société
Tanger, Tétouan, Fès, Salé, pires que les attentats du 16 MAI 2003
Top 5 ou queue du peloton de l’économie mondiale, tous les pays confrontés au confinement ont des problèmes avec leurs quartiers populaires. Mais ce qui s’est passé à l’abri de la nuit du samedi à Tanger, Tétouan, Fès et Salé dépasse l’entendement. Disons les choses clairement et je pèse mes mots : c’est pire que les attentats islamistes du 16 mai 2003.
En cette funeste année, 12 kamikazes avaient fait 33 morts pour un total de 45 tués. La saine réaction de la société, la réactivité des forces de sécurités et leur adaptation aux nouvelles menaces ont réduit le risque à sa simple expression : une menace réelle, mais sous contrôle.
Samedi dernier, alors que dans son ensemble le pays s’est soumis de bonne intelligence aux dispositions de l’état d’urgence sanitaire, des illuminés, conjuguant peurs ataviques et fatalisme ancestrale, ont voulu mettre à l’épreuve l’autorité de l’État et tenté le diable pour assouvir une ambition anachronique.
Des clusters infectés
Il est difficile en l’état actuel des choses d’évaluer les dégâts à retardement qu’ils ont causés, même s’il suffit de la présence fort probable parmi eux d’une ou deux dizaines de porteurs du coronavirus et leur appliquer le Ro de « un positif pour deux contaminés» retenu par l’OMS pour imaginer la progression exponentielle de l’infection dont ils seront à terme coupables.
Ce qui est d’ores et déjà acquis, c’est que fidèles à leur grille de lecture suicidaire de l’histoire, ils sont passés à l’acte, croyant le moment opportun pour mettre à terre un État, un système, un régime et in fine un pays qui ne correspond pas à la conception qu’ils ont de la vie en collectivité. En clusters comme on dit par ces temps de coronavirus, ils ont agi pour essaimer le mal dans tous ses sens.
La réplique ferme et citoyenne des Marocains qui ont une conscience aiguë du danger, a cerné leurs manigances et montré leur isolement. Ce qui ne dispense pas l’Autorité de sévir, dans le respect de l’État de droit, mais sans frémir.
Pour autant ça ne suffira pas. Ce à quoi le Maroc a affaire n’est pas seulement un ramassis d’incultes inconscients ou encore l’expression malheureuse de l’ignorance dans toute sa plénitude, pour autant que l’impéritie crasse puisse avoir une plénitude.
Mais à une action réfléchie et conçue comme une nuit de Cristal.
Depuis les débuts de la pandémie, alors que le Pouvoir prenait sans trembler mesure sur mesure pour enrayer la spirale de contamination, des éléments connus et moins connus de la mouvance islamistes prenaient son contrepied pour délégitimer ses décisions et anéantir ses efforts. De l’hurluberlu Abou Naïm au Morchid d’Al-adl wa al-ihsan, Mohamed Abbadi qui entrevoit dans le coronavirus un châtiment divin, de guérisseurs charlatans à d’anonymes slafistes sur les réseaux, estimant les défenses du Pouvoir affaiblies, croyant venu le moment décisif d’en finir, ils ont multiplié les prises de position pour enfin réaliser leurs noirs desseins.
Ils ne sont pas à leur premier essai. En 2006, le fondateur d’Al-adl wa al-Ihsan, Abdeslam Yassine, décédé depuis, se fondant sur une apparition nocturne, avait décrété la qawma (soulèvement), pour déstabiliser un pouvoir qu’il croyait, à l’avènement Mohammed VI, prêt à être cueilli comme un fruit mûr selon l’expression chère à ses disciples. Depuis toujours leur stratégie repose sur cette forme d’attentisme opportuniste, guettant une immunodépression de l’autorité qui leur permettrait seulement de se baisser pour ramasser le pouvoir.
Si en 2006 la Jamma de Yassine n’a fait que donner l’occasion au « jeune Roi » de lui montrer de quel bois il se chauffe, ce qui se passe actuellement n’en continue pas moins de s’inscrire dans la même logique et d’obéir aux mêmes règles qui ne reconnaissent aucune loi.