Il y a dix siècles, l’infime évènement qui annonçait l’avènement de l’Ordre des Assassins

5437685854_d630fceaff_b-

1
Partager :
  Lynchage-homosexuel-Fes-30-6-15 Au 11?me si?cle, Omar Khayyam, grand savant est grand po?te, a d?missionn? devant le balafr? et ?Hassan Sabbah, ? le g?nial fondateur de l?ordre des Assassins??. La suite c?est Daech avant terme Les tristes ?v?nements qui ont mis en sc?ne deux jeunes femmes prises ? partie par la foultitude au souk d?Inzgane pour port de jupes ??ind?centes?? et le lynchage du travesti de F?s par la multitude, sont-ils r?ductibles ? rien?? C?est pourtant ce que d?aucuns, j?utilise cette vieillerie de la langue fran?aise pour ne pas les nommer, essayent de faire par commodit?, par opportunisme ou par ignorance. Isol?s de leur conjoncture g?n?rale, la tentation est forte de n?y voir qu?une contingence sans cons?quences sur le pr?sent et l?avenir du pays. Que l?on se rassure?! Je ne vais pas commettre un ?ni?me article sur des ?v?nements qui ont fini par attirer l?attention des autorit?s publiques sur leur gravit?. Si je reviens au sujet, c?est pour recommander la lecture ou la relecture de l?ouvrage onctueusement sismique d?Amine Malouf, Samarcande. Depuis sa publication en 1988 (Ed. Jean-Claude Latt?s), je l?ai comme livre de chevet que je revisite au moins une fois par an pour replonger dans les al?as de l?Histoire et ses signes pr?curseurs que l?on a souvent des difficult?s ? saisir ce qu?ils pr?sagent ? l?horizon, d?connect?s que l?on est sous la pression des jouissances et r?jouissances de l?instant. Omar Khayyam, avec Nizam Al Moulk et Hassan Sabbah, l?un des personnages centraux du roman, est en 1072 et a vingt-quatre ans. Sa renomm?e d?j? ?tablie, il arpente la cit? de Samarcande, fl?nant au gr? de ce qui harponne sa curiosit?. Il ?s?attarde ? m?cher fi?rement les amandes restantes en regardant s??loigner l?inconnue. Quand une clameur parvient jusqu?? lui, l?incite ? se h?ter. Bient?t il se retrouve au milieu d?une foule d?cha?n?e. Un vieillard aux longs membres squelettiques est d?j? ? terre, t?te nue, cheveux ?pars sur un cr?ne tann??; de rage, de frayeur, ses cris ne sont plus qu?un sanglot prolong?. Ses yeux supplient le nouveau venu. Autour du malheureux, une vingtaine d?individus, barbes brandies, gourdins vengeurs, et, ? distance, un cercle de spectateurs r?jouis. L?un d?eux, constatant la mine scandalis? de Khayyam, lui lance du ton le plus rassurant?: Ce n?est rien, ce n?est que Jaber-le-Long?!?? Omar sursaute, un frisson de honte lui traverse la gorge?: ??Jaber, le compagnon d?Abou Ali?!?? Abou Ali n?est autre qu?Ibn Sina et Jaber son disciple pr?f?r?. Quelques lignes plus loin, le meneur de la bande, un balafr?, lui lance?: ??cet homme est un m?cr?ant, un ivrogne, un filassouf?!?? Une cinquantaine de pages plus tard, Omar Khayyam rencontre dans un caravans?rail Hassan Sabbah, ? le g?nial fondateur de l?ordre des Assassins?? (Alhachachine), encore ? ses d?buts et ? la recherche de sa voie que va lui ouvrir ? son insu le grand savant po?te en l?introduisant aupr?s de Nizam Al Moulk, qui r?gne, au nom du jeune roi dont il est le tuteur, sur cette vaste et compliqu? r?gion du monde qu?est l?Orient. La suite est un d?sastre. Omar Khayyam retouve un Nizam Al Moulk inquiet de la mont?e des p?rils, sa volont? ?tant de le nommer Sahib Khabar, chef des renseignements, un m?tier peu fait pour lui. Poliment, il d?cline et pour s?en sortir pr?sente Hassan Sabbah ? son bienfaiteur. Avec un art consomm? dans la narration de l?intrigue et de son ?volution, Amine Maalouf raconte comment une vague de terrorisme va d?ferler sur le Grand Orient si cher ? Bush fils, avant qu?une chape de plomb vienne s?abattre sur toute la r?gion. L?histoire aurait-elle ?t? autre si l?intellectuel, appelons ainsi Omar Khayyam, n?avait pas fui ses responsabilit??? Un peu tard pour le savoir, mais m?ditez le quatri?me vers de ce quatrain, r?plique d?missionnaire du po?te au balafr? meneur de la bande des excit?s autour du brave Jaber-le-Le long?: Rien, ils ne savent rien, ne veulent rien savoir. Vois-tu ces ignorants, ils dominent le monde. Si tu n?es pas des leurs, ils t?appellent incroyant. N?glige-les Khayyam, suis ton propre chemin.

lire aussi