François Rebsamen et l'ex-secrétaire d'Etat Juliette Meadel.

"prétendument de gauche" 

"Ca fait sept ans qu'ils soutiennent Emmanuel Macron, ces gens-là ont quitté la gauche", a estimé Olivier Faure. M. Rebsamen a toujours sa carte au PS, selon l'antenne locale du parti, et Mme Meadel a annoncé avoir repris la sienne tout récemment, mais le PS a promis d'exclure tous ceux qui rallieraient le nouveau gouvernement.

Seul ministre qui trouve grâce aux yeux de M. Faure: Eric Lombard, ancien directeur de l'institution financière publique française Caisse des dépôts, présenté comme une personnalité de gauche par M. Bayrou et nommé à la tête du ministère de l'Economie et des Finances. Un poste clé alors que la France affronte l'une des pires crises budgétaires de son histoire récente.

Le patron du PS n'a pas exclu une éventuelle censure du nouvel exécutif, tout en appelant une nouvelle fois M. Bayrou à faire un pas vers la gauche, pour éviter un tel scénario.

"Comme il n'y a pas de majorité absolue pour quiconque, il faut bien trouver des compromis", a martelé M. Faure, avertissant: "s'il n'y a pas de changement de cap, il y aura censure". (AFP)

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