Santé
Vaccination : Immunité collective début mai, l’optimisme à toute épreuve du ministre de la Santé
Le ministre de la santé Khalid Ait Taleb
L’immunité collective contre la Covid-19 pourrait être atteinte début mai, sur la base d’un calendrier vaccinal de 12 semaines, a estimé le ministre de la santé Khalid Ait Taleb dans un entretien avec le magazine mensuel de la MAP Bab. Mais la date de lancement de la campagne de vaccination reste pour l’instant inconnue. Elle sera officiellement annoncée après la réception du vaccin, a précisé le ministre.
Or à ce jour on s’attend seulement à une première livraison du vaccin d’AstraZeneca dont l'arrivée des premiers lots depuis l’Inde est programmée pour le samedi 16 janvier. Si tout se déroule comme prévu et que les délais sont respectés. Sachant que le Maroc, selon les informations disponibles, comptait essentiellement sur les vaccins de Sinopharm. Sur ce front, chaque jour qui passe voit les choses s’opacifier un peu plus laissant libre cours aux informations qui vont des plus plausibles aux plus fantaisistes. L’information faisant état de la démission simultanée du PDG de Sinopharm, Li Zhiming, et de son Directeur général et membre du comité stratégique et du comité d’audit, Li Hui jette plus d’un doute sur le sort de ce vaccin. Le silence obstiné des autorités sanitaires marocaines sur le sujet, se contentant de se satisfaire des préparatifs rodés et fin prêts ne contribue pas à rassurer une opinion publique qui s’interroge, c’est un euphémisme, sur une campagne de vaccination annoncée tambour battant, mais qui tarde à connaitre un début de commencement. Ce qui fait apparaitre les déclarations de Khalid Aït Taleb comme le symptôme d’un optimisme à toute épreuve qui ne manque cependant pas d’imprudence.
A la décharge du ministre de la Santé toutefois, l’interview dont il est question a certainement été réalisée fin décembre ou début janvier, à un moment où l’attente du vaccin ne s’était pas faite aussi pressante. En étalant la campagne de vaccination sur la base d’un calendrier de 12 semaines, le pronostic de Khaled Aït Taleb et son pari sur une immunité collective début mai restent jouables. Mais le ministre de la santé gagnerait à éclairer l’opinion publique
Dans ce même entretien accordé à BAB, le ministre de la santé a par ailleurs indiqué qu’au vu des indicateurs scientifiques et épidémiologiques reconnus par l’OMS, il faudrait toucher plus de 60% de la population pour atteindre l’immunité collective.
Le Royaume a fait le choix de cibler 80% de la population afin de sortir rapidement de cette pandémie l’ayant impacté socialement et économiquement, a souligné le ministre, précisant cependant, que la réalisation de l’immunité collective prendra du temps.
A cet égard, il explique que la campagne se déroulera en période de pandémie et donc dans le strict respect des mesures barrières, ajoutant qu’il faudra attendre un délai de plus de 14 jours après avoir reçu la deuxième dose pour que chaque individu puisse atteindre un certain niveau d’immunité.
Seul le temps révélera la durée sur laquelle le vaccin restera efficace contre la Covid-19 ou si à l’avenir, le virus deviendra saisonnier à l’instar du H1N1 qui est rentré dans le programme de vaccination antigrippale, relève le responsable gouvernemental.
Il s’agit d’une opération de grande envergure qui touchera tout le territoire national et qui nécessitera des moyens logistiques et humains très importants et une organisation sans faille, fait-il observer.
Sur un autre volet, M. Ait Taleb reconnaît "une petite souffrance" dans la gestion des maladies non Covid-19 en général, expliquant "qu’il y avait une urgence sanitaire mondiale et que sa gestion était prioritaire".
Cependant, le système de santé a réussi à dégager et identifier les structures dédiées à la Covid-19 qui fonctionnaient indépendamment des structures non-Covid, pour que les patients puissent continuer à avoir accès aux soins.
Abordant la généralisation de l’AMO, le ministre a souligné que la couverture médicale doit s’inscrire, aujourd’hui, dans une approche de solidarité entre les différentes catégories de la population, poursuivant que le processus de généralisation doit commencer à se déployer dès l’année 2021.
Le responsable gouvernemental n’a pas manqué de mettre en exergue la nécessité d’assurer la pérennité de ce dispositif de généralisation, notant que pour y parvenir, il est nécessaire "d’en finir avec le corporatisme et assurer une gestion de manière transversale et verticale afin de garantir la viabilité du système".