société
La paupérisation des classes moyennes
Les crit?res du Haut-Commissariat au Plan font d?bat. Le niveau de revenu retenu pour les classes moyennes est ridiculement bas. Mais au-del? des statistiques, il y a une r?alit? lancinante, celle de l??rosion continue du pouvoir d?achat de cette couche sociale. Parce que les services publics sont d?faillants, une partie des revenus des classes moyennes est destin?e ? compenser cette d?faillance. L??ducation des enfants, les soins et le transport engloutissent un budget important. Cela se fait au d?triment du r?le pr?sum? de cet agent ?conomique. En effet, les classes moyennes sont cens?es ?tre la locomotive de la consommation, selon toutes les th?ories ?conomiques. Ce n?est pas le cas au Maroc pour les raisons cit?es plus haut. Les politiques gouvernementales aggravent la situation. On assiste ? un v?ritable matraquage fiscal depuis deux ans qui touche ces couches en particulier. En plus, la compensation, la hausse de la TVA impactent fortement son pouvoir d?achat. Ce laminage est un fait ?conomiquement important parce qu?il handicape la consommation int?rieure qui est un moteur de la croissance. Mais c?est aussi, un fait politique. La classe moyenne est consid?r?e comme un pilier de la d?mocratie. Elle est g?n?ralement ? la fois porteuse de valeurs de progr?s, de solidarit?, d??mancipation et attach?e ? la stabilit?. Contrairement ? d?autres couches qui ont des int?r?ts divergeant les poussant au conservatisme ou ? la r?volte. Ce r?le social des classes moyennes est renforc? au Maroc par le fait culturel. C?est en son sein que l?on retrouve les gens les mieux ?duqu?s, les profils les plus modernes. En la paup?risant, on d?valorise ce mod?le de r?alisation personnelle par l??ducation. Pire, on enterre l?id?e d?un ascenseur social par le m?rite en dehors de toute rente ou h?ritage. La paup?risation des classes moyennes est une faute politique ? tous les niveaux. C?est un facteur de stabilit? que l?on fragilise. C?est un id?al de promotion sociale, par le travail, que l?on obstrue au profit d?une vision patrimoniale, qui fait des ravages au niveau du r?f?rentiel des valeurs. Le Maroc post-ind?pendance doit ?norm?ment ? ces couches de la classe moyenne qui ont eu une grande influence sur les plans politique, culturel et ?conomique. Le projet de modernisation de la soci?t? ne peut que s?appuyer sur cette classe sociale parce qu?il co?ncide avec ses int?r?ts et ses valeurs. En fragilisant les classes moyennes, les politiques actuelles vont ? l?encontre de tous les objectifs annonc?s. Ces politiques r?pondent ? des contraintes ponctuelles en cr?ant des d?s?quilibres structurels. Cela s?appelle t?tonner ? l?aveugle. Ce n?est pas le meilleur moyen de g?rer un pays qui a un grand projet national.