CITOYENS MRE ET RÉFORME DES INSTITUTIONS DÉDIÉES : I - SENS ET PORTÉE STRATÉGIQUE - Par Abdelkrim Belguendouz

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« Restez Marocains parce que toujours dans la paix et la concorde, moi-même ou ceux qui me succéderont, pourront avoir un jour besoin de refaire une Marche Verte. Et bien, je veux qu’au nom de tous les Marocains vivant à l’étranger, pas seulement en France ou à Paris, vous me fassiez le serment que tous les jeunes Marocains qui seront nés en terre étrangère seront dédiés, dès leurs berceaux, aux marches que l’histoire leur interposera » (Roi Hassan II, Paris le 29 novembre 1985)

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A travers le discours royal à l’occasion du 49 é anniversaire de la glorieuse Marche Verte, une nouvelle fois, le dossier d’intérêt national des citoyens marocains résidant à l’étranger (citoyens MRE) a fait l’objet d’une sollicitude particulière de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. 

Ce discours d’espérance dont le fil conducteur est l’appel à renforcer les liens entre les citoyens MRE, quelle que soient leur génération et leur affiliation avec leur pays d’origine, s’est fait l’écho d’une alerte et d’un diagnostic lucide et sans concession établis le 20 août 2022 sur le dossier MRE, sous une forme interrogative mais resté sans suite concrète du côté gouvernemental, alors que le discours royal est un point de référence incontournable pour l’action gouvernementale. Il s’agit, le 6 novembre 2024,   de l’annonce ferme et résolue dans le cadre d’une démarche globale, cohérente et intégrée, d’une initiative d’envergure pour la communauté des citoyens MRE, consistant en une  mise à niveau urgente à tous les niveaux , de tout ce qui a trait aux instances  qui leur sont dédiées à plein temps ou partiellement , et aux politiques nationales les concernant pour s’adapter aux nouvelles réalités, aspirations et attentes multiformes des citoyennes et des citoyens MRE. 

Un big-bang institutionnel 

L’objet de cette réforme est un véritable big-bang couvrant les aspects juridiques, politiques, institutionnels et opérationnels, en les inscrivant désormais dans une vision stratégique d’avenir, celle non seulement du développement multidimensionnel du pays, mais aussi et surtout du renforcement du lien d’appartenance au Maroc de nos compatriotes émigrés , toutes générations confondues , en affirmant  avec force leur appartenance à la nation marocaine et à ses valeurs. Dans cet esprit, l’annonce d’une nouvelle transformation dans le mode de gestion des affaires de la communauté marocaine établie à l’étranger est faite dans l’objectif de « renforcer le lien entre cette frange de la population et la Mère-Patrie ». 

Un sens profond de ce discours 

C’est en effet la signification profonde à donner à ce discours où, en termes de priorité, le statut, la place et le devenir des citoyens marocains établis à l’extérieur, est mis juste après celui de la défense de l’intégrité territoriale du Maroc à laquelle justement, les citoyennes et les citoyens MRE participent de manière active. De la sorte, c’est un témoignage fort de la considération portée par le Souverain qui a salué notamment le « patriotisme des Marocains résidant à l’étranger et leur engagement à défendre les symboles sacrés de la nation ». «L’affaire de notre intégrité territoriale se trouve à une phase  qui requiert la mobilisation de tous », précise-t-il , c’est-à-dire y compris les citoyens MRE qui font partie intégrante de la nation marocaine, quelles que soient par ailleurs leur génération et  l’évolution de leur statut juridique dans les pays de vie. 

 C’est pour consolider les liens identitaires, cultiver ces attaches patriotiques ainsi que le sentiment d’appartenance à la nation marocaine   des nouvelles ( ET FUTURES) générations établies à l’extérieur et le renforcement de leur action de défense des intérêts supérieurs du pays et de ses causes nationales , en premier lieu celle de l’intégrité territoriale du pays  et contre toute velléité séparatiste , que cette réforme d’ampleur et rénovée du champ institutionnel  MRE et des politiques le concernant , est à mener avec diligence , professionnalisme et responsabilité autour de deux piliers fondamentaux. 

