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Au Moussem culturel d’Assilah, la culture en tant que vecteur de développement économique et social
La culture n’est pas seulement un moteur de progrès, mais aussi un moyen efficace pour prévenir les dérives, comme les idées extrémistes. Le secteur culturel est aussi une source d’emplois et de revenus, de par les nombreux métiers qui gravitent autour
Assilah - Des chercheurs dans le domaine culturel ont mis en avant, lundi à Assilah, la capacité de la culture à devenir un levier de développement économique et social au Maroc.
Lors d’un colloque organisé dans le cadre de la 45è édition du Moussem culturel international d’Assilah, en partenariat avec le Policy Center for the New South, sous le thème de "Inclusion culturelle et réduction des inégalités dans l’utilisation des ressources culturelles", les interventions se sont notamment axées sur la contribution des politiques publiques au développement des infrastructures culturelles, et les moyens d’améliorer l’accès à la culture pour les citoyens, ainsi que le lien entre l’industrie culturelle et le patrimoine culturel et l’économie et le développement.
Intervenant à cette occasion, Youssra Abdelmoumen, médiatrice culturelle, a souligné l’importance de la culture en tant que pilier essentiel pour un développement inclusif, précisant que la culture n’est pas seulement un moteur de progrès, mais aussi un moyen efficace pour prévenir les dérives, comme les idées extrémistes, en renforçant une identité culturelle solide.
Le secteur culturel peut également être une source d’emplois et de revenus, de par les nombreux métiers qui gravitent autour de la culture, a-t-elle estimé, ajoutant que celle-ci contribue également au rayonnement des villes, notamment à travers des événements annuels, comme en témoigne la ville d’Assilah, qui a su se forger une identité artistique durable, ancrée dans l’histoire et la réalité locale.
Mme Abdelmoumen a, par ailleurs, relevé que la culture demeure centralisée et concentrée dans les grandes zones urbaines, malgré diverses initiatives visant à combler ce manque, appelant à accorder une plus grande place à la culture en impliquant davantage la jeunesse, capable d’apporter de nouveaux éléments culturels en phase avec l’époque.
Elle a également insisté sur le besoin de développer la recherche, en particulier dans le domaine de la collecte et de l’analyse des données, en vue de faciliter la mise en place et la réalisation d’études d’impact de la culture au Maroc.
De son côté, Najib Bounahai, professeur à l’Université Mohammed VI Polytechnique, a relevé que la culture, contrairement à l’idée reçue, couvre plusieurs secteurs et activités, dont la société, la diplomatie, l’architecture, mais également la manière de vivre et d’être, notant que même si la culture n’est pas quantifiable, elle a effectivement un impact non négligeable sur le développement du pays en général et de la région en particulier.
M. Bounahai a noté que l’effort pour le développement des offres culturelles dans le Royaume ne s’articule pas de manière efficace avec la demande de la culture, appelant à un diagnostic plus profond du besoin en culture par régions et zones géographiques.
Il est possible, a-t-il enchainé, de régler ce déphasage entre l’offre et la demande de culture, à travers la création d’un consortium réunissant des chercheurs dans le domaine, afin de collecter les données et mesurer de manière statistique l’impact de l’offre culturel, à l’instar des autres secteurs gouvernementaux comme la santé ou l’éducation.
Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, cette édition du Moussem est marquée par l’organisation de plusieurs colloques scientifiques traitant de plusieurs sujets d’actualité.
Cet événement est ponctué également par un hommage qui sera rendu à l’écrivain, romancier et poète marocain Mohamed Achaâri, ancien ministre de la Culture (30 octobre), dans le cadre de l’espace de la "Tente de créativité", avec des témoignages qui seront présentés par plus de 20 universitaires, académiciens et hommes de lettres marocains et arabes.