Politique
Alger aura tort de prêter une valeur manœuvrière à l’initiative de Mohammed VI
Alger auraient tort de ne prêter qu’une valeur manœuvrière à l’appel de Mohammed VI au dialogue direct et franc
Le discours de Mohammed VI à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche Verte peut laisser les maghrébo-sceptiques perplexes. Notamment quand on a en mémoire toutes les énergies déployées (dépensées) par les uns et les autres pour que Marocains et Algériens laissent prévaloir ce qui leur est commun et utile aux dépens de l’animosité habituelle et de la rivalité traditionnelle.
Ressasser ce que chacun a contre l’autre comme griefs peut paraitre déplacé cependant que le Roi projette sa diplomatie dans une perspective constructive. Mais si une rétrospective est nécessaire c’est pour précisément mettre toutes les chances du coté d’un processus prometteur s’il est pris au sérieux. Et les Algériens auraient tort de ne lui prêter qu’une valeur manœuvrière.
Je ne reviendrai pas sur les initiatives de Mohammed VI qui s’était lancé, en vain, dans une diplomatie de la conciliation, qui a culminé en 2005 avec sa visite à Alger. Sur le terrain, Alger n’y a donné aucune suite ne voyant au mieux dans la main tendue qu’un « aveu de faiblesse ».
Il en a été autrement au milieu des années 80. Le Roi Fahd d’Arabie Saoudite s’était démené pour mettre sous une même tente à la frontière des deux pays Hassan II et le président algérien Chadli Benjedid. Une belle complicité s’était installée entre les deux chefs d’Etat si bien que ce dernier était devenu suspect aux yeux de ses compères de l’armée.
Ce fut une grossesse avortée. L’Union du Maghreb Arabe dont elle a accouché est tombée à l’état de relique dès que Chadli Benjedid fut écarté du pouvoir. Ni les espoirs qu’elle a suscités, ni l’élan dont elle a été le moteur n’ont réussi à lui éviter la désillusion de l’attentat de l’Atlas Asni, l’imposition des visas aux Algériens et la fermeture des frontières par l’Algérie.
Transcendant toutes les méfiances nées de/et entretenues par ces mésaventures, le Roi a appelé l’Algérie « au dialogue direct et franc, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement des relations entre les deux pays. » Pour donner les contours du concret à cet appel, il préconise la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation ouvert à toutes les propositions et à tous les sujets.
La proposition épouse l’esprit qui prévaut aux Nations Unies qui voient dans la relance de la coopération régionale non seulement le moyen d’entente, pour leur bien, entre Rabat et Alger, mais aussi et surtout le salut, le mot n’est pas fort, de toute la région. De même elle colle à l’appréhension de Horst Köhler, représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara que l’Allemand qu’il est a perçu sous l’angle de l’histoire franco-allemande. Le Maroc qui a compris l’inutilité des intercesseurs, voit dans ces faits une conjoncture favorable, mais insuffisante. Les conditions du succès résident dans la volonté des deux Etas.