Hay Al Andalous à Taroudant réinvente ''l’Houma'' et ressuscite le partage du quartier

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Un soir à “Hay al Andalous”, un des anciens quartiers de Taroudant

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Taroudant, au cœur de la vallée du Souss, entourée des montagnes du Haut Atlas, juste à 80 kms d’Agadir pourrait célébrer son histoire de première capitale, avant Marrakech, des saadiens qui l’ont fait renaitre de ses cendres après sa destruction par les mérinides. Mais dans le guet de la pandémie, ni trop près ni trop loin de la contamination, une partie de ses 90 mille habitants, à l’histoire, a préféré ressusciter l’esprit du quartier. L’ “houma”, un concept de plus en plus en déclin, a pu rejaillir à la faveur d'une initiative des habitants de “Hay al Andalous”, un des anciens quartiers de Taroudant. Des femmes et des hommes, de tous âges, ont fait renaître, dans ce quartier imprégné de mémoire collective, l’ “houma”, à la fois un sentiment d’appartenance au groupe géographiquement délimité dans un espace, le quartier, et une expression d’une solidarité agissante jusqu’à l’emprunt au voisin d’une épice, de quelques branches de menthe ou d’un ustensile.

Par l’entregent joyeusement contagieux de jeunes roudanis, activistes associatifs, “Hay Al Andalous” s’est métamorphosé en un chantier à ciel ouvert où tous les habitants participent à son embellissement fut-ce par une décoration à la limite du naïf et forment dans cet élan entrainant une chaine familiale de solidarité s’agitant dans une ambiance bon enfant.

L’émerveillement guette le passant à l’abord quartier, et se voit doucereusement envahi par les couleurs tendres des murs, les plantes vertes en pots mettant en relief une collection de fresques murales réalisées par un aréopage de jeunes artistes en herbe de la province.

Les terrains vagues se sont transformés en un espace sécurisé pour garer les voitures, et un éparpillement de poubelles, omniprésentes, rappelle à chacun sa part dans la propreté de la voie publique, tandis que les locaux vides de certaines maisons ont été mis à la disposition des habitants du quartier à toute fin utile.

L’un d’eux, grâce à la générosité d’un libraire roudani, est devenu une bibliothèque rassemblant une collection d’ouvrages pour enfants. Pour le bonheur des écologistes, les jeunes de l’ “houma” accrochent sur les murs, pour l’exemple, des œuvres à base d'objets recyclés.

Au coucher du soleil et jusqu’à tard dans la nuit, “Hay Al Andalous” devient un lieu de retrouvailles où les habitants, autour d’une table et d’verre de thé, discutent de tout et de rien, et surtout pas de l’essentiel, tandis que des pas plus hauts que trois pommes, de leur énergie débordante, envahissent les lieux qu’ils soumettent aux clameurs joyeuses de leurs jeux d’enfants. D’un regard attendri, les femmes du quartier, mères ou sœurs, surveillent d’un œil faussement distrait leurs débordements, tout en préparant potages et rafraichissements à la lumières des bougies accrochées en appliques aux murs des rues les enveloppant d’éclats fuyants au gré des brises. Comme pour dire que Covid ou pas Covid la vie continue.    

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