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Camp de jeunesse interdit à Bouznika, pétition mondiale contre la torture : Amnesty International se mobilise pour dénoncer la politique liberticide du gouvernement Benkirane
Au si?ge de la section marocaine d?Amnesty International, au centre ville de Rabat, on est toujours sous le coup de la stupeur et de l?incompr?hension. Les responsables d?Amnesty-Maroc n?en reviennent pas?: le camp de jeunesse que l?ONG organise depuis 16 ans ? Bouznika a ?t? interdit via une d?p?che de l? agence Maghreb Arabe presse au motif que l?organisation n?aurait pas entrepris les d?marches n?cessaires. ??C?est tout ? fait faux, s?exclame Mohamed Sektaoui, le directeur g?n?ral de la section marocaine. Nous avons proc?d? ? toutes les d?marches pr?vues par la loi marocaine dans la pr?paration de cet ?v?nement, et plus particuli?rement l?article 3 du d?cret relatif aux rassemblements publics. un fax a ?t? envoy? au Ministre de la Jeunesse et des sports le 3 juillet 2014 informant les autorit?s du camp, de la nationalit? des 40 participants, et demandant l'autorisation de l'usage du complexe. Puis, le 28 ao?t 2014, un fax a ?t? envoy? aux autorit?s locales de Bouznika, en l?occurrence au Pacha de la ville, ?les notifiant du d?roulement du camp. Et nous pouvons le prouver puisque nous sommes en possession des r?c?piss?s confirmant l?envoi de ces documents. De plus cela fait 16 ans qu?Amnesty organise ? Bouznika ces camps destin?s aux jeunes. Au fil des ans, nous y avons invit? des personnalit?s politiques et des d?fenseurs des droits de l?homme comme Nabil Benabdallah, Driss Benzekri, Driss Yazami, Mohamed Sebbar, Ahmed Herrezni? qui sont venues ? la rencontre des jeunes.
Education des jeunes aux droits humains?? Non merci?!
Le 16?me camp de jeunesse d?Amnesty international devait tenir ses travaux d?s mardi 2 septembre au complexe Moulay Rachid de la jeunesse et de l?enfance ? Bouznika. Cette ann?e, 40 jeunes venus du Moyen Orient, du Maghreb et d?Europe s?y ?taient donn? rendez-vous pour d?battre ??des moyens d?enrayer la torture et les mauvais traitements?ainsi que des restrictions sur la libert? d?expression et la capacit? des d?fenseurs des droits humains ? entreprendre leurs activit?s pacifiques et l?gitimes??.
A leur arriv?e lundi 1er septembre au complexe Moulay Rachid, organisateurs et jeunes ont trouv? les portes du b?timent cadenass?es. Impossible de joindre les responsables du complexe. Les dirigeants de la section marocaine d?Amnesty multiplient les coups de fils. C?est ainsi que le pr?sident et le SG du CNDH, Driss Yazami et Mohamed Sebbar, sont alert?s. Il en est de m?me pour le d?l?gu? gouvernemental aux droits de l?Homme, Mahjoub ?El Hiba. A l?autre bout du fil, tous les interlocuteurs de Mohamed Sektaoui ont quasiment les m?mes mots?: ??nous ne sommes pas au courant. Nous allons voir ce que nous pouvons faire pour r?gler le probl?me??. Depuis ces ?changes t?l?phoniques, c?est le silence radio. L??quipe d?Amnesty Maroc n?aura plus de nouvelles de ces officiels. ??C?est une d?p?che MAP qui nous apprendra l?interdiction du camp de jeunesse. Nous n?avons pas re?u la moindre d?cision ?crite nous signifiant l?interdiction??, soupire le directeur g?n?ral de la section marocaine d?A.I. ??C?est en tout cas un indicateur n?gatif dans l??volution des droits humains au Maroc. Au lieu d?encourager l??ducation aux droits humains comme le fait ce camp que nous organisons, le Royaume interdit de telles manifestations. C?est tout simplement inqui?tant. Que feront les pouvoirs publics en cas d?organisation d??v?nements qu?ils jugeront politiquement incorrects????, s?interroge avec force cet activiste.
Que s?est-il pass??? Qu?est ce qui a motiv? une telle d?cision?? Et pourquoi interdire un ?v?nement dont la tenue est d?sormais un rendez-vous annuel depuis 1998?? Les raisons tiennent-elles ? la mobilisation contre la torture d?cr?t?e par Amnesty et pour laquelle l?activisme de la section marocaine est donn? en exemple??
Amnesty Maroc dans le collimateur
Une campagne globale d?Amnesty International concernant 5 pays, le Maroc, le Mexique, le Nigeria, les Philippines et l?Ouzb?kistan a ?t? lanc?e cette ann?e et s?ach?vera en 2016. C?est dans ce cadre que l?organisation s?est mobilis?e pour d?fendre Ali Aarrass, d?tenu ? la prison de Sal? apr?s avoir ?t? condamn? ? 12 ans de prison pour faits de terrorisme qu?il a toujours ni?s. Dans le cadre de sa mobilisation? mondiale en faveur d?Ali Aarrass dont les aveux auraient ?t? arrach?s sous la torture, Amnesty International s?appuie sur deux documents onusiens?: le rapport du Rapporteur sp?cial de l?ONU Juan Mendez et celui du Groupe de Travail de l?ONU sur la d?tention arbitraire. Une campagne mondiale de collecte de signatures a ?t? lanc?e. La p?tition appelant ? la lib?ration de Ali Arrass et ? la poursuite de ceux qui se seraient rendus coupables d?actes de torture ? son encontre a recueilli 100?000 signatures. Les sections am?ricaine, espagnole, britannique, belge en plus de celle marocaine ont fortement contribu? au succ?s de cette op?ration de soutien. Leurs repr?sentants seront d?ailleurs au Maroc ce 18 septembre pour remettre au ministre islamiste de la justice et des libert?s la p?tition mondiale concernant A. Aarrass.? Un sit- in devant le parlement sera organis? le m?me jour. ??Est-ce parce que cette action d?range que nous avons eu droit ? cette interdiction sous forme de repr?sailles?? Est-ce parce que nous nous mobilisons contre la torture qu?Amnesty Maroc est d?sormais dans le collimateur????, s?interroge Mohamed Sektaoui. Il y a quelques semaines, le ministre de l?int?rieur Mohamed Hassad s?en est violemment pris ? certaines associations qu?il a accus? d?ob?ir ? un agenda politique.
Chez les activistes d?Amnesty, l?inqui?tude atteint son comble.? Le gouvernement Benkirane multiplie les signaux n?gatifs en direction du respect des droits humains. Les acquis sont fortement menac?s. Et les reculs se suivent donnant ? voir le retour des vieux d?mons des ann?es de braise. ??Nous allons d?clencher un mouvement de mobilisation pour tirer la sonnette d?alarme face ? ces reculs et aux acquis qui se r?duisent en peau de chagrin.? Nous allons le faire aupr?s des Nations Unies, du conseil des droits de l?Homme, de diff?rentes ambassades pour que cesse cette politique anti libert? et droits de l?homme du gouvernement Benkirane??, annonce le patron de la section marocaine d?Amnesty.
En novembre prochain le Maroc accueille le congr?s mondial des d?fenseurs des droits humains. 5000 activistes y sont attendus. Reste ? savoir si l??v?nement ne sera pas son tour interdit par un gouvernement ? la politique r?solument liberticide.