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Un probable signal radio venu d'une exoplanète, selon une étude
Vue d'artiste fournie par l'ESO, en juin 2012, illustrant l'exoplanète Tau Bootis b.
C'est un pas vers une meilleure connaissance des exoplanètes: des ondes radio, provenant d'une géante gazeuse située en dehors du système solaire, auraient été détectées pour la première fois, indiquant la présence d'un champ magnétique protecteur, selon une étude.
Le signal a été observé par le radiotélescope européen LOFAR, un réseau de 50.000 antennes réparties à travers l'Europe et qui opère à très basses fréquences, un domaine d'énergie encore peu exploité.
L'émission provient d'un système déjà connu, Tau Bootis, situé à 50 années-lumière, la "banlieue immédiate" de notre système solaire. Il contient une étoile double et une exoplanète géante gazeuse orbitant à proximité: un "Jupiter chaud", baptisé Tau Bootis-b.
On connaît déjà la masse et l'orbite de nombreuses exoplanètes, mais il n'y avait jusqu'ici aucun moyen de savoir si elles possèdent ou non un champ magnétique. On trouve ce bouclier, protégeant des radiations des vents stellaires, autour de la Terre et de "notre" Jupiter.
Or l'émission radio captée par LOFAR "est une signature très précise du champ magnétique+", explique à l'AFP Philippe Zarka, de l'Observatoire de Paris - PSL, l'un des auteurs principaux de l'étude parue cette semaine dans Astronomy & Astrophysics.
Ces ondes sont très difficiles à détecter, les champs magnétiques planétaires sont généralement faibles et leur source d'émission lointaine.
L'équipe internationale qui a mené les recherches a donc observé trois systèmes extrasolaires (Tau Bootis, 55 Cancri et Ups) contenant des géantes gazeuses qui, parce qu'elles sont proches de leur étoile, sont probablement de puissants émetteurs.
En prenant comme modèle le signal radio de notre Jupiter, atténué au maximum, l'analyse d'une centaine d'heures d'observation a plaidé en faveur de la signature attendue de Tau Bootis.
"Il y a 98% de chances pour que le signal soit fiable", commente Philippe Zarka, précisant qu'un léger doute persiste sur la possibilité que le signal émane non pas de la planète, mais de son étoile. "Pour être vraiment sûrs, il faudrait 99,9% de chances. Il va falloir poursuivre les observations, ce qui est à notre portée", ajoute l'astrophysicien.
Si l'émission est avérée, "ce serait une première qui validera la technique de détection radio, et donc un pas vers la caractérisation des exoplanètes", souligne le chercheur.
Près de 4.000 exoplanètes ont été détectées depuis la découverte de la première, 51 Pegasi b, il y a 25 ans.
L'existence d'une "bulle" magnétique autour d'elles est un ingrédient favorable à "l'habitabilité", c'est-à-dire propice au développement d'une forme de vie, ajoute Philippe Zarka. Mais il y a d'autres critères, comme la température, et en l'occurrence Tau Bootis b. serait trop chaude pour abriter de la vie.