Reconnaissance française : retour au pragmatisme diplomatique et à la vérité historique – Par Samir Chaouki

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Le Roi Mohammed VI et le Président français Emmanuel Macron au sommet UA-UE les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan - Outre que c’est une décision de l’Etat français exprimé solennellement par son chef, cette « évolution significative » n’est une défaite pour personne mais une victoire pour la vérité historique et un soutien à la stabilité. Dans la région contre tous les séparatismes.

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Comme prévu, la reconnaissance française de la marocanité du Sahara a été officialisée à l'occasion du 25e anniversaire de la Fête du Trône. Lorsque la France reconnaît le plan d'autonomie et ajoute la phrase "dans le cadre de la souveraineté marocaine", elle dépasse ainsi une barrière psychologique à laquelle elle résistait depuis dix-sept ans, plus précisément depuis qu'elle a considéré la proposition d'autonomie comme une solution sérieuse et viable.

Certains considèrent cela juste comme une évolution dans ce qui est déjà acquis, d'autres minimisent ses implications ou le considèrent comme moins important que la reconnaissance américaine. En réalité, les contextes diffèrent. La reconnaissance américaine, bien que cruciale étant donné qu'elle provient de la nation la plus puissante au monde avec une influence notable au Conseil de sécurité, a suscité de nombreuses interprétations en raison de sa coïncidence avec le départ du président Donald Trump de la Maison-Blanche et du traitement tiède de cette question par l'administration Biden.

Pour la France, la situation est différente puisqu'elle est l'ancienne puissance coloniale du Maroc et de l'Algérie. Par conséquent, compte tenu de ses intérêts vitaux, la neutralité a été prédominante durant les cinquante années de la question du Sahara, bien que Paris ait légèrement penché vers Rabat depuis 2007 en soutenant la proposition d'autonomie. Toutefois, depuis 2017, avec l'arrivée du président Macron, les relations entre la France et le Maroc ont connu des secousses majeures, alimentées par la cour de Macron à l'Algérie d'une part, et son engagement dans une zone grise concernant la question du Sahara d'autre part, ce qui a conduit à un gel des relations bilatérales entre Rabat et Paris et au rappel de l'ambassadeur marocain de Paris.

Macron a toutefois réalisé qu'il perdait le contrôle de la situation sous la pression croissante de la droite républicaine, qui appelle ouvertement à un rapprochement avec le Maroc et à la reconnaissance de la marocanité du Sahara pour préserver les intérêts vitaux de la France (Sarkozy et Ciotti), et de l'extrême droite, qui appelle à l'abolition des privilèges accordés aux citoyens algériens pour se rendre en France depuis 1968 (Le Pen et Zemmour). Il est évident que Macron a compris que la reconnaissance de la marocanité du Sahara dans un contexte international particulier devenait inévitable et une simple question de temps, et a pris les devants pour que cette révision diplomatique majeure soit à son crédit.

Il serait illusoire de penser que la France – présidence, divers services diplomatiques et ses services de renseignement - ignorait les conséquences de cette reconnaissance et ses impacts catastrophiques sur les relations de Paris avec Alger. Il n'est, donc, pas surprenant que la France ait anticipé et informé l'Algérie de sa décision avant de l'officialiser, sinon pour adoucir la réaction, au moins pour tâter le terrain. Mais les événements se sont déroulés comme prévu, le ministère algérien des Affaires étrangères publiant une déclaration loin du langage diplomatique, emplie de menaces et de provocations envers la France. Ce qui a d’ailleurs toujours irrité la classe politique française qui reproche à l'Algérie la violence de son discours diplomatique, en comparaison avec le discours affiné du Maroc même dans les moments de désaccord les plus intenses.

Si la France , passant du plan d’autonomie « comme base » à « seule base » et à un soutien clair à la souveraineté marocaine, a tiré des leçons des positions américaines et espagnoles en faveur du Maroc, ainsi que des réactions positives de l'Allemagne et du Royaume-Uni envers la proposition d'autonomie, son soutien en tant que principal partenaire du Maroc et premier investisseur dans le pays, influencera inévitablement de nombreux autres États membres de l'Union européenne, ce qui pourrait bientôt contribuer sérieusement à résoudre cette question, surtout si Trump retourne à la Maison-Blanche au début de l'année prochaine. Elle est aussi de nature à encourager les partenaires européens de la France et d’autres à s’investir et à investir un peu plus dans nos provinces du sud. 

Outre que c’est une décision d’Etat exprimé solennellement par son chef, cette « évolution significative » n’est une défaite pour personne mais une victoire pour la vérité historique, que deux pays, la France et l’Espagne, connaissent politiquement et juridiquement de près. Elle indique que l'histoire continue et ses développements augurent certainement des jours meilleurs. 

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