Pour une espace afro-atlantique de sécurité et de prospérité partagée

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Vue de la conférence-débat organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) sur les "enjeux stratégiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique"

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L’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique ambitionne de faire de la zone afro-atlantique un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée, a souligné un troisième panel qui s’est focalisé sur les enjeux sécuritaires liés aux espaces maritimes de l’Afrique atlantique et a dressé une cartographie des risques et menaces dans la région, tout en identifiant les moyens pour agir contre ces menaces.

Le Colonel Major à la Marine Royale Khalid Loudiyi, qui s’exprimait à la conférence-débat organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) sur les "enjeux stratégiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique", a indiqué que l’institutionnalisation d’un partenariat africain atlantique, traduction de la vision du Souverain, permettra de promouvoir davantage la coopération dans la zone afro atlantique à la faveur d’une prospérité partagée.

Il a également fait savoir que la sûreté et la sécurité de l’Afrique atlantique sont tributaires d’abord d’un ferme engagement des pays, par des textes juridiques adaptés et harmonisés et par la collaboration et la complémentarité régionale qui permettraient de créer des synergies, rationaliser l’emploi des moyens et d’ouvrir les perspectives de réalisation de projets régionaux constructifs dans le domaine de la sureté et de la sécurité maritime.

Par ailleurs, il a rappelé que l’espace maritime de l’Afrique atlantique couvre 23 pays et s’étend sur plus de 12.000 km, ajoutant que ce vaste espace abrite l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde qui lui confère une dimension stratégique.

Cet espace regorge d’une multitude d’opportunités et de nombreuses ressources, dont l’exploitation judicieuse et appropriée permettra de contribuer de façon importante au développement de ces 23 pays et même de l’ensemble du continent africain.

M. Loudiyi a ainsi démontré que "l’avenir des pays africains est étroitement lié à cet espace maritime", et que sa protection est cruciale et constitue le soubassement indispensable de la stabilité et de la paix durable dans ces pays.

S’agissant des risques et menaces qui planent sur la région, il a évoqué le terrorisme maritime, la piraterie, le crime organisé, l’immigration irrégulière, le trafic de drogue, la pêche non déclarée et non réglementée et la pollution marine.


Reconnaissant ce large éventail de risques, le Royaume du Maroc a mis en place un dispositif sécuritaire d’action en mer qui intègre plusieurs acteurs militaires et civils et qui repose sur une stratégie globale s’appuyant sur trois principes, à savoir la prévention, la coordination et la connaissance du milieu marin, a-t-il fait savoir.

Il a, en outre, mis en avant le progrès réalisé par le Royaume dans la sécurisation de ses espaces maritimes, qui est en grande partie lié à l’effet combiné d’une stratégie nationale engagée et d’une coopération dynamique et efficace entre les différents intervenants.

Abdelhak Bassou, Senior fellow au PCNS a indiqué que l’espace atlantique africain constitue une zone de paix qui connait un niveau de coopération en-deçà du niveau souhaité, d’où la pertinence et la l’importance de l’Initiative Royale pour l’Atlantique qui favorisera l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique, sachant que l’Initiative internationale lancée par le Roi Mohammed VI permettra de désenclaver ces pays, les développer, et leur permettra aussi de mettre fin à l’expansion du terrorisme, à travers la création d’un espace stable et prospère, dans le cadre de l’intégration et de l’inclusion économiques..

L’enjeu se pose donc à deux niveaux, le premier est celui de maintenir la sécurité dans cette région, puis renforcer la coopération entre les pays du Sahel, particulièrement dans un contexte où les menaces sont nombreuses.

A cet égard, il a cité le trafic de drogues, la pêche illégale, le trafic d’armes, les réseaux de migration illégale, en plus des menaces de l’extrémisme violent.


La professeure et experte en océanographie Naima Hamoumi s’est attardée sur les risques naturels menaçant la façade atlantique africaine, notamment les volcans, les tremblements de terre, les volcans de boue liés à des hydrates de gaz et les grands risques naturels liés aux conditions atmosphériques, comme la hausse du niveau de la mer, résultant du réchauffement climatique.

Elle a relevé que l’Initiative atlantique constitue un levier stratégique pour accélérer les Objectifs de développement durable (ODD), recommandant l’intégration d’un volet axé sur le développement des connaissances sur l’océan et le renforcement des capacités, à travers des partenariats entre les facultés et les centres de recherche favorisant la recherche et développement, en plus de mobiliser les moyens nécessaires à cet effet.

Il s’agit aussi de saisir toutes les opportunités de la convention des droits de la mer, d’adopter des politiques publiques communes, et de mettre en place des programmes de recherche intégrant toutes les disciplines liées à la mer.

Mme Hamoumi a aussi souligné l’importance de cartographier les zones à risque, d’assurer une gestion du littoral pluridisciplinaire, outre la sensibilisation du grand public.

