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À tous les anonymes de l’appel à l’indépendance : Les héros sans signature – Pra Anwar Cherkaoui
Des milliers d’anonymes qui n’ont jamais eu la chance de porter l’encre de leur griffe au manifeste, l’ont signé de leur sang et des larmes de leurs épouses, époux et enfants.
Le 11 janvier est gravé dans l’histoire du Maroc comme la date où un acte de courage collectif a changé le cours de la nation : le manifeste de l’indépendance.
Ce document, rédigé dans un contexte de répression coloniale, a porté la voix de ceux qui rêvaient de liberté et de souveraineté.
Nous connaissons les noms des signataires, ces hommes courageux qui ont pris le risque d’écrire leur nom en bas d’un texte qui les mettait en danger de mort.
Mais l’histoire de ce grand évènement ne s’arrête pas aux noms des signataires.
Derrière eux et devant eux, des milliers d’anonymes qui n’ont jamais eu la chance de porter l’encre de leur griffe au manifeste, l’ont signé de leur sang et des larmes de leurs épouses, époux et enfants.
Ils étaient de simples artisans, agriculteurs, bergers ou ouvriers. Beaucoup étaient analphabètes, incapables de tenir une plume, mais aptes et prêts à tenir un fusil. Ils n’avaient pas de tribune, pas de visibilité, mais ils avaient une cause : libérer leur terre de l’occupant.
Ces anonymes ont combattu l’occupant français dans les montagnes du Rif, les plaines du Souss, les forêts des montagnes de l’Atlas, et dans chaque recoin où l’ombre de la colonisation s’étendait.
Certains sont tombés sous les balles ennemies, d’autres ont rendu leur dernier souffle sous des tortures impitoyables.
Il y a aussi ceux qui ont été exilés, condamnés à mourir loin des leurs et de leur patrie dans des terres étrangères, oubliés de tous.
Ils n’ont pas laissé de signatures sur le manifeste, mais leur sacrifice est une signature indélébile dans l’histoire de notre nation.
Leur bravoure silencieuse, leur dévouement sans calcul, leur engagement sans reconnaissance officielle, sont les véritables pierres fondatrices de l’indépendance marocaine.
À ces anonymes, il ne suffit pas de rendre hommage dans un discours ou une commémoration annuelle.
Ils étaient peut-être sans voix, mais leur silence a crié plus fort que toutes les déclarations écrites.
Ils étaient peut-être sans noms, mais leur sacrifice leur a donné une identité immortelle.
À eux, les héros sans signature, nous devons dédier un nom : Indépendance.
Nous devons graver leur mémoire dans nos esprits, élever pour eux une statue éternelle dans nos cœurs et un mémorial pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
A nos enfants, nous devons apprendre leurs gloires, leur donner une place dans nos livres d’histoire, et quand c’est possible un nom, et surtout, et ne jamais oublier que la liberté que nous respirons aujourd’hui nous la leur devons.