Politique
Hami Eddine dans l’œil du cyclone
Par Hassan Zakaria - Une curieuse faiblesse dans sa propre défense. C’est quand Hami Eddine se fait prévaloir de son élection à la chambre des conseillers et de la confiance des électeurs, ce que fait d’ailleurs à sa façon le PJD, comme preuve de son innocence. Sans se rendre compte qu’on peut être un respectable député et un répugnant assassin
Abdelali Hami Eddine, très présent sur le débat public, il est l’un des chroniqueurs en vue d’Akhbar Al Yaoum propriété de son ami Taoufiq Bouachrine, l’une des figures de proue de ce que l’on appelle « l’aile dure » du PJD, membre du secrétariat général du parti islamiste qui dirige l’alliance gouvernementale, est dans la tourmente..
Abdelali Hami Eddine vient d’être convoqué pour rendre compte de faits qui remontent à 1993, à l’époque où il était encore étudiant à Fès. Suite à une bagarre dans un quartier loin du campus entre islamistes et gauchistes d’Ila Alamma, un étudiant, Beaissa Aït Aljid, trouve la mort.
Le dirigeant islamiste est impliqué par la justice pour complicité. Lui clame, aujourd’hui encore, son innocence. L’explication qu’il fournit est un concours de circonstances digne d’un film policier de série B. Mais on ne pas, non plus, ne pas dire que dans la vie les choses les plus invraisemblables arrivent.
Hami Eddine assure s’être trouvé par inadvertance au même moment dans une autre rixe estudiantine sur le campus. Par inadvertance il s’est trouvé sur la trajectoire d’un projectile perdu, déclare-t-il dans une interview sur le site fbrayer.com, qui date de trois ans (7/11/2015). Blessé à la tête il aurait perdu connaissance et aurait été transporté par un enseignant à l’hopital où il aurait subi une opération chirurgicale.
Les victimes et présumés coupables de la bagarre qui a conduit au décès de Aït Aljid se trouvant par malchance dans le même hopital, il est arrêté, après le décès, dans la même fournée pour homicide involontaire et condamné à deux de prison ferme.
Abdelali Hami Eddine n’accepte pas le jugement et à la première occasion présente son dossier à l’Instance Equité et Réconciliation mise en place par le Roi Mohammed VI pour ouvrir la page des années de plomb. Il est indemnisé à hauteur de 82 mille dhs.
Ce que la famille et les amis de Aït Aljid n’acceptent pas non plus y trouvant un déni de justice. On reproche à Hami Eddine, outre sa rocambolesque histoire, d’avoir menti aux enquêteurs en déclarant appartenir au même mouvement de la victime. De là à douter de son innocence il n’y avait qu’un pas que ses adversaires franchissent allègrement : Vrai, faux, toujours est-t-il qu’en février 2012, ils portent par deux fois plainte et demandent la réouverture du procès. La justice n’y donne aucune suite et classe le dossier. Dès lors il est aisé pour lui aujourd’hui de crier au complot politique.
Ce qu’il ne manque pas de faire face à l’ouverture de nouvelles poursuites Abdelali Hami Eddine assure à qui veut l’entendre que c’est en raison de ce qu’il appelle sa résistance au parti déclaré et caché de l’autoritarisme au pouvoir. Mais il a une curieuse faiblesse dans sa propre défense. C’est quand il se fait prévaloir de son élection à la chambre des conseillers et de la confiance des électeurs, ce que fait d’ailleurs à sa façon le PJD, comme preuve de son innocence. Sans se rendre compte qu’on peut être un respectable député et un répugnant assassin.
Sur la même longueur d’onde, mais en conservant une certaine distance, la direction du PJD, où il n’a pas que des amis, s’étonne de l’ouverture de nouvelles poursuites dans une affaire déjà jugée. C’est surtout Mustapha Ramid, ministre d’Etat en charge des Droits de l’homme qui est monté au créneau pour défendre son compagnon des moments de solitude du 20 février, quand ils ont été lâchés par Abdalilah Benkirane et ses amis. L’ancien chef du gouvernement, revenu de ses illusions, fait aujourd’hui sienne la cause de Hami Eddine. Il y a déjà trois mois il avait utilisé une drôle d’expression pour le défendre: « on ne vous donnera pas Hami Eddine », avait-il déclaré.