Le premier est le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) qui est à restructurer et «DOIT ASSUMER PLEINEMENT SON RÔLE de cadre de réflexion et de force de proposition », ce qui sous-entend que le Conseil dans sa mouture actuelle, n’a pas respecté sa mission et sa feuille de route.  Le second pilier est la Fondation Mohammedia des Marocains résidant à l’étranger qui aura vocation, selon les termes du Souverain, d’être le «bras opérationnel de la politique publique en la matière », chargée notamment «d’agréger les attributions actuellement dispersées entre une multitude d’acteurs » et de «coordonner l’élaboration et la mise en œuvre de la Stratégie nationale dédiée aux Marocains résidant à l’étranger ». Selon nous, cette dernière n’a jamais existé contrairement à plusieurs déclarations gouvernementales, en dépit notamment de l’appel du discours royal du 6 novembre 2007 et du rappel du discours du Trône 2015. 

Une vision stratégique 

La démarche réformiste poursuivie, déclinée avec force et conviction par le Roi Mohammed VI, s’inscrit à notre sens dans la ligne   de la pensée hassanienne. Rappelons en effet ces paroles fortes de feu le Roi Hassan II adressées le 29 novembre 1985 à des représentants de la colonie marocaine résidant à Paris, en présence de l’ancien président de la République française, François Mitterrand : « Eh bien, restez Marocains, restez Marocains parce que toujours dans la paix et la concorde, moi-même ou ceux qui me succéderont, pourront avoir un jour besoin de refaire une Marche Verte. Et bien, je veux qu’au nom de tous les Marocains vivant à l’étranger, pas seulement en France ou à Paris, vous me fassiez le serment que tous les jeunes Marocains qui seront nés en terre étrangère seront dédiés, dès leurs berceaux, aux marches que l’histoire leur interposera. Si telle est votre réponse, je peux dormir tranquille ». 

Ceci signifierait qu’en ce qui concerne le Maroc, la communauté marocaine établie à l’étranger, tout en étant ouverte bien entendu à son environnement immédiat dans les pays d’accueil et en reconnaissant sa bicitoyenneté, est d’abord et avant tout une question nationale et non pas un problème franco-français, néerlando-hollandais, belgo-belge, canado-canadien ou euro-européen, au point d’abandonner dans la pratique à ces parties, le devenir  des citoyens marocains vivant hors des frontières nationales . 

Ceci voudrait dire aussi que la nationalité marocaine - qui ne se perd pas -, ne peut être traitée de secondaire, subalterne, inférieure et subordonnée à une nationalité étrangère. Elle n’est pas seulement une question juridique, mais elle a une dimension politique, sociétale et stratégique. Ce n’est pas une simple écriture sur un passeport ou sur une carte d’identité, mais elle renvoie notamment à un ensemble de valeurs qui doivent être cultivées, entretenues et intériorisées pour se construire et être perpétuées afin de maintenir les liens fondamentaux avec le pays. D’où la nécessité et le sens à donner aux politiques publiques marocaines futures en direction des citoyens MRE, toutes générations confondues, y compris la « forte impulsion à l’encadrement linguistique, culturel et religieux » par la Fondation Mohammedia. L’enjeu est d’ordre national. Ainsi, le Conseil restructuré et refondé, sera toujours le Conseil de la communauté MAROCAINE à l’étranger et non pas celui des Français, des Allemands, des Danois, des Néerlandais, des Canadiens… ou des étrangers D’ORIGINE marocaine ! De même, la fondation projetée sera la Fondation Mohammedia des MAROCAINS résidant à l’étranger. 

Voilà de notre point de vue, la signification profonde de cette réforme d’envergure qui suscite espoir et espérance, et de sa portée stratégique. Dés lors, en tant que chercheur de longue date dans le domaine des migrations et d’observateur actif de la scène migratoire marocaine et des politiques publiques la concernant, on ne peut que saluer fortement cette refonte institutionnelle et s’en féliciter. Au même moment, on ne reviendra pas sur les divers dysfonctionnements de notoriété publique notamment ceux du CCME, du département chargé des MRE, de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger. Avec l’annonce solennelle de la grande réforme du champ institutionnel MRE, l’essentiel maintenant est de contribuer à préciser les contours de l’avenir. Que l’on nous permette dans cet esprit, de formuler neuf suggestions pour l’action, l’objectif étant de participer sereinement au débat  public et de contribuer de manière citoyenne  responsable à suggérer  des pistes de solution concernant ce dossier stratégique d’intérêt national relatif aux citoyens MRE. Ce sera l’objet de la seconde partie qui paraîtra demain. 

DEMAIN : II- Neuf suggestions pour agir 

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