L’équilibre sanitaire de Rabat tributaire de celui de Salé

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L’équilibre sanitaire de Rabat tributaire de celui de Salé

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Par Dr Anwar CHERKAOUI 

Salé n’est pas seulement un beau panorama vu de la rive gauche. Elle n’est pas non plus sa belle et jolie marina ou, juste derrière, ses beaux et antiques remparts qui couvrent le vieux Salé. Salé c’est aussi cette ville dortoir qui souffre en silence, laissant aux manifestations d’insécurité, à ses embouteillages aux heures de pointe et à son tramway bondé d’exprimer ses maux. Salé c’est enfin l’équilibre sanitaire de Rabat même. C’est ce qu’explique le Dr Anwar Cherkaoui dans ce texte. 

Une étude récente sur l’offre de soins dans la ville de Salé, laisse présager une catastrophe sanitaire à Rabat, si jamais les structures et les ressources humaines dans le domaine de la santé ne s’améliorent pas dans la ville de Salé. Quelques éléments de solution dans un travail initié par l’association Sala Al MOUSTAKBAL

Ce risque, majeur, est d’autant plus important que les infrastructures sanitaires existantes aujourd’hui, ne sont pas à la hauteur de tous les projets gigantesques, présents et futurs. 

Certes, Rabat n’est séparé de Salé que par un fleuve, le Bouregreg. Sauf qu’à ce jet de pierre, la capitale administrative du Royaume, comptant une population de 700 000, dispose, avec Casablanca, du plus grand Parc d’établissements de soins du Royaume, tous les secteurs confondus. Dans ce périmètre, Salé est peuplée à elle seule par 1 200 000 âmes. Et une infrastructure sanitaire qui laisse à désirer. 

Rabat abrite les principaux hôpitaux publics spécialisés ainsi que les plus grandes cliniques. 

Dans le nouveau schéma régional de la santé, les hôpitaux de Rabat, pourront satisfaire aux besoins de santé de la capitale du Royaume et ses régions. Cela à condition que chaque région se charge de prendre en charge les soins de ses administrés. Et non, comme c’est le cas aujourd’hui, que es régions continuent de noyer les CHU de patients qui peuvent être pris en charge, dans les hôpitaux provinciaux et régionaux. 

On parle région, certes géographiquement. Mais, il faut avoir l’intelligence et la pertinence de parler région, également en fonction de la charge des besoins auxquels il faut répondre.  Et c’est le cas de la ville de Salé. Ville mal servie par tous les gouvernements successifs. 

Et si Salé reste à la marge de la capitale, c’est parce que l’on considère qu’elle a sa part dans le panier de Rabat. Or ce n’est nullement le cas. 

Cet oubli du développement structuré et réfléchi de Salé provient d’une omission. Celle de ne pas se rendre compte, ou en tout cas pas suffisamment, que tous les équilibres, sécuritaire, industriel, sanitaire et éducatif de la capitale du Royaume sont tributaires de la stabilité et du développement de la ville de Salé. 

C’est à cet état de fait, du moins en matière de Santé, qu’une étude récente, initiée par l’Association SALA AL MOUSTAKBAL, réalisée par un expert, Abdalilah Kamal, a proposé des solutions et des pistes pour l’amélioration de l’offre de soins pour la ville de Sale à même de soulager la capitale. 

Les pistes proposent des solutions innovantes pour résoudre la problématique des ressources humaines : réduire le déficit en personnel médical, infirmier et technique. Notamment, en faisant appel à des professionnels de la santé partis à la retraite, et qui sont encore dans la capacité de renforcer le système de santé publique régionale. 

L’autre grande solution, s’inscrit dans le cadre de la régionalisation avancée, et revendique la création d’une faculté de Médecine à Salé, dont les lauréats seront d’emblée destinés ^à servir le système public de santé de la ville de Salé. 

Sala Al Moustakbal et la société civile slaoui argumentent cette revendication par l’exemple de Laayoune. Si des raisons patriotiques et pratiques ont plaidé pour la création d’une faculté de Médecine dans le chef-lieu de Sakiat Al Hmara, une ville de 40 000 habitants, en annexe de la faculté de médecine d’Agadir, le même argumentaire vaut tout autant pour Salé dont la faculté à créer relèverait de la mère des facultés de médecine du Royaume, celle de Rabat. 

La sœur jumelle de Rabat, pas si jumelle que ça, qui a connu une extension modèle avec la construction de Sala Al Jadida, a ensuite été délaissée à un développement urbain anarchique sur son axe atlantique en direction de Kénitra, réduite à n’être que le dortoir de la capitale. Si bien qu’elle pose aujourd’hui des problèmes de toute sorte ; économiques, sécuritaires et bien sûr sanitaires. L’épidémie du Coronavirus a montré comment sa promiscuité urbaine peut être source de tracas et combien son seul hôpital Moulay Abdellah a été vite débordé, sachant que la ville compte deux autres hôpitaux spécialisés Laayachi et El Ghazi qui servent pour une bonne partie du Maroc, se fait soigner, au prix de les surcharger, dans les hopitaux de Rabat. 

 

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