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Liberté syndicale : L'Algérie au banc des accusés à l’OIT
La d?l?gation alg?rienne ? la 103?me conf?rence? internationale du travail, ? Gen?ve, a ?t? soumise ? un examen d?licat devant la puissante commission des normes sur les manquements jug?s "graves" aux droits et libert?s des travailleurs.
C'est la premi?re fois depuis 2001 que le gouvernement d'Alger se voit accul? ? s'expliquer aupr?s de l'OIT sur une liste ?tendue "d'agissements arbitraires" contre les libert?s syndicales, sur la foi d'une s?rie de plaintes? d?pos?es par des syndicalistes alg?riens.
Sous le feu roulant des questions des membres de la commission, la d?l?gation alg?rienne a ?t? mise ? mal ? coup de reproches sur le sort des? recommandations pour la mise en conformit? avec les conventions de l'agence onusienne, rest?es largement lettre morte.
Aupr?s de la commission, on indique qu'"un traitement tr?s particulier est r?serv? au cas alg?rien eu ?gard au lourd passif en mati?re de non-respect du libre-exercice des droits syndicaux et des conventions internationales d?j? ratifi?es".
"C'est en fait un double examen au sein du comit? d'experts et de la? commission de l'application des normes, une proc?dure qui signifie qu'il y a des manquements s?rieux", a estim? un membre de l'organe de l'OIT en charge du? contr?le du respect des normes.
Dans un rapport particuli?rement virulent, la commission interpelle la d?l?gation alg?rienne ? propos des griefs du syndicat alg?rien des personnels de l'administration publique et du syndicat autonome des professeurs de? l'enseignement.
Ces deux organisations ?voquent "des actes d'intimidation et de menaces ? r?p?tition, y compris des menaces de mort ? l'encontre de syndicats et de dirigeants de syndicats".
Outr?s par les atermoiements d'Alger face aux revendications d'un pan? entier de la classe ouvri?re d?sireux de s'organiser en syndicats, les experts? de l'OIT pressent les autorit?s comp?tentes "? h?ter la r?forme l?gislative? pour que soit reconnu ? tous les travailleurs, sans distinction de nationalit?, le droit de constituer des organisations repr?sentatives".
Face ? des syndicalistes remont?s contre la vague d'interdiction de gr?ves et de manifestations, de licenciements et de refus d'enregistrement des organisations ind?pendantes, l'agence onusienne a d?cid? mardi de d?p?cher une? mission sur place pour ?valuer "les all?gations de violations des libert?s syndicales".
C'est dire que les experts de l'organisation donnent pleinement effet ? leur inqui?tude face ? la violation du droit fondamental des travailleurs ? l'action syndicale, sans distinction de nationalit?, et aux obstacles ? la? constitution de f?d?rations de syndicats.
Un s?v?re r?quisitoire a ?t? dress? au cours de cette r?union, par le Syndicat autonome des enseignants alg?riens (SNAPAP) contre les agissements des? autorit?s.
"A ce jour, 137 syndicalistes, en majorit? des femmes, sont encore suspendus suite ? une gr?ve en avril 2012, dont Mourad Ghedia, pr?sident de la F?d?ration nationale de la justice", ont r?v?l? les repr?sentants du SNAPAP? devant la commission.
Rien qu'en mars 2013, les autorit?s avaient emp?ch? une caravane de 100? personnes du syndicat de se rendre en Tunisie pour le Forum social mondial et interdit un forum maghr?bin des dipl?m?s au ch?mage, avant d'expulser les? d?l?gations participantes.
Pour les repr?sentants des syndicats autonomes, "force est de constater que? les efforts de l'OIT sous forme d'assistance technique n'ont malheureusement? pas port? leurs fruits eu ?gard ? l'attitude des autorit?s".
En traitant cette ann?e le dossier de l'Alg?rie, l'institution internationale semble avoir formellement acc?d? aux appels des ONG? internationales de d?fense des droits de l'Homme, ? leur t?te Human Rights Watch et le R?seau euro-m?diterran?en des droits de l'Homme.
Les deux ONG avaient, ? la veille de la conf?rence, d?nonc? les "restrictions arbitraires" aux droits des travailleurs en Alg?rie, appelant l'OIT ? agir sans d?lai afin de mettre un terme ? "la r?pression contre les? syndicats ind?pendants".
C'est peut-?tre la raison pour laquelle l'Union g?n?rale des travailleurs? alg?riens (UGTA, proche du gouvernement) a perdu lundi son si?ge au groupe des? travailleurs au sein du Conseil d'administration de l'OIT, au profit du Maroc? qui repr?sente d?sormais l'Afrique du Nord aupr?s de l'organisation onusienne.