Un ministre qui semble prendre la bonne direction – Par Bilal Talidi

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Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, Azzeddine El Midaoui et son prédécesseur Abdellatif Miraoui lors de la cérémonie de passation

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Un mois après le remaniement ministériel est certes insuffisant pour juger les performances d’un ministre qui succède à un autre, en l’occurrence dans ce cas Azzeddine El Midaoui à Abdelatif Miraoui à la tête du secteur de l’enseignement supérieur. L’évaluation des performances exige une période plus longue les trois premiers mois étant généralement une étape pour comprendre, recueillir les avis et évaluer le fonctionnement de l’administration d’un département par son nouveau ministre.

Cependant, les performances sur une période prolongée ne constituent pas le seul critère d’évaluation. Dans un secteur marqué par des tensions depuis plus d’un an, que ce soit dans la relation entre le ministère et ses cadres administratifs, avec la Conférence des présidents d'universités, les doyens de facultés et les directeurs d’instituts universitaires, avec les enseignants, les syndicats ou les étudiants, le critère le plus pertinent pour juger est la capacité à rétablir rapidement la normalité, à créer une atmosphère positive qui corrige les relations internes et met fin au blocage de plusieurs dossiers causé par l'entêtement de l'ancien ministre et sa faible faculté d'écoute.

La faculté d’écoute

En mars de l'année dernière, j’ai écrit un article sur Quid.ma analysant les causes profondes des grèves des étudiants des facultés de médecine. J’ai conclu que le départ du ministre de l’enseignement supérieur, Abdelatif Miraoui, était la solution à cette crise qui a fait perdre au Maroc de grandes opportunités, notamment pour renforcer l’offre de santé à travers la formation d’environ 700 médecins diplômés.

En une semaine ou un peu plus, avec la médiation de l’Institution du Médiateur, le nouveau ministre de l’enseignement supérieur, Ezzeddine El-Midaoui, a rencontré les représentants des étudiants en médecine. Le problème a été résolu avec une facilité remarquable et sans aucune forme d’entêtement. C’était d’autant plus étonnant que les étudiants en médecine avaient initialement voté contre l’accord. Cependant, le ministère n’a publié aucun communiqué critique à leur égard, adoptant au contraire une approche modérée en laissant les enseignants intervenir, ce qui a conduit à un nouveau vote et à l’approbation de l’accord, mettant ainsi fin à la crise.

Là n’est pas la seule réalisation du nouveau ministre. Il a également mis fin à une situation de blocage provoquée par Abdelatif Miraoui, qui avait gelé la nomination de plusieurs présidents d’universités, doyens et directeurs d’instituts universitaires. Ainsi, l’Université Mohammed V à Rabat et l’Université Mohammed Ier à Oujda ont longtemps fonctionné par une administration intérimaire, bien que les résultats des concours pour ces deux universités étaient prêts depuis plus d’un an. La même situation concernait plusieurs doyens et directeurs. En moins d’un mois, Ezzeddine El-Midaoui a résolu ce problème lors du conseil de gouvernement du 21 novembre dernier, nommant Mohammed Al-Ghashi à la présidence de l’Université Mohammed V après deux ans de vacance, et Yassine Zaghloul à la tête de l’Université Mohammed Ier, et les indicateurs montrent que ce dossier sera complètement réglé dans les jours à venir.

De bons augures

Abdelatif Miraoui avait suspendu la création de 34 établissements universitaires qui étaient essentiels pour remédier au problème de la surcharge dans les universités, prétextant qu’il préparait un plan directeur. Or, il n’a ni présenté ce plan ni débloqué ces établissements. En moins d’un mois, Ezzeddine El-Midaoui a débloqué 8 établissements universitaires, comme indiqué dans la loi de finances.

Pour les relations avec les enseignants, Abdelatif Miraoui avait provoqué une tension sans précédent en gelant le statut de base, notamment en raison d’une irrégularité dans l’article 9 qui introduisait une nouvelle catégorie (catégorie D). Il avait retiré le décret pour le modifier, mais celui-ci est resté dans ses tiroirs sans qu’il tienne sa promesse. Cela a entraîné le blocage des promotions des enseignants universitaires. Ezzeddine El-Midaoui a résolu ce problème la semaine dernière en libérant le décret des tiroirs, le modifiant et le présentant au conseil de gouvernement pour adoption, mettant ainsi fin à une grande tension dans les universités instaurant par-là un climat positif parmi les cadres éducatifs.

En réalité, les signes d’une direction correcte ne se limitent pas à la réforme des relations internes, mais incluent également des signaux importants concernant la gestion des finances publiques. Selon certains médias, le ministre a mis fin à un contrat conclu sous le ministère précédent avec un hôtel fournissant des services de restauration à huit personnes pour un montant de 620 000 dirhams, alors que certaines de ces personnes n’avaient aucun lien avec le ministère.

Le plus grand bureau d’études, les universités marocaines

Abdelatif Miraoui a nié cela de manière générale, mais il n’a pas affirmé qu’il n’existait pas un tel contrat, mais plutôt qu’il n’y avait pas de contrats injustifiés, ce qui soulève la question de savoir si ce contrat était justifié ou non.

De plus, Ezzeddine El-Midaoui a renoncé aux services de bureaux d’études souvent utilisés pour définir des stratégies et programmes dans plusieurs ministères. Il a affirmé lors d’une réunion de la Commission de l’éducation au Parlement que les universités marocaines sont le plus grand bureau d’études du pays, regorgeant de compétences et d’experts souvent sollicités par des bureaux d’études externes.

S’il est effectivement trop tôt pour juger les performances du nouveau ministre à partir de ces décisions prometteuses, il y a lieu tout de même de constater qu’en un mois ce qu’il a accompli indique qu’il avance dans la bonne direction et qu’il dispose d’une boussole qui pourrait, s’il continue sur cette voie, lui permettre d’aller au terme de son mandat sans problèmes majeurs.

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