La végétation envahit la muraille de la cité portugaise d’El Jadida, et menace un patrimoine mondial - Par Mustapha JMAHRI

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Le système racinaire des figuiers et des plantes épineuses reste nocif pour la muraille surtout si celle-ci a été construite sans ciment ce qui est le cas. Le figuier, par exemple, possède un système racinaire très puissant qui risque de détériorer la muraille

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Lors de ma visite à la cité portugaise de Mazagan en mai 2024, en compagnie de quelques membres de l’association « Doukkala Mémoire pour la Préservation du Patrimoine », nous avons relevé qu’outre la fermeture de la citerne portugaise qui perdure depuis quatre ans et outre l’effritement de la muraille par endroits, on a constaté un phénomène inquiétant : prolifération de plantes de diverses grandeurs, épineuses, figuiers et autres qui s’infiltrent entre les pierres et la détériore.

Une récente visite, janvier 2025, à ce lieu historique, classé pourtant au patrimoine mondial de l’humanité, a permis de constater, encore une fois, que ces plantes, après les quelques dernières pluies et le climat de fraîcheur régnant en bord de mer, avaient poussé provoquant souvent de plus en plus de dégâts à la muraille faite de vieilles pierres cimentées par un mortier de chaux, d’argile et de sable, avec un remplissage de terre à l’intérieur.

Les archéologues sont unanimes pour dire que laisser ces plantes « s’épanouir impunément » d’année en année produit un réel dommage à la muraille d’autant plus que leur suppression ne nécessite pas de grands moyens, ni l’intervention de l’administration centrale et peut être effectuée localement sous l’égide, par exemple, du service régional de la culture.

C’est que le système racinaire des figuiers et des plantes épineuses reste nocif pour la muraille surtout si celle-ci a été construite sans ciment ce qui est le cas. Le figuier, par exemple, possède un système racinaire très puissant qui risque de détériorer les murs et endommager l’architecture. La végétation aggrave les fissures en s’y infiltrant. L'absorption des sels minéraux peut également affaiblir la cohésion de la structure.

En haut de la cité portugaise, sur le rempart proche du bastion de l’Ange, a poussé, de façon spontanée, un palmier des Canaries. L’on sait que ce palmier ornemental pousse un peu partout et certains peuvent constater qu’il porte une note exotique dans ce lieu historique. En général, selon un spécialiste, le type de racines de ce palmier n’est pas agressif, mais il n’est pas à sa place, car très proche de la muraille et il n'est pas conseillé de le laisser se développer davantage. Ensuite ce palmier est mal enraciné (sur un toit), et donc il y a un danger qu'il soit arraché par un fort vent et pourrait abimer le mur en tombant. Sa chute éventuelle pourrait soulever la terre et déstructurer le mur arrière.

L’urgence se faut donc d'éradiquer les plantes qui poussent anarchiquement dans la cité portugaise, car il y a péril en la demeure. La muraille exige intervention au plus vite pour colmater les fissures afin de préserver ce patrimoine historique. Il faut également prêter attention à l’opération d’élimination et regarder plante par plantes, certaines étant promptes à repartir d'une racine laissée ou d'une branche abîmée alors que d’autres vont mourir rapidement une fois arrachées. 

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