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Ce Maroc qui ignore royalement les campagnes haineuses et intempestives de l’Algérie - Par Taieb Dekkar
Mohamed Ben Brahim Boukharouba, dit Houari Boumédiène, alors ministre de la Défense à Alger (Algérie), en septembre 1962
Ceux qui ne connaissent pas l’Algérie pensent naturellement que les campagnes de propagande hostiles au Maroc sont nouvelles et qu’elles datent seulement de ces dernières années.
NON. L’Algérie a toujours été hostile au Maroc depuis son indépendance en 1962 ,et son premier chef militaire, Houari Boumediene, avait amplifié la haine contre notre pays, jusqu’à vouloir changer le régime monarchique marocain, se prenant, lui qui avait accédé au pouvoir par un coup d’Etat contre le président Ben Bella, pour un pseudo révolutionnaire, recevant à grande pompe, des «révolutionnaires» gauchistes comme Che Guevara, pour légitimer son pouvoir et asseoir son autorité sur un peuple, qui n’a jamais connu de chefs historiques, de leaders, d’Etat-nation, de structures étatiques.
Pour pérenniser son pouvoir, le colonel Boumediene, qui avaient rallié les nationalistes algériens dans la région d’Oujda, fournissant une aide logistique à ceux de l’intérieur, notamment les armes, avait fondé un parti unique, avec une composante fondamentale de l’armée, pour cautionner ses projets et neutraliser ses opposants et adversaires, dont certains furent assassinés, alors que d’autres ont choisi l’exil.
Ceux qui pensaient que le parti unique consacrait une forme de démocratie interne et de contrôle du pouvoir à tous les échelons se sont surement et gravement trompés.
Les graves défaillances du système, invisibles pour l’étranger, ont éclaté au grand jour, au mois d’octobre 1988, lorsque le peuple était sorti dans la rue pour protester contre les pénuries alimentaires dans un pays pétrolier et gazier, et dénoncer la mauvaise gouvernance du pays.
Le pouvoir avait instauré un système d’assistance sociale, payant leurs salaires aux employés des unités industrielles, sans rapport avec les résultats de gestion, une gestion administrative des unités hôtelières, et des monopoles dans tous les secteurs (distribution, transports) au point où les citoyens pouvaient se faire soigner dans des hôpitaux sans même décliner leur identité, se procurer les médicaments en pharmacie à des prix symboliques, sinon gratuitement. L’état fournissait aussi le logement, mais il fallait attendre des années pour pouvoir y accéder, sauf si vous avez une connaissance au sein du FLN ou du pouvoir pour donner un coup de pouce à votre dossier. L’Algérie fabriquait tout, y compris les frigidaires, «algériens cent pour cent», qu’il y’a lieu de commander et d’attendre, parfois des années, au point où les livraisons provoquaient l’arrêt des citoyens dans la rue pour contempler le passage de ce beau cadeau pour ceux qui avaient vraiment de la chance. La chance, vous devriez en avoir aussi pour gravir les échelons au sein des structures du parti pour pouvoir disposer d’une Limousine noire, d’un logement, d’une bourse d’études pour vos enfants et pourquoi pas de voyages à l’étranger.
Ce système, qui fonctionnait sans poser de problèmes majeurs, avait éclaté en 1988, lorsque l’Etat a été incapable d’approvisionner le marché en produits de première nécessité, en raison de la chute des revenus des hydrocarbures d’un côté et de l’accroissement des besoins des citoyens de l’autre. Le système était condamné à la déroute car il était fondé sur l’assistance totale d’un peuple, elle-même justifiée par ses sacrifices pour l’indépendance. A l’époque, les dirigeants algériens se disaient certainement que « Le temps était venu pour le peuple algérien de jouir de son indépendance, après huit ans de lutte contre le colonialisme ».
Parallèlement à cette errance économique, le colonel Boumediene avait demandé au colonel Chadli Bendjdid, alors commandant de la 2eme région militaire d’Oran de prendre en charge l’entrainement d’un groupe d'opposants marocains au maniement des armes (CF : Mémoires de Chadli Bendjdid) dans des bases militaires algériennes, dont certains éléments ses sont infiltrés au Maroc en 1973 depuis les frontières terrestres à l’Est du pays pour déstabiliser le Royaume en commettant des attentats dans plusieurs régions du pays. Les auteurs furent arrêtés et jugés.
Boumediene estimait à tort que la situation s’y prêtait après deux tentatives avortées contre feu le roi Hassan II.
Une fois l’échec des coups d’Etat avéré, Boumediene avait été le premier à appeler feu Hassan II pour s’assurer que le souverain était sain et sauf, selon la version officielle de feu SM le roi Hassan II qui savait pertinemment que Boumediene l’avait toujours combattu.
Mais dès les premiers lendemains de l’in dépendance, en 1963, l’Algérie avait engagé des opérations militaires contre des sentinelles marocaines à la frontière entre les deux pays, en tuant des Moukhaznis de garde, attaquant même la ville de Figuig, en refusant de répondre aux multiples appels à la raison du Royaume.
L’Algérie entendait, à mon avis, provoquer la guerre avec le Royaume, pour pouvoir faire taire ses revendications sur certains territoires de l’Ouest algérien, rattachés par la France à son ex-département et revendiqués par le Royaume et donc, enterrer les accords conclus avec le gouvernement provisoire algérien. Pour clore ce dossier, L’Algérie plaida et inscrivit dans la charte de l’OUA, le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, comme un bienfait de la colonisation, qui était en même temps décriée par le système.
Aujourd’hui, l’hostilité algérienne, tant au niveau officiel que médiatique, a atteint, certes, des niveaux inégalés de haine, d’animosité, de malveillance et d’outrance. Mais déjà aux temps de Boumediene, le pouvoir algérien réservait un temps d’antenne quotidien à la radio algérienne, qu’il prêtait à des opposants marocains, installés en Algérie. Et s’il est déplorable que les dirigeants algériens restent obsessionnellement cramponnés au Maroc, qui conditionne sans vraiment le chercher leurs actes et paroles, il est notable et louable que le Royaume continue d’ignorer royalement ce voisin encombrant. Il a tant et mieux à faire.