La profondeur et le spectacle

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Cela fait la une de tous les quotidiens, le ministre de la Justice a remis au procureur les dossiers de cinq ?tablissements publics et de 16 collectivit?s locales, ?pingl?s par la Cour des comptes. Cette information appelle plusieurs remarques. D?abord, chaque fois que la Cour des comptes note des soup?ons de d?tournement de deniers publics, le minist?re de la Justice devrait saisir automatiquement le procureur. C?est normal, c?est son r?le. Toutefois, pourquoi a-t-on attendu d?avoir une vingtaine de dossiers ? En donnant un effet m?diatique ? l?op?ration, on a stigmatis? des gens, avant m?me que le procureur n?ouvre son enqu?te et qu?ils ne soient accus?s formellement de quoi que ce soit. Le ministre de la Justice est cens? d?fendre les droits des justiciables, lui qui est avocat, et non pas les jeter en p?ture ? la presse. Cela donne une impression de d?j? vu, celle d?une campagne. Or, nous savons tous que ces campagnes ont toujours ?t? contre-productives. Elles portent atteinte ? l?image de l??tat de droit, mais restent sans lendemain puisque la pr?varication continue de plus belle. Les accus?s finissent par se consid?rer victimes d?une op?ration politique, m?me si les faits qui leur sont reproch?s sont gravissimes. Cette d?marche a ?t? celle des gouvernements successifs. Elle consiste ? poursuivre des personnalit?s et croire ou laisser croire que c?est cela la normalisation de la gestion publique. Le fait m?me que le gouvernement actuel y revienne, prouve que cela ne fonctionne pas. Entre-temps, on n?a pas am?lior? le contr?le, pour le rendre plus efficace. Tous les ?tablissements publics ont un agent et un contr?leur financier et un conseil d?administration pr?sid? par un membre du gouvernement. Ces organes sont d?faillants s?il y a d?tournement suppos?. Pourtant, ils ne sont jamais inqui?t?s, administrativement. Les collectivit?s locales ont une tutelle, le minist?re de l?Int?rieur. Le gouvernement est le SAS par lequel passent toutes les d?penses des communes. S?il y a autant de pr?sidents incrimin?s c?est que cela ne fonctionne pas. Ce que l?on attend d?un gouvernement qui a fait de la lutte pour la moralisation son cheval de bataille, c?est d?abord de mettre en place des proc?dures de contr?le efficientes, permanentes, sans entraver la marche normale des services. Car on a aussi connu des proc?dures contraignantes qui d?responsabilisent le gestionnaire, sans ?viter les d?tournements par ailleurs. Ce travail de r?organisation est plus simple ? faire aujourd?hui, maintenant que toutes les administrations sont informatis?es. Il peut d?celer toutes les anomalies et assainir en profondeur. Les audites du minist?re des Finances, de l?Int?rieur de la Cour des comptes v?rifieront a posteriori, que le syst?me a bien fonctionn?, ou qu?il a des failles. Bien entendu, il faut que justice passe, tout accus? ayant droit ? un proc?s ?quitable. La justice-spectacle est antinomique avec le principe de la justice sereine. Cela a tout l?air d?une op?ration de marketing politique qui restera sans effets r?els sur la gestion publique.

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