Politique
Procès Al Hoceima : La société dit NON au verdict
Les lourdes peines qui ont été prononcées contre Zefzafi et ses compagnons, poursuivis dans les événements d’Al Hoceima, suscitent une vague d’indignation chez les internautes qui appellent d’ailleurs à des sit-in pour protester contre ce qu’ils estiment être une injustice
Après presque huit mois de procès, la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a condamné les accusés dans les événements d’Al Hoceima à des peines allant de 20 ans de prison ferme à un an avec sursis.
Des peines qui ont suscité la surprise, la colère et l’indignation chez beaucoup d’internautes qui ont vite fait d’investir les réseaux sociaux pour dénoncer le verdict. D’ailleurs, Khadija Riyadi, lauréate du prix des Nations Unies pour les droits de l’Homme n’a pas caché sa surprise. Elle a déclaré : « nous nous attendions à des peines sévères mais pas à ce point », ajoutant que les sentences étaient surréalistes. Chose qu’elle n’est pas la seule à penser puisque le comité de soutien aux détenus d’Al Hoceima s’est aussi indigné contre ces peines et appellent à un sit-in.
Le comité a même publié un communiqué dans lequel il indique que « les sentences prononcées à l’encontre des 54 prisonniers politiques du Hirak du Rif transférés à Casablanca viennent nous rappeler que l’autoritarisme est à nos portes ». Et le communiqué d’ajouter que « pour dénoncer l’inéquité de ces jugements, le comité de soutien aux prisonniers politiques du Rif de Casablanca, et l’Initiative du Hirak Châabi de Casablanca appellent toutes les forces vives et tous les citoyens à se rassembler à 19h à la Place des Nations Unies à Casablanca ce mercredi 27 juin ».
Ce n’est pas tout. En France et en Espagne également, des mobilisations sont prévues pour protester contre les sentences. Un mouvement de protestation est aussi prévu aujourd’hui même à Rabat devant le Parlement. Une pétition également a été lancée, demandant au parlement de promulguer une loi d’amnistie générale pour les détenus. Elle a déjà récolté près de 500 signatures.
Autant dire qu’au Maroc, l’heure est à l’indignation. Les Marocains ont envie de changement et de liberté et ils le font savoir. Avec les protestations qui se font de plus en plus nombreuses, il faut comprendre que la nouvelle génération de Marocains est prête à se battre pour ses droits, pour la justice et pour une vie meilleure.
C’est certainement le cas avec le boycott de Centrale Danone qui prend une ampleur inestimée au début de ce mouvement et pourtant on pourrait presque dire qu’ils ont réussi à faire entendre leurs voix au point où le PDG de la société s’est déplacé au Maroc pour dialoguer avec les instigateurs du boycott. Y arriveront-ils pour le Hirak ? Seul l’avenir le dira.
Pour l’instant, l’heure est toujours à l’acrimonie. D’ailleurs, Abderrahmane Benameur, ténor du barreau et défenseur des droits de l’Homme s’est prononcé concernant les sentences contre les détenus d’Al Hoceima. Il les a qualifiées de « sévères et déraisonnables ». Il a également déclaré à Lakome2 que depuis l’indépendance, la justice marocaine n’a jamais été indépendante, « car ce principe suppose l’existence d’une démocratie, ce qui fait défaut au Maroc ».
Il a estimé que la Cour a statué conformément aux peines requises par le parquet sans qualification des faits pour déterminer s’il s’agit de crimes ou de délits et si ces faits sont avérés ou non.
Khadija Riyadi abonde presque dans le même sens car elle considère que la dictature continue toujours au Maroc. « Les années de plombs ne nous ont jamais quitté pour dire qu’elles nous rattrapent. Elles continuent sous des formes différentes et nous les subissons sous diverses méthodes », a-t-elle ajouté.