A Alger, les habitants de Bab el Oued peu enclin à voter au référendum constitutionnel*

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Des retraités algériens jouent aux échecs à Bab el Oued à Alger, le 22 octobre 2020.

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A la veille du référendum sur une révision de la Constitution censée satisfaire leurs revendications, les habitants de Bab el Oued, quartier populaire algérois et bastion du mouvement de protestation "Hirak", sont partagés.

"Il n'y a plus d'horizon, ni d'espoir. La rue a chassé (l'ex-président) Abdelaziz Bouteflika du pouvoir mais certains veulent surfer sur la vague du « Hirak » pour maintenir le statu quo", lâche Rachid Berkani, retraité d'une entreprise de transports publics qui n'ira pas voter dimanche. 

Soulèvement populaire inédit, pacifique et sans véritable leadership, le "Hirak" réclame depuis février 2019 un profond changement du "système" en place depuis l'indépendance en 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a poussé en avril 2019 à la démission M. Bouteflika après 20 ans de règne.

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Des retraités algériens jouent aux dominos à Bab el Oued à Alger, le 22 octobre 2020. Une image qui se répète à volonté.

Les Algériens sont appelés à se prononcer le 1er novembre sur une nouvelle Constitution supposée fonder une "Algérie nouvelle" et répondre aux aspirations des "hirakistes".

Mais pour M. Berkani, "les revendications du « Hirak » ont été détournées et de nombreux Algériens sortis dans la rue ont été jetés en prison".

Le prix de la sardine 

Assis sur un banc dans un jardin à l'ombre d'un palmier, Saïd joue aux dominos avec des amis et fait savoir d'emblée qu'il a déjà fait son choix. 

"Le prix du kilo de sardine frôle les 800 dinars (près de 4 euros) et ils voudraient qu'on aille voter ?!", s'emporte-t-il. 

Longtemps considéré comme le plat du pauvre, la sardine est devenue une denrée de luxe inaccessible aux petites bourses.

Saïd ne décolère pas: "Le pays est dans un état lamentable et on ose nous parler « d'Algérie nouvelle ». Mon fils de 32 ans vit toujours sous le même toit que moi dans un deux pièces exigu". 

Ce logement ne lui a été octroyé par l'Etat qu'après des inondations meurtrières (800 morts) qui avaient ravagé le quartier le 10 novembre 2001.

Arborant une écharpe aux couleurs du MC Alger, club dont la majorité des supporters vient de Bab el Oued, Ali parie sur la défection des électeurs.

"Peu de gens iront voter car ce scrutin n'apporte rien de neuf", pronostique-t-il.

Voulue par le président Abdemadjid Tebboune, la réforme constitutionnelle met en avant une série de droits et libertés tout en sauvegardant l'essentiel du régime présidentialiste.

"C'est ça l'Algérie nouvelle ?", demande amèrement Merzak à la vue d'une femme allongée sur un banc et recouverte d'une bâche en plastique. 

"Elle a 38 ans et est originaire de Sidi Bel Abbès (nord-ouest). Elle vit seule dans ce jardin depuis quatre mois", précise le quinquagénaire.

Tourner la page Bouteflika 

En revanche, Smaïl Boudara, 65 ans, n'a aucun état d'âme. Il déposera dans l'urne le bulletin blanc du "oui".

"Les choses ont beaucoup changé depuis l'élection de Tebboune (en décembre 2019). Il a promis de récupérer l'argent volé (sous l'ère Bouteflika) et il a rouvert au public le Club des Pins", plaide ce régisseur d'une agence de production audiovisuelle. 

Cette célèbre station balnéaire, près d'Alger, réservée pendant des décennies à la nomenklatura, est accessible à la population depuis le mois d'août. Un geste perçu comme une volonté de M. Tebboune de rompre avec les pratiques en vigueur sous Abdelaziz Bouteflika et ses prédécesseurs.

"Cette Constitution va changer beaucoup de choses. Déjà, depuis près d'un an, ça commence à bouger avec tous ces ministres qui sillonnent le pays pour tenter d'améliorer les conditions de vie des Algériens", explique-t-il.

Mais il est vite interrompu par un groupe d'hommes qui l'interpellent en chœur : "Tu as oublié le ministre de la Jeunesse et des Sports qui nous a demandé de quitter le pays ?". 

Ce ministre, Sid Ali Khaldi, a invité récemment les Algériens hostiles à la révision constitutionnelle à "changer de pays", déclenchant une levée de boucliers.

M. Khaldi, qui s'exprimait lors d'un meeting de partisans de la nouvelle Constitution, a dû présenter des excuses.

"Ce ministre aurait dû être limogé immédiatement après avoir tenu ces propos arrogants", admet M. Boudagha.

"Glisser un bulletin dans l'urne dimanche est un devoir", estime un autre défenseur du "oui", Ahmed, 72 ans : "Cette Constitution va aider le pays à tourner la page des 20 ans de règne catastrophique de Bouteflika".

*Le titre est de Quid

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