Politique
Un rapport du Roi Mohammed VI sur la migration en Afrique
Le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani a présenté, lundi 11 février à Addis-Abeba, les axes principaux d’un rapport du Roi Mohammed VI portant sur la migration.
Ce rapport met en exergue la dynamique lancée par l’Agenda africain sur la migration et les réalisations accomplies pour mettre en œuvre les recommandations relatives à la création de l'observatoire africain des migrations et à la nomination de l'envoyé spécial de l'Union africaine pour la migration, a affirmé le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani devant le sommet de l’UA.
Le chef du gouvernement a ajouté que le rapport du Roi met également en exergue les réalisations et les enjeux de la Charte de Marrakech sur les migrations pour le continent africain.
«Moins d’un an après l’adoption à l’unanimité de l’Agenda africain pour la migration, nous avons fait d’importants progrès pour faire de la migration un levier du développement collectif et la rendre sûre, coordonnée et ordonnée tout en cherchant à faire de l’Afrique un acteur incontournable dans le dossier de la migration au niveau international», a souligné M. El Othmani.
Le rapport a corrigé un certain nombre de clichés. La migration africaine est essentiellement une migration qui se fait à l'intérieur du continent et au sein de ses groupes régionaux. Les migrants africains au niveau international sont une minorité si l’on prend en compte la croissance démographique, a relevé le Chef du gouvernement.
La question de la migration doit être traitée suivant une approche de développement qui s'attaque à ses causes profondes, telles que le changement climatique, l'instabilité politique, la violence ethnique… etc, a ajouté M. El Othmani.
La migration ne doit donc plus être perçue comme une menace à la sécurité que l’on traite à travers la fermeture des frontières, a noté le Chef du gouvernement, ajoutant que les solutions sécuritaires à elles seules ne sont pas fructueuses.
L’Observatoire africain des migrations, quant à lui, vise à répondre à la nécessité structurelle de fournir des données fiables permettant de comprendre le phénomène de la migration et ses différentes dimensions en Afrique. Il s’assigne également pour mission d’étudier, d’analyser, d’échanger des données et d’accompagner les politiques nationales de migration, a indiqué le Chef du gouvernement.
Ainsi, le Royaume du Maroc et l’Union africaine ont signé, en décembre 2018, «l'accord de siège de l'Observatoire africain des migrations », qui sera basé à Rabat après que le Royaume ait pris les mesures et moyens logistiques nécessaires pour s’acquitter des tâches qui lui sont confiées.
Ce nouvel organe de l’Union africaine effectuera ses missions en coopération avec les groupements régionaux africains et les organisations régionales et internationales œuvrant dans le domaine de la migration, a souligné M. El Othmani.
Abordant le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en décembre 2018, le rapport a souligné que ce pacte servira l’intérêt du continent africain en positionnant l’Afrique au cœur de la dynamique internationale et en plaçant le phénomène de la migration au centre des efforts de développement, a noté le Chef du gouvernement.
Le Chef du gouvernement a exprimé à M. Paul Kagame, Président de la République du Rwanda et président sortant de l’Union africaine, les remerciements de SM le Roi pour les efforts et les réalisations accomplis, notamment le chantier de développement institutionnel de l’Union.
Prochainement un observatoire africain des migrations
L'Observatoire africain des migrations qui sera basé au Maroc et dont la création a été annoncée dans le rapport du Roi Mohammed VI en tant que Leader de l'Union africaine sur la question de la migration présenté, le jour même à Addis-Abeba, au Sommet de l'Union Africaine.
Cet observatoire aura pour mission de créer un "narratif africain" sur la migration, a souligné le ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.
Cet observatoire aura pour mission de créer un narratif africain sur la migration, une vision africaine sur la migration en s'appuyant sur des centres de recherche et des organes de l'Union africaine", a déclaré à la presse M. Bourita.
"Cet organe est d'une importance particulière parce que toute la déformation de la migration africaine vient du fait que l'Afrique ne maitrise pas encore la production des récits sur sa migration, ne maitrise pas encore ses statistiques sur la migration ni ses études sur ce phénomène", a expliqué M. Bourita, en ajoutant que "tout ce que nous faisons aujourd'hui nous vient d'ailleurs et vient déformer et exagérer" la réalité sur le terrain.
Le rapport du souverain présenté aux chefs d'Etat africains est revenu cette année sur les fondamentaux de l'agenda africain pour la migration et le développement qui a été adopté à l'unanimité il y a un an à Addis-Abeba, a ajouté M. Bourita.
Dans ce rapport, le troisième du genre depuis la désignation du Souverain pour orienter et piloter la réflexion africaine sur cette thématique importante, le Roi a rappelé quelques réalités sur la migration africaine et montré qu'une grande partie de ce qui se dit sur la migration africaine est dénuée de tout fondement et que la perception de la migration africaine est déformée par des stéréotypes et des récits qui n'ont rien à voir avec la réalité du mouvement migratoire.
SM le Roi a également dénoncé les approches sécuritaires qui sont motivées par une exagération du phénomène du mouvement migratoire de l'Afrique vers l'Europe et par une instrumentalisation politicienne de ce phénomène dans certaines régions du monde, a souligné M. Bourita.
Le ministre a tenu à souligner que ce sommet de l'Union Africaine se tient dans un contexte très particulier marqué notamment par l'accélération du processus de réforme institutionnelle menée il y a deux ans pour renforcer la gouvernance institutionnelle au sein de l'organisation et pour injecter plus de professionnalisme et de rigueur dans les rapports et les délibérations des organes de l'Union Africaine.
Le sommet se tient également dans un contexte où il y a encore des zones de tension au sein du continent mais également des éléments d'espoirs comme ce qui s'est passé dans la Corne de l’Afrique avec les élections en RDC et au Madagascar et qui ont été des exemples de transition réussie dans plusieurs pays africains, a-t-il soutenu.