Politique
La normalisation avec l’Algérie en 1988 : Un test improductif
Journaliste, auteur de ??Maroc-Alg?rie?: la m?fiance r?ciproque??, Taieb Dekkar a ?t? correspondant de la MAP ? Alger
Une fois encore, nous, marocains, sommes interpell?s sur un incident ? la fronti?re alg?ro-marocaine, officiellement jug? ? Rabat comme un acte ?inadmissible?, aux yeux ?des r?gles de bon voisinage et du droit international??. Faut-il rappeler que depuis la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays, en 1988, ? la veille du sommet extraordinaire arabe, tenu ? Alger, les incidents, qu?ils soient diplomatiques ou frontaliers, ne se sont jamais estomp?s. Pire encore, les diplomates des deux pays ont continu? ? se battre et ? se chamailler dans les tribunes et forums internationaux sur la question du Sahara, sous le pr?texte de ?l?autod?termination? ou des droits de l?homme dans ce qu?Alger appelle ?les territoires occup?s? par le Maroc etc.
Les tirs des militaires alg?riens sur des marocains ? la fronti?re, de leur c?t?, ne sont pas nouveaux. Pourquoi donc s?est-on alarm?, c?t? marocain?? Je crois qu?il est temps aujourd?hui de proc?der ? une r??valuation de la normalisation, amorc?e en 1988, des relations, rompues au d?but de l?ann?e 1976, lorsque l?Alg?rie proclama, la premi?re au monde, la reconnaissance de la RASD. La normalisation avec l?Alg?rie s?est op?r?e, dans ces conditions, en d?autres termes, en admettant que notre ambassadeur ? Alger, puisse rencontrer, contre son gr?, fr?quemment, au niveau officiel et dans les chancelleries ?trang?res, son soi-disant ?homologue? du Polisario dans la capitale alg?rienne, l?Alg?rie n?ayant pas retir? la reconnaissance de la RASD et le Maroc a accept? de s?accommoder de cette situation. Nous aurions bien ?videmment souhait? conna?tre dans quelles conditions le Maroc avait d?cid? de r?tablir ses rapports avec Alger, alors que les raisons qui avaient provoqu? la rupture ?taient, apparemment, rest?es les m?mes. Pendant seulement trois ou quatre ans (1988-1992), les choses avaient sembl? quelque peu bouger, mais que, sur le probl?me de fond, qui est celui du Sahara marocain, les positions des uns et des autres ?taient rest?es fig?es, avec simplement un adoucissement du discours officiel des autorit?s alg?riennes. Il est vraiment navrant de constater que, c?t? marocain, et apr?s maintenant plus de 39 ans (depuis 1975), on continue par moment de proclamer ?notre surprise? ? l??gard des positions de l?Alg?rie sur le dossier du Sahara, comme si ces prises de position ?taient nouvelles. Il apparait clairement, se basant sur l?exp?rience, que l?effort d?ploy? apr?s la normalisation, pour avancer, ?tait constamment confront? aux d?saccords profonds des deux pays sur le dossier du Sahara, parce que le Maroc, ? mon sens, pensait ? tort que l?Alg?rie allait infl?chir sa position, apr?s le r?tablissement des relations diplomatiques. Au bout du compte, ce test aura ?t? improductif. La normalisation a servi plus l?Alg?rie que le Maroc, sur le plan international. Alger consid?rait que le probl?me du Sahara n??tait pas un probl?me alg?ro-marocain. Argument confort? par la suite par les n?gociations de Manhasset.
La normalisation avec l?Alg?rie serait, ? mon avis, inconcevable, tant que, outre la question du Sahara, des dossiers bilat?raux importants demeurent en suspens depuis 50 ans, dont le bornage des fronti?res et la mise en ?uvre des conventions annexes.
Les Marocains devraient faire preuve de beaucoup de lucidit? et surtout de coh?rence dans le traitement du dossier des relations alg?ro-marocaines. M?me si les fronti?res restent ferm?es, c?t? alg?rien, cela ne r?gle pas pour autant la m?sentente ?ternelle alg?ro-marocaine. Les deux pays se retrouvent souvent face-?-face au sein des forums et tribunes internationaux, o? le d?saccord ?clate au grand jour, m?me si les ambassadeurs des deux pays se cramponnent ? leurs postes respectifs pour constater, chaque jour, avec amertume certes, la d?rive dangereuse et regrettable des relations bilat?rales.