Au Brésil, près de 90 % des victimes d’interventions policières sont noires

5437685854_d630fceaff_b-

Sur 4.025 décès attribués à des interventions policières, 3.169 cas incluent des données raciales, révélant que 87,8 % des victimes étaient noires

1
Partager :

Brasilia - Près de 90 % des personnes tuées lors d’interventions policières au Brésil en 2023 étaient noires, selon une étude publiée jeudi par le Réseau d’observatoires de la sécurité.

Sur 4.025 décès attribués à des interventions policières, 3.169 cas incluent des données raciales, révélant que 87,8 % des victimes étaient noires, un constat particulièrement frappant dans des États comme Bahia (94,6 %) et Pernambuco (95,7 %), où les taux atteignent des niveaux alarmants.

Silvia Ramos, sociologue et coordinatrice du Réseau, a qualifié ces chiffres de "scandaleux", soulignant que le racisme structurel affecte l’ensemble des secteurs au Brésil, mais se manifeste de manière particulièrement violente dans le domaine de la sécurité publique.

Selon elle, les jeunes noirs des favelas sont ciblés de manière disproportionnée par la police, devenant des "cibles" légitimes aux yeux des forces de l’ordre.

L’étude révèle également des disparités d’âge parmi les victimes : les jeunes de 18 à 29 ans constituent la majorité des victimes, en particulier dans l’État de Ceará, où ce groupe représente 69,4 % des tués.

Certaines régions ont enregistré une baisse de la létalité policière, comme l’Amazonas, le Maranhão et Rio de Janeiro. Toutefois, d’autres, telles que Bahia et Pernambuco, ont vu les taux augmenter. A Bahia, par exemple, la police a tué en moyenne trois personnes noires par jour, avec une hausse de 16,1 % des décès en 2023. À Sao Paulo, l’augmentation des décès par intervention policière s’élève à 21,7 %.

Cependant, la collecte de données sur l’origine raciale des victimes reste incomplète dans de nombreux États. En 2023, pour 856 victimes, aucune information sur la race n’a été enregistrée, ce qui limite l’analyse complète du phénomène.

En réponse à cette étude, certains États mettent en avant des réformes et des technologies pour limiter les violences policières, tout en insistant sur la légitimité des interventions.

Le Secrétariat de la Sécurité publique de Sao Paulo, par exemple, affirme que les décès sont le résultat de réactions de suspects face aux actions de la police et assure que tous les cas sont scrupuleusement enquêtés. Le Secrétariat rapporte également avoir investi dans la formation des policiers et l’acquisition d’équipements moins offensifs.

Le Secrétariat de la Sécurité publique de Rio de Janeiro, quant à lui, se base sur les statistiques de l’Institut de la sécurité publique et mentionne une baisse de 15 % de la létalité violente, comprenant les homicides et les décès par intervention policière.

lire aussi