chroniques
C’ÉTAIT MIEUX AVANT... Par Mustapha Sehimi
La nostalgie se vit, se gère au mieux ; elle reste compliquée et difficile à surmonter
Dans l'air du temps, aujourd'hui, la nostalgie a fait sa place. Une émotion souvent à faible bruit face à un temps qui est linéaire mais pas maîtrisable. L'on voudrait tant revenir en arrière, le faire revivre et même le projeter pour qu'il devienne du futur. Cette disposition d'esprit ne vaut pas seulement pour le temps; elle se retrouve également pour l'espace. D'une certaine manière, la nostalgie appréhende les lieux de l'enfance, l'école et l'université, le quartier, les amis, les groupes, etc. La nostalgie se soigne-t-elle ?
Pas vraiment : elle se vit, se gère au mieux ; elle reste compliquée et difficile à surmonter. Ce peut être le mal du pays ou du territoire soit du fait de la migration soit encore de celui de l'exode rural et du basculement vers le monde urbain. C'est vrai pour le Maroc avec ses 5,6 millions de MRE et ses moins de 40 % de population rurale alors que celle-ci était de l'ordre de quelque 80 % voici un demi- siècle.
Nostalgie! Hier, il y avait de l'espoir, beaucoup d'espoir: on croyait que ce serait mieux; que le progrès allait favoriser et conforter cette espérance ; et que la science, la culture, la liberté et la démocratie se conjugueraient à cette fin. L'avenir se présentait alors sous les meilleurs auspices : l'émancipation des peuples et leur mieux- être seraient ainsi au rendez-vous. Qu'en est-il au vrai ? La nostalgie d'un "hier" reconstruit aujourd'hui s'adosse à l'idée et à la croyance et qu'il faut peut-être s'atteler à un mieux demain. Mais comment donner crédit à un tel état d'esprit optimiste ? Le monde accuse le désordre et les confrontations; il est devenu un "village global" où la communication est instantanée; des institutions comme la famille ou l'école accusent bien des mises en cause et ne sont plus tellement des référents structurants avec des valeurs comme l'autorité. Si bien que personne ne peut plus prêcher désormais que ce sera mieux ... demain!
L'on note par ailleurs une sorte de prolifération de la nostalgie dans des mondes divers tels que la famille, le nationalisme, ou encore la nature et l'écologie pour ne parler que de ces périmètres. Et puis cette dernière interrogation: que dire de la nostalgie pour un passé que l'on n'a pas vécu personnellement, pour des lieux et des époques que l'on n'a pas connus? Une appropriation subjective inguérissable. Que faire ? Vivre avec...