Les dimensions géoéconomiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique sous la loupe d’experts à Rabat

Les participants à un panel autour des enjeux géoéconomiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique ont disséqué, mardi à Rabat, les mécanismes indispensables au renforcement du positionnement de la façade atlantique africaine.

Le panel s’est penché sur les perspectives de la maritimisation des économies africaines, l’économie bleue entre atouts et opportunités, la connectivité́ maritime et la gestion des infrastructures portuaires.

La directrice générale de l’Office national des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), Amina Benkhadra, a indiqué que l’Afrique dispose d’une façade atlantique extrêmement importante et de zones économiques qui ne sont pas souvent intégrées dans le développement, bien qu’elles soient riches en ressources naturelles, en matières premières et en nouveaux gisements miniers.

La grande partie du commerce se fait par voie maritime (plus de 90%), d’où l’impératif de miser sur différents secteurs y afférents, dont le tourisme, la pêche, le développement des ressources énergétiques et minières et la préservation de l’environnement contre le changement climatique, a-t-elle relevé.

Sur le plan national, a-t-elle poursuivi, grâce à la Vision Royale d’intégration et de coopération sud-sud, le Maroc a mis en œuvre des programmes et des projets dans différents secteurs, tels que les infrastructures, l’habitat et les énergies, qui doivent servir de modèle au développement attendu dans le continent africain.

Mme Benkhadra a mis en avant l’Initiative Atlantique africaine lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui reflète l’émanation de cette vision transatlantique portée par le Souverain depuis plusieurs années, pour faciliter l’accès des pays du Sahel à la façade atlantique en faveur de l’intégration régionale et de la croissance multisectorielle.

Pour sa part, la directrice des Ports et du Domaine public maritime au ministère de l’Equipement et de l’Eau, Sanae El Amrani, a fait savoir que les ports se trouvent au cœur de toutes les activités de valorisation du potentiel portuaire et maritime liées à la pêche, aux produits exportés, y compris les produits énergétiques et les ressources naturelles, et à la logistique maritime, eu égard au rapport entre les enjeux géoéconomiques et les activités de l’économie bleue.

“L’Afrique représente seulement 5% des marchandises débarquées et 7% des marchandises embarquées”, et n’est pas au diapason des normes internationales, a-t-elle fait observer.

Elle a, à ce propos, énuméré certains défis et enjeux qui pèsent sur le secteur portuaire, à savoir la décarbonation, la durabilité, la résilience, la digitalisation, la Supply Chain et les Stocks stratégiques ainsi que la saturation des terminaux portuaires.

Mme El Amrani a, dans ce sens, rappelé la Stratégie nationale portuaire à l’horizon 2030 visant à avoir des ports performants et durables, catalyseurs de la compétitivité de l’économie nationale, et acteurs incontournables dans le positionnement du Maroc sur les façades méditerranéenne et atlantique.

Le directeur de l’Institut national de la Recherche halieutique (INRH), Abdelmalek Faraj, a, de son côté, souligné la nécessité de maintenir un écosystème et une pêche durables dans un cadre raisonné, afin d’augmenter la production halieutique.

“Le secteur halieutique a non seulement un intérêt pour la sécurité alimentaire, mais il peut également contribuer à porter la durabilité des océans”, a-t-il expliqué.

Le Maroc dispose d’un potentiel considérable en matière d’aquaculture, à travers la mise en place d’une politique très ambitieuse et volontariste et de plans d’aménagement, l’investissement dans la recherche et le test de prototypes aquacoles en océan atlantique, a relevé M. Faraj, appelant à recourir à la technologie en vue de bénéficier davantage de l’espace maritime.

Larabi Jaïdi, Senior Fellow au PCNS, a, quant à lui, insisté sur l’importance pour l’Afrique d’accéder au marché international, notamment à la faveur de l’extraversion des économies, notant le besoin d’un réajustement des choix stratégiques pour endogénéiser l’économie maritime.

Il a, par ailleurs, plaidé pour la construction d’une armature portuaire pérenne sur la façade atlantique qui ferait office d’une porte de l’Afrique continentale, dans le but de consolider le positionnement du continent dans le domaine maritime à l’échelle mondiale et de favoriser une complémentarité concrète entre les différents pays africains.

L’initiative Royale apporte des solutions concrètes à des défis multiples

L’Initiative internationale lancée par le Roi Mohammed VI pour favoriser l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique apporte des réponses et des solutions concrètes aux défis multiples et complexes dont pâtit l’Afrique, ont également relevé les participants à un panel.

Les différents intervenants de ce panel qui avait ouvert la rencontre de Mardi, ont souligné que l’Initiative royale est un maillon supplémentaire et majeur de l’engagement actif du Maroc, en faveur d’une coopération Sud-Sud agissante et solidaire initié par le Souverain dès son accession au trône.

Les panélistes ont, de même, relevé que cette initiative, qui est en phase avec les attentes des pays de l’Afrique atlantique, ouvre des perspectives prometteuses en termes d’intégration économique, de stabilité, de paix et de développement.

Dans une allocution introductoire, le modérateur du panel, Mohamed Tangi, ancien ambassadeur du Maroc au Japon, a relevé que "l’opportunité de l’initiative royale pour l’Afrique atlantique n’est pas à prouver".

"Dans un contexte planétaire où de vives confrontations déchirent les continents, et où le vaisseau de l’humanité toute entière, ou du moins, ce qu’il en reste navigue dans une zone houleuse et de forte turbulence sans précédent, l’Initiative Royale pour une coopération Sud-Sud, solidaire et mutuellement bénéfique s’annonce pleine d’espoir et de promesses pour une prospérité partagée pour toute l’Afrique atlantique", a-t-il fait remarquer.

Il a fait observer que l’espace de l’Afrique atlantique, qui s’étend sur 15.000 km de littoral, est naturellement dans une situation privilégiée géographiquement, avec des ressources halieutiques, agroalimentaires, minières et énergétiques abondantes, estimant toutefois que "les ambitions de développement de ces pays sont souvent contrariées notamment par leur approche sectorielle, l’insuffisance des moyens, la faiblesse des accords de coopération internationale, l’instabilité politique et les menaces sécuritaires et les risques écologiques.

L’ambassadeur, Directeur général de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI), Mohamed Methqal, a relevé, lui, que les atouts de l’Afrique atlantique et la qualité de ses ressources humaines sont indéniables, notant que l’Afrique atlantique représente à peu près 46% des habitants du continent africain et 55% du PIB continental.

Il a notamment rappelé fait remarquer que "l’initiative royale atlantique a annoncé trois objectifs majeurs, à savoir la stabilité, la prospérité et le rayonnement de cette zone", avec une attention particulière portée à l’élément humain.

M. Methqal a, à cet égard, souligné que les avancées réalisées par le Maroc en matière de développement humain constituent une source d’inspiration et peuvent être partagées dans le cadre de cet esprit de solidarité agissante et de co-construction prôné par le Souverain.

Le panéliste a insisté sur l’importance de capitaliser "sur tout ce que le Maroc a construit jusque-là dans le cadre de l’Afrique atlantique", notant que la stratégie du Maroc en la matière est adossée à "une feuille de route porteuse d’une vision à la fois ambitieuse et volontariste, grâce à des projets structurants qui vont permettre d’accélérer le co-développement, l’intégration régionale, et aussi le renforcement de l’accélération économique de ces pays.

Dans sa suite Mohammed Loulichki, Senior Fellow au PCNS, a fait remarquer que l’initiative royale "consiste non seulement à fédérer, sur le plan de l’intégration économique et du développement, des pays africains riverains de l’Atlantique mais également à associer les pays enclavés du Sahel à cette dynamique".

Aux yeux de M. Loulichki, "l’objectif de l’Initiative est de répondre à cette fatalité géographique qui frappe les pays enclavés" qui sont de surcroît confrontés à des défis majeurs liés à l’instabilité, aux conflits et au sous-développement.

Cette initiative "vise ainsi à établir un pont entre ce groupement de pays africains de l’Atlantique et ce prolongement saharien du niveau de Sahel", a-t-il poursuivi, notant qu’une telle démarche "détruit cette vision artificielle qui divise l’Afrique en Afrique du Nord et Afrique subsaharienne".

"L’opportunité est ainsi offerte aux pays concernés pour favoriser leur stabilisation, les faire sortir des zones de conflit et leur offrir de nouvelles perspectives de développement et économique", a-t-il dit.

Rachid El Houdaigui, Senior Fellow au Policy Center for the New South, s’est attardé de son coté sur les différents paramètres définissant l’espace Atlantique, ainsi que les enjeux endogènes et exogènes susceptibles de "faire basculer cet espace dans le jeu des rivalités".

Il a ainsi passé en revue "les variables que laissent entrevoir les dynamiques atlantiques", citant, entre autres, le retour de la puissance navale dans la compétition stratégique mondiale, la quête des points d’appui logistique et stratégique, les genres sécuritaires et l’effet d’institutionnalisation de l’espace.

Les travaux de cette conférence se déclinent en quatre panels axés sur les enjeux géopolitiques en termes d’intégration de la région et la rivalité des puissances dans l’espace Afrique Atlantique, les enjeux juridiques tels que les droits maritimes, les enjeux sécuritaires notamment en rapport avec la préservation du capital maritime africain, outre les enjeux géoéconomiques à la lumière des projets structurants en faveur de la prospérité des économies africaines.

Cette conférence a rassemblé des experts, des chercheurs et des praticiens marocains de divers horizons pour favoriser une analyse approfondie et nuancée des enjeux, risques et opportunités des espaces maritimes de l’Afrique atlantique.

 

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