Conférence d'Anfa préfigure monde de l'après 1945 et le début de l’indépendance du Maroc

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Les troupes américaine du débarquement au Maroc en BD

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Casablanca - La Conférence d'Anfa (14/24 janvier 1943) a inscrit dans le marbre la ville de Casablanca sur la liste des étapes majeures ayant contribué, de manière significative et pour des décennies, à dessiner le visage du monde de l'après Seconde Guerre mondiale.

Le Matin - La Conférence d'Anfa de 1943, une étape décisive dans le  processus d'indépendance du Royaume
La conférence d’Anfa : Le Roi Mohammed V, le Président américain F. Roosevelt et le Premier ministre britannique W. Churchill. Debout derrière, on reconnait le Prince Moulay Hassan qui sera proclamé officiellement Prince héritier le 9 juillet 1957, jour de son 28ème anniversaire. Il accèdera au Trône le 3 mars 1961 et régnera sur le Maroc jusqu’à son décès le 23 juillet 1999.

Les dix jours que va durer cette Conférence, baptisée du nom de l'hôtel casablancais ayant abrité les réunions des futurs vainqueurs, seront décisifs tant pour l’issue du plus grand conflit armé des temps modernes que pour les aspirations du Maroc à recouvrer son indépendance.

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Les troupes américaines de l’Opération Torch à Casablanca où ils ont réduit les forces française partisanes de Pétain et du gouvernement de Vichy

En faisant le déplacement à Casablanca, les Alliés (États-Unis, Grande-Bretagne et France) avaient à l’esprit d’élaborer les différents scénarios pour une issue victorieuse de la guerre et de se préparer au nouvel ordre qui régira les rapports de force dans le monde.

Mohammed V, alors Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, qui s’était rangé dès le début du côté des Alliés contre le nazisme et le fascisme, va mettre à profit le capital sympathie dont jouissait le Royaume pour obtenir le soutien, notamment des États-Unis, à la décision de négocier avec les forces occidentales la libération du Royaume du joug du colonialisme.

En présence du président américain Franklin Roosevelt, du Premier ministre britannique Winston Churchill et des généraux français Henri Giraud et Charles de Gaulle, la Conférence d’Anfa va déboucher sur des décisions capitales pour la suite de la guerre, à leur tête la reddition sans condition des puissances de l’Axe, la poursuite de l’aide à l’Union soviétique, la reconquête de la Sicile, puis l’Italie, dès la fin des combats en Tunisie.

Au vu de l’extrême importance des résolutions prises à Casablanca, c’est le président Roosevelt qui s’est chargé, lui-même, de les annoncer au peuple américain dans un discours radiodiffusé. Car cette étape va indéniablement initier le processus de résolution de ce conflit planétaire, qui sera complété par d’autres rencontres au sommet dans d’autres endroits du monde, pour finir au partage de Yalta juste avant que le monde ne s’installe dans la guerre froide entre le bloc capitaliste et le bloc communiste.

Quelques semaines avant la Conférence d’Anfa, les Alliés avaient infligé "le premier revers stratégique majeur" à l’Allemagne nazie à la faveur du débarquement américain au Maroc, le 8 novembre 1942. Ce fut le début de la libération de l’Afrique du Nord de la tutelle du gouvernement de Pétain installé à Vichy en France.  

8 novembre 1942 - Débarquement en Afrique du Nord - Herodote.net
Débarquement des troupes américaines au Maroc où les troupes françaises alignées sur Pétain et Vichy ont tenté une résistance vaine.

L’opération Torch est le nom de code donné à l’opération des Alliés dans les territoires marocains, qui a marqué un tournant sur le front occidental de la guerre.

Le déploiement des troupes US à proximité de l'Europe a permis, par la suite, d’affaiblir l’armée nazie, déjà épuisée par la résistance farouche rencontrée sur le front soviétique.

Dans cette ambiance favorable, Mohammed V avait saisi l’opportunité de la présence des leaders des Alliés pour soumettre la revendication de l’indépendance du Maroc et la proposition d’adhésion du Royaume à la Charte atlantique, laquelle avait reçu le soutien du président américain, qui a qualifié de logique l’ambition du Maroc de reconquérir sa liberté.

Un an après cette Conférence, des militants du mouvement national, dont une femme, ont signé un Manifeste réclamant l’indépendance du Maroc, en concertation avec le Souverain.

Le document insistait en particulier sur l'intérêt accordé par le Roi Mohammed V au mouvement de réformes et à la mise en place d'un régime politique libéral basé sur la "Choura" et garantissant les droits et devoirs de toutes les composantes du peuple marocain.

La Conférence d'Anfa, qui a eu un impact politique certain sur l'avenir du Maroc et sur ses relations extérieures, contribua également à hâter la fin des années douloureuses de la Seconde Guerre mondiale.

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