Politique
Le chef du gouvernement devant le parlement : le temps passe, Benkirane ne prend pas une ride
Ceux qui ont cru que Abdalilah Benkirane allait d?fendre son bilan ? mi -mandat de l?exercice gouvernemental ont eu tout faux. Ceux qui ont pens? que le chef de gouvernement allait r?pondre point par point, arguments contre arguments aux critiques de l?opposition parlementaire n?ont rien compris aux m?thodes d?un Benkirane plus que jamais chef de parti. Leader des islamistes au pouvoir, il a sans doute oubli? qu?il ?tait aussi et surtout premier ministre de tous les Marocains. Mais ceci est une autre histoire?
Mercredi 23 juillet, Benkirane a fait du Benkirane. En direct et sans filet, le d?rapage est forc?ment l?, incontr?l?, irraisonn?, irr?fl?chi. ?M. Benkirane dit qu?il avait honte des propos tenus par l?opposition. En fait, mercredi, la honte m?a envahie. Et je me suis pos? la question que tout le monde se pose?: est-ce que nous Marocains, m?ritons d?avoir un tel premier ministre qui est loin d??tre un homme d?Etat?? A l??vidence, M. Benkirane confond gouvernance, exercice du pouvoir et foire d?empoigne??, soupire un d?put? de l?Union socialiste des forces populaires.
Du haut de la tribune parlementaire, le premier ministre a multipli? les accusations, pointant un doigt accusateur sur tous les d?tracteurs de l?action du gouvernement aux destin?es duquel il pr?side. L?Istiqlal a ?t? le premier ? essuyer ses tirs nourris. Chabat, meilleur ennemi de Benkirane avait demand? ? ce dernier de s?expliquer sur ses suppos?es relations avec les jihadistes de Da?3Ich. R?plique du patron de l?Ex?cutif?: ??comment un parti qui a derri?re lui une grande ?histoire peut ?tre dirig? par des gens pareils????.
??L?opposition ment. L?opposition ne reconna?t pas nos r?alisations. C?est de la folie?!??. Les critiques de l?opposition sont balay?es d?un revers de la main. Benkirane n?en a cure. L?homme a une conviction?: ceux qui le critiquent font de la m?disance. L?opposition n?aurait donc qu?un seul droit, celui de se taire. Pas question d?en faire un contre-pouvoir. L?opposition parlementaire est interdite d?exprimer tout d?saccord. ??Il est regrettable que le chef de gouvernement ait une telle conception du r?le et de la mission de l?opposition. Sa conception est en contradiction compl?te avec la constitution qui a donn? de larges pr?rogatives ? l?opposition. Tout cela t?moigne d?un ?tat d?esprit, d?un comportement et d?un mode de gouvernance bas? sur l?h?g?monie et l?autoritarisme. Encore une fois, Benkirane a montr? ? l?opinion publique ce qu?il pensait de la d?mocratie. Elle est faite pour les autres. Les islamistes ne sont pas exactement des d?mocrates. Les exemples sont foison et on le voit, non loin de nous, de la Tunisie ? l?Egypte. Ceux et celles du PJD ne font pas exception ? r?gle. Les ardents d?fenseurs de Benkirane et ses ouailles sont tous les jours un peu plus d??us??, soutient un Conseiller du plus vieux parti marocain.
Benkirane, adepte de la m?thode Cou?
Benkirane ?gal ? lui-m?me, criant au loup et au complot. "Pourquoi l'opposition se pr?occupe-t-elle des relations entre les composantes de la majorit? et veut cr?er la zizanie au sein de l?ex?cutif?? Quelqu'un les a-t-il charg?s de ?a ? Ils perdent leur temps dans des causes perdues d'avance," lance-t-il aux parlementaires qui ont mis en exergue les dissensions d?une majorit? mosa?que et dont les composantes n?ont rien en commun ni en partage. Dans la foul?e, le chef de gouvernement reconna?tra les divergences qui traversent sa coalition. Apr?s Benkirane I et II, Benkirane III serait-il d?j? en train de pr?parer??
Pas un mot sur les d?faillances, les lacunes, les retards. R?solument adepte de la m?thode Cou? et de la poussi?re sous le tapis, le premier ministre n?a rien reconnu, rien admis, s?auto-distribuant ? souhait bons points et satisf?cits. ??Mais le plus grave r?side dans le fait que M. Benkirane s?est adonn? ? son exercice pr?f?r??: la halqa. Nous avons eu droit ? un chef de gouvernement dans la posture de l?amuseur de foules. Cela pr?terait ? rire si la situation du pays n??tait pas aussi pr?occupante et les conditions de vie des Marocains aussi difficiles,?? commente cette membre du bureau politique de l?Union socialiste des forces populaires.
R?cup?ration politique, rapt des r?alisations monarchiques. M?me le drame du quartier casablancais de Bourgogne o? plusieurs dizaines de personnes ont trouv? la mort apr?s l?effondrement des trois immeubles n?a pas ?chapp? ? la manipulation du premier ministre, celui-l? m?me dont le gouvernement s?est d?sesp?r?ment port? p?le apr?s une telle catastrophe. . "Le Roi a agi, et il l'a fait au nom de tous les Marocains. Si le gouvernement n'a pas visit? les familles, pourquoi l'opposition ne l'a pas fait non plus???, se demandera-t-il toute honte bue, oublieux du fait que l?opposition ne convoque pas la t?l?vision lorsqu?elle se rend sur les lieux d?un drame.
A quelques heures de la cl?ture de la session parlementaire de printemps, Abdalilah Benkirane a g?n?reusement profit? de la tribune du parlement pour confirmer qu?il ?tait d?j? en campagne ?lectorale. ??Nous allons remporter les ?lections?? a-t-il annonc? aux Marocains, un peu comme si les r?sultats ?lectoraux ?taient connus d?avance par le PJD au pouvoir.