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Jazz au Chellah : les sons d'ici ont fusionné avec les sons d'ailleurs
Du 17 au 21 septembre, s?est tenue la 19?me ?dition du festival Jazz au Chellah. Toutes les fusions possibles entre la musique jazz et les rythmes maghr?bins se sont invit?es sur sc?ne, cr?ant une alchimie dans l?atmosph?re et r?pondant ? l?appel d?une ode ? la diversit?.
Comme presque chaque soir, les concerts ont affich? complet depuis la mi-journ?e, si ce n?est la veille des productions sur sc?ne que les places ont toutes ?t? vendues. Il fallait bien en profiter, les soir?es du 20 et du 21 septembre ?taient les deux derni?res du festival.
Un espace de rencontre musicale et artistique
Jamais on n?aurait entendu le m?me registre de jazz se r?p?ter deux fois, dans deux concerts diff?rents. Le directeur artistique du Jazz au Chellah pour l?Europe, Jean-Pierre Bissot, n?a pas choisi de rassembler des rythmes diff?rents par hasard?: ??c?est un festival qui est au mode de la diversit?, comme dans l?esprit du banquet o? vous avez toujours quelque chose de diff?rent pour vous surprendre. Il faut oser prendre de l?audace et imaginer que tous les styles peuvent avoir au moins un point en commun, qui puisse les rassembler dans l?harmonie mais dans la diversit?, encore une fois??. La palette de jazz que l?on a ?cout? au Chellah varie des sonorit?s les plus fid?les au jazz classique, pour aller jusqu?aux sons les plus ?lectroniques, sans oublier l?immersion au c?ur des musiques andalouses, gitanes et ghartani. Le directeur artistique du Jazz au Chellah pour le Maroc, Majid Bekkas, explique cette large diversit? par le fait que ??depuis sa cr?ation, le festival a contribu? ? faire connaitre le jazz europ?en et aider ? l??mergence du jazz au Maroc. C?est devenu un laboratoire de la recherche musicale marocaine.??
Rassembler des styles musicaux tout aussi diff?rents et fascinants, cela se fait aussi gr?ce aux rencontres que proposent les deux directeurs artistiques du Jazz au Chellah. A chaque concert de groupe de jazz europ?en, se rejoint un artiste ou un ensemble d?artistes maghr?bins. C??tait le cas chaque soir, notamment lors du concert d?Anu Junnonen Trio. Le trio de la chanteuse finlandaise ? ?t? rejoint par le violoniste, chanteur et compositeur marocain Amir Ali. Le pari est r?ussi?: un concert aux sonorit?s ?lectroniques a harmonieusement vir? vers l?improvisation aux rythmes d?Afrique du Nord et du Moyen-Orient?:???Mon exp?rience aux Etats-Unis m?a permis d?introduire du jazz et du blues dans mon travail sur la musique marocaine. Participer donc avec Anu Junnonen au Jazz au Chellah a amen? ? ce que l?on sorte un son unique ? travers le concert.?? Anu Jonninen a ?galement une grand affinit? pour la collecte et la recherche des sonorit?s particuli?res, dans la musique traditionnelle scandinave. Elle consacre beaucoup de son travail ? r?arranger ces sonorit?s-l? pour en sortir un nouveau?son : ??? la base, mon inspiration r?side dans cette libert? qu?a la musique jazz. Ce n?est pas ma premi?re venue au Maroc, mais c?est pour la premi?re fois que je m?y produits. J?ai rapidement gagn? confiance au d?but de mon concert et le public ?tait tr?s r?ceptif. J?ai appr?ci? ?galement ma collaboration avec Amir Ali, parce que j?estime que l?id?al, musicalement, est qu?il y ait des artistes qui introduisent de la musique traditionnelle dans leur registre, tout en y mettant un aspect de recherche.??
Du jazz accessible ? tous
Chaque ann?e, le Jazz au Chellah se d?place vers un public qui ne peut pas venir ? lui. En marge de la programmation des concerts, d?autres rencontres musicales sont propos?s. Dans ce cas pr?cis, ce n?est pas le public qui est appel? ? venir en masse pour appr?cier le moment, mais c?est aux musiciens d?aller vers les spectateurs et leur permette de cr?er une nouvelle atmosph?re. Dans ce cadre et pour chaque ?dition du festival, Majid Bekkas a propos? des concerts du Jazz au Chellah dans des prisons, des hopitaux, des associations? Cette ann?e, le rendez-vous a ?t? consacr? aux patients de l?h?pital psychiatrique Razi, ? Sal?. Il a ?t? pr?vu le vendredi 19 septembre ? l?h?pital. Le public ?tait constitu? des patients et du personnel m?dical. Il a pu ?couter en live l?album de Majid Bekkas sorti en 2013, intitul? Qantara. Il s?agit du dixi?me disque des musiques du monde de l?ann?e en Europe et un des vingt-cinq premiers aux Etats-Unis.
Cl?turer en apoth?ose
Lorsque le jazz rassemble un virtuose de la musique gitane, un luthiste et fin connaisseur de la musique maroco-andalouse, avec un grand chanteur de gharnati alg?rien, cela donne une soir?e de cl?ture o? le public a chant? en ch?ur avec les artistes. Dans la soir?e du 21 septembre, le quintet du guitariste Juan Carmona a ?t? rejoint par le luthiste marocain Nasser Houari et le chanteur alg?rien Rachid Toumi. Lors de cette cl?ture, l?omnipr?sence de Paco de Lucia a ?t? ressentie au rythme de la guitare, sans pour autant s??loigner du registre maroco-alg?rien, avec une reprise r?arrang?e de chansons telles que Chahlet La?yani, Lamouni, ou Ayli Hyani. Ce trio de rencontre a toujours ?t? habitu? ? la fine recherche musicale. Nasser Houari parle de cette collaboration?: ??On joue ensemble ais?ment comme si on se connaissait depuis toujours. Il nous a suffi d?une demi-journ?e pour trouver le rythme et la musicalit? du travail que nous produisons ce soir sur sc?ne, en cl?ture.?? Et Rachid Toumi d?ajouter?: ??le jazz permet une libert? rythmique alors que la musique arabe et andalouse permettent une libert? m?lodique. C?est cette libert? qui est notre jazz ? nous et notre mani?re de cr?er une certaine musicoth?rapie.?? Dans cette collaboration, Juan Carmona n?est non plus ? sa premi?re participation en qu?te de d?couverte de sons diff?rents qui restent proches ? lui?:???On parle la m?me langue, c?est la musique. Emotionnellement, la musique arabe, marocaine, alg?rienne, andalouse, n?est pas pour moi une musique ?trang?re. D?ailleurs, toute cette r?gion a ?t? un seul pays, dans une autre ?poque.??
Chaque soir, le festival accueille 1?200 ? 1?400 spectateurs par concert. Pour la plupart, ils ont moins de la quarantaine et sont avides de d?couvrir les artistes sur sc?ne. Les directeurs artistiques du festival en sont fiers, car il s?agit d?une v?ritable exception pour un festival de jazz. Majid Bekkas s?explique?: ??Dans les festivals de jazz les plus connus, le public de ce style musical a quarante ans et plus. Les spectateurs sont autour de 800 ? 850 par concert. C?est toute une r?gle que change le Jazz au Chellah.?? Jean-Pierre Bissot le confirme ?galement?: ??c?est un festival de jazz qui a d?montr? par cela que le jazz, ce n?est pas que de la musique ? papa. A chaque ?dition, je suis content de voir que les jeunes sont curieux et ravis de d?couvrir le travail des artistes. Je crois aussi que c?est gr?ce ? l??norme travail de communication qui est fait pour l??v?nement, mais ?galement gr?ce ? son accessibilit?, vu le prix r?duit des places, par rapport ? un festival de jazz.??