Santé
Tribune : Inspection générale de la santé : pas ça, pas vous, le Ministre – Par Dr Anwar Cherkaoui
Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale
Nom M. le Ministre de la santé et de la solidarité et trois fois non : humainement, déontologiquement et stratégiquement.
Vous confiez la présidence de la soi-disant cérémonie de départ à la retraite de M. l'Inspecteur général de la santé de votre Ministère à votre chef de cabinet.
Je n’ai rien contre ce dernier. J’ai eu affaire à lui professionnellement lors de la préparation d’une de mes émissions TV Carrefour santé. Il a été courtois et surtout efficace.
La question n’est pas à ce niveau. Ce qui a fait mal au Cœur et qui a été désapprouvé par plusieurs collègues de la santé, c’est de confier à un de vos subordonnées une cérémonie concernant un de vos hauts cadres, à fortiori un collègue médecin qui a passé toute sa vie à servir les causes de la santé publique.
Humainement et déontologiquement votre attitude M. le ministre de la Santé et de la DE-SOLIDARITÉ est inacceptable.
N’oubliez pas Dr Khalid Ait Taleb que vous êtes d’abord médecin et que demain ou au autre jour vous quitterez forcément vos fonctions de haut commis de l’état et je ne vous souhaite guère de sortir par la petite porte avec une petite cérémonie organisée en catimini en votre honneur.
Non, Monsieur le Ministre de la Danté, M. Hassan BELKBIR, votre ex-inspecteur général de la Santé ne mérite pas que vous lui tourniez le dos de cette manière que je qualifierai pour le moins d’inélégante.
M. Le Ministre, laissons de côté les aspects humains et déontologiques de ce comportement déplorable.
Cet acte a également une dimension stratégique.
Vous êtes une des principales locomotives d’un des grands chantiers sociaux du règne du Roi Mohammed VI : La généralisation de la protection sociale. C’est un projet gigantesque. Et personne n’a droit à l’erreur. Du moins non réparable.
Et plusieurs professionnels de la santé vous font le reproche d’agir en cavalier solitaire. Si c’est le cas, vous en porterez seul les conséquences. D’ailleurs c’est une lapalissade et je me permets de le rappeler. « Wa Dakir »…
Concrètement, le nouveau projet de la santé pour le Maroc d’aujourd’hui et de celui de 2030 comporte des actes révolutionnaires, dont les historiens analyseront les effets en temps voulu.
Une des charpentes structurantes de ce projet : la régionalisation très poussée des services de la santé. Cette option est encore floue dans la tête de plusieurs personnes, certainement par manque de communication, au point que certains de vos directeurs centraux se demandent de quoi demain sera fait.
La création de nouvelles instances : l'agence du médicament, l’agence du sang, la haute autorité de la santé et l’agence du sang constituent de nouvelles formes de management du secteur de la santé qui s’imposent.
Mais, pour suivre tous ces chantiers vous ne pouvez pas confier une si lourde tâche à la sous-traitance ou à des instances extérieures à votre département.
Vous avez besoin d’un bras fort pour scruter de près et de suivre ce qui existe dans le secteur libéral médical qui devient très envahisseur, bien que son apport au secteur des soins au Maroc soit vital et inévitable.
D’autres fonctions essentielles de votre département qui doivent être bien respectées par tous les professionnels de la santé, doivent être sous l’œil vigilant d’une structure forte en laquelle vous aurez entièrement confiance.
Ce profil ne peut être porté que par l’inspection générale du Ministère de la santé
Donc, ne pas donner le respect, l’aura et la dimension qu’il faut au départ de l'ancien inspecteur général de la santé est sous cet angle une erreur stratégique. Car vous décrédibilisez cette fonction.
M. Le Ministre de la santé, vous avez le temps de vous rattraper lors de l’investiture du nouvel inspecteur général de la santé, le permanent, non l’intérimaire.
En y réfléchissant, devant ce projet colossal de la généralisation de la couverture sanitaire, ne serait-il pas pertinent de rattacher l’Inspection générale de la santé au chef du gouvernement. Ne serait-ce que pendant une période de transition